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Writer's pictureSylvain Lupari

INDRA: Archives-Diamond One (2016) (FR)

“Magique, comme toujours dans l'univers d'Indra, la musique commence fort ici dans le quatrième chapitre de la série Archives”

1 Bellatrix 9:26 2 The Djinn 15:52 3 Jubilee 12:32 4 She's Good 12:03 5 Zian 16:38 6 Alice in Wonderland 11:29 Indra Music

(CD/DDL 78:02) (V.F.) (Berlin & Roumanian School)

Indra est à son meilleur lorsqu'il nous balance un album d'une demi-douzaine de titres qui flirtent avec une moyenne de 12 minutes chaque. Pas trop longues, ni trop courtes, les pièces de musique ont amplement le temps de se développer sans que l'on s’ennuie de leurs commencements. Et c'est encore plus vrai lorsque l'artiste, comme ici avec Indra, privilégie des structures minimalistes dont les évolutions passent par un ajout considérable d'ornements soniques.

Après une très brève introduction d'usage, Bellatrix sautille entre nos oreilles avec un mouvement vif du séquenceur qui donne du lousse à ses ions sautant comme des castagnettes électroniques. Agile et fluide, le lumineux mouvement de rythme sphéroïdale de Bellatrix marivaude et scintille jusqu'à s’accrocher à une forte ligne de basse pulsatoire qui résonne lourdement et accélère la course du sang dans nos veines. Indra orne son 1ier mouvement minimaliste de nappes de voix séraphiques et avec une autre ligne de rythme qui oscille avec une odeur de chants de rossignol dans le rythme. Les échos qui se répercutent dans l'enchevêtrement des séquences donnent une toile percussive des plus agréables alors que la rythmique principale accélère la cadence avec l'ajout d'éléments de percussions claniques et d'autres percussions qui déboulent constamment d'une stratosphère de sons riche en éléments percussifs. Le synthé ajoute des couleurs et des nuances, tandis que le séquenceur articule une autre ligne gorgée de tonalités mélodieuses. Bellatrix débute fort ce premier volet de la nouvelle série Diamond du synthésiste Roumain. Livrée en tout début de 2016, cette série jette une oreille sur la période de 2009-2012, soit au cœur de sa période Tantric Celebration. Sauf que la musique ici est un peu plus loin de l'aspect spirituel et méditatif de cette autre collection d'Indra en proposant un très beau mélange entre la Roumanian et la Berlin School. Et si on aime les percussions et les innombrables possibilités des boîtes à rythmes électronique, ce DIAMOND ONE est une véritable mine de pépites percussives… The Djinn débute avec cette large bande de vents creux qui sont aussi menaçants qu'intrigants et qui caractérisent les usuelles introductions en MÉ. Des notes isolées tintent dans ce ciel abscons, invitant la course des étoiles à s'y amarrer et à émietter ses poussières qui sont happés par de forts vents lunaires. Une lointaine complainte se traduit par les cordes d'un violoncelle affligée par cette douleur que la rouille instaure à un système qui fut longtemps sans vie. Les complaintes se réchauffent pour nous larguer de superbes harmonies Orientales, nous donnant une délicieuse chair de poule mise à mal par des percussions lourdes et terriblement efficaces.

À chaque fois c'est la même chose! Je me demande pourquoi j'ai pris tant de temps avant d'écouter, de réécouter du Indra. Pourtant, je ne cesse d'être étonné par la qualité de ses restes musicaux. La collection Archives renferme des CD de grandes qualités qui justifient la nécessité de cet impressionnant coffret de 25 CD. Et le moins que je puisse écrire est que DIAMOND ONE démarre les choses en grand avec notamment 4 titres qui vont vous amener aux nues de la MÉ. Poursuivons avec le lascif, lent et orgueilleux vouloir de subjugation de nos sens avec ce divin slow cosmique qu'est The Djinn. Structurant à merveille ses 15 minutes, c'est un splendide mouvement de dépendance musicale qui se termine un peu dans un chaos ambiant assez acceptable, tout comme Bellatrix. Nous nous sommes un peu assoupis? Pas vraiment grave car Jubilee va virer vos meubles à l'envers! Son rythme est lourd car martelé par des percussions puissantes. Vif aussi, car mordiller par de bonnes séquences. Mais le charme réside dans les synthés. Entre des nappes anesthésiantes et des accords qui se perdent dans une illusion d'harmonies, ils jettent des solos et des mélodies qui nous font rêver à Klaus Schulze. D'ailleurs avec un titre comme tel, on ne pouvait espérer autre chose. Très bon! À date, les 3 premiers titres sont superbement bons. She's Good nous amène à un autre niveau. Une voix de sirène intergalactique (genre Ulysse) saupoudre des chants suaves sur un mouvement vif et circulaire du séquenceur. Ça me fait penser au genre ERA ou encore du Enigma avec cette structure qui tourbillonne par saccades continuelles avec de gros effets de percussions et des chants séraphiques. Ces saccades se bousculent pour un bon 4 à 5 minutes avant que She's Good embrasse une phase ambiante qui invite à une méditation astrale. Nous sommes dans l'ambiant méditatif ici jusqu'à ce que le rythme reprenne sa vigueur quelque 5 minutes plus tard. L'évolution de Zian me fait penser à du Steve Roach. Les nappes sont très reposantes alors que le délicat rythme, tricoté autour d'effets de percussions manuelles et claniques, tambourine avec plus d'insistance. Ça devient très intense. Et les arpèges qui scintillent comme des étoiles ajoutent un étrange paradoxe à une structure qui devient de plus en plus menaçante pour ceux qui ont opté pour un diaporama musical de relaxation. Indra déploie ici sa magie des sons et des effets en agrémentant la structure de Zian avec une adresse qui rivalise très bien avec l'intensité croissante dans l'évolution de son rythme toujours plus cérébral que physique. Entre les turbulences des vents cosmiques et la quiétude des nappes qui flottent comme de tendres violons numériques dans le cosmos électronique, Alice in Wonderland termine un autre très bel album de cette collection où les charmes et les envoûtements sont aussi dominant que cette douce envie de se laisser dominer par une MÉ contemporaine certes, mais construite avec cette esprit des belles années vintage. Incroyable lorsque l'on pense que c'était des restants…

Sylvain Lupari (21/12/17) *****

Disponible au Indra Bandcamp

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