“Iotronica est un nouveau-venu qui aime faire revivre les grands moments oubliés de la MÉ cosmique orchestrale”
1 Destination Io 6:38
2 Watching Lava Plumes on Io 9:43
3 As We Leave Europa 9:28
4 Dreaming of Oceans on Ganymede 7:03
5 Secrets of Callisto 9:48
6 Drifting Towards Antares 6:55
7 Shadow of the Eclipse 8:22
8 Supermoon 7:32
(CD 65:29)
(Ambient poetic symphonic EM)
La recette a beau daté des premiers balbutiements des synthétiseurs, Switched-On Bach de Walter Carlos ou encore Snowflakes are Dancing de Tomita, la MÉ orchestrale a toujours l'art de séduire. Certes le modèle a été élimé et devenu vieillot au fil des ans. Reste que ces airs de violons et violoncelles astraux qui flottent dans un cosmos cerné de déchirantes ambiances cinématographiques ont toujours eu la cote…lorsque bien fait. Les américains se sont emparés du modèle dans les années 80, avec comme chefs de file des artistes qui y ont laissé vraiment leurs empreintes (Kevin Braheny, Constance Demby et Michael Stearns), alors qu'au niveau mondial des artistes tels que Vangelis et Hans Zimmer réinventaient le genre avec une vision nettement plus lyrique et cinématographique. Et si j'osais, je dirais qu'Iotronica est l'enfant de ces grands noms. Amanda Byrne est l'âme derrière ce personnage, ou ce nom, à la portée très intersidérale. Influencée par des artistes aux styles aussi variés que Kraftwerk, Can, Wendy Carlos, Jean-Michel Jarre et même Kate Bush, la synthésiste de Cornwall, petit village côtier d'Angleterre, offre un premier ouvrage qui s'inspire d'une des lunes de Jupiter; Io. OF MOONS AND STARS démontre le style hybride d'Iotronica avec une amorce d'un genre space techno. Destination Io et Watching Lava Plumes on Io présentent deux figures de rythme statique où des lignes de séquences oscillent, ondulent et font papillonner leurs ions dans de denses nappes orchestrales. En fait, les rythmes suivent bien plus la courbe des vents violonés que des séquences plus ou moins stationnaires. Bien que tempétueux, les mouvements sont lents et décrivent de grands cercles grenouillant. La meilleure analogie serait d'imaginer des chilopodes, avec des sabots de bois mous, tenter des sprints dans une mare de gélatine. Ce sont plutôt les ambiances qui emmitouflent ces rythmes qui en font les charmes. On flotte aisément dans les souvenirs de Software, période Electronic-Universe, avec ces violons et violoncelles qui tracent des voiles de mélancolies, habilement nuancées par des chœurs qui ne prennent pas trop de place et trop brièvement caressés par de discrets solos de synthé. Les fans de Software et de Peter Mergener vont adorer. Ces deux premiers titres seront les plus animés de cet album. As We Leave Europa offre une structure un brin dramatique avec des éléments sonores de science-fiction qui s'égarent dans les valses des instruments à cordes. Les arrangements sont très beaux et forgent des éléments de suspense avec un suave mouvement en staccato et des chœurs gréco-romains. Ça sent un bon parfum de Vangelis. Dreaming of Oceans on Ganymede et Secrets of Callisto sont nettement plus cinématographiques avec des chœurs qui se greffent aux lamentations des instruments cordes synthétisés. C'est poignant et j'entends ces denses nappes philarmoni-cosmiques de Tomita. Et on continue de dériver dans des nappes ésotériques avec Drifting Towards Antares. Sa timide mélodie est émiettée par un piano tellement avare de ses notes qu'on la perd dans des bancs de voix astrales. Sauf qu'elle est trop belle pour disparaître totalement. Ses airs reviennent se fondre dans un décor séraphique embué d'ondes aux bruines saoulées de voix pensives. C'est très beau. Méditatif, mais très beau! On a la larme à l'âme? C'est rien! On n'a pas entendu encore entendu le titanesque Shadow of the Eclipse et ses murmures qui se perdent dans d'intenses, mais intenses j'insiste, orchestrations. Honnêtement? Je ne me souviens pas d'avoir entendu un titre aussi puissamment orchestral en MÉ. C'est ambiant, mais c'est fort! Et Supermoon ne calme pas le jeu! Plus cinématographique, on dirait du Hans Zimmer sur une musique de film de science-fiction aux odeurs arabes, ce dernier titre de OF MOONS AND STARS conclut un album qui va faire rêver plus d'un.
Sylvain Lupari (18/09/14) ***½**
Disponible chez AD Music
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