“Cloud Forms est un album très ambiant où les paysages cosmiques semblent voler l'essence des nuages et la légitimité de leurs formes”
1 A Moment of Calm in a Chaotic Sky 6:15
2 Honeycomb Ripples 6:11
3 Across the Horizon 8:26
4 Crystals of Ice 7:52
5 Cirrus Memory 5:58
6 Cloud Forms Part 1 7:33
7 Cloud Forms Part 2 7:31
8 Noctilucent 6:46
9 Convergence Lines 7:58
(DDL 64:36)
(Dark Ambient)
Le ciel de Isostatic est très sombre sur cet album et la course de ses nuages est trop près du Cosmos pour y croire. Donc les nuages doivent avoir cet aspect laiteux grisâtre des ciels de tempêtes. Parce que c'est comme ça que A Moment of Calm in a Chaotic Sky vient caresser ces deux cortex qui nous font vibrer aux sons des harmonies. Nous sommes donc à l'intérieur de ces gros nuages à entendre imploser ces boudins torsadés qui se tortillent en crachant des fils de réverbérations corrosives. Ces nuages sont hauts car ils flirtent avec la frontière du cosmos dans un décor compacte qui camoufle avec peine les scintillements des étoiles, comme le chant sifflant des étoiles filantes. Tout est en suspension dans l'univers de CLOUD FORMS, d'où sans doute ce lien avec le titre de la pièce d'ouverture. Et au travers ces brises intersidérales, on entend danser ces arpèges aussi miroitant que le visage d'une étoile. Ils défilent comme pour parader devant des oreilles avides de ces sons harmonieux qui prennent les formes de notre imagination. Les formes de nuages! On peut y voir bien des choses avec une bonne dose d'imagination lorsque ces nuages sont varlopés par les vents ou lorsqu'ils se baignent dans une chaleur chronique. Les formes de nuages! C'est aussi le titre de ce second album de Isostatic, qui m'avait laissé une bonne impression avec Woodland Structure, paru il y a tout juste 6 mois. Sean Costello continue de me laisser perplexe avec un titre d'album qui me semble déconnecter de sa musique, de ses ambiances. Et pourtant, combien de fois j'ai vu les nuages prendre des formes abracadabrantes. CLOUD FORMS est un album ambiant, très ambiant même où les paysages cosmiques, de même que les effets sonores, semblent voler l'essence des nuages et la légitimité de leurs formes. Il y a beaucoup d'ombres réverbérantes qui avancent avec cette vision que nous avons des grosses flottes spatiales progressant lentement dans un cosmos rempli de wooshh et de wiishh. Les arrangements orchestraux fondent dans les multiples ligne et ondes de synthé qui s'agglutinent ou se dispersent dans une lourdeur apathique, témoignant du caractère très Dark Ambient de ce second album du musicien Anglais sur le label Américain Exosphere. Une division de Synphaera.
Honeycomb Ripples est plus animé avec des séquences qui courent après leurs ombres. Ce rythme harmonique perd de son moirure, laissant seulement une lointaine écho agir à sa place dans un maelstrom sonore en suspension, où il reviendra dans le dernier tiers du titre. Le décor est cosmique avec des bruits insolites, comme ce peigne en métal géant où on caresse les dents vivement. Cette figure à trois phases revient régulièrement saupoudrée un peu de vie dans les moments les plus inattendus de cet album. Avec ses deux teintes sonores qui se confrontent, Across the Horizon nous arrive avec sa masse sonore compacte qui avance comme un gros nuage grondant. Des lignes boudinées émergent de cette masse en crachant un fil de réverbérations qui se tortillent comme des gros boas radioactifs. Des riffs de clavier émergent et additionnent leurs élans en une cascade musicale sortie du néant pour y replonger alors que Across the Horizon continue de végéter comme une sombre menace. Une phase qui se répétera dans le dernier sprint du titre. Si vous aimez un Dark Ambient qui respire par des branchies industrielles, Crystals of Ice saura vous charmer avec ses implosions qui font ramper le vaisseau sonore dans un cosmos étoilé. Une vision mélodieuse surgit dans ses dernières minutes, irradiant une phase lumineuse dont la seule présence respire la beauté. Noctilucent boit de la même eau musicale! Cirrus Memory couche une phase d'ambiance méditative, même si le son est noir et que les vibrations des bourdonnements sonnent comme d'étranges clochettes méphistophéliques. Comme une tache étendant sa conquête sur une forme immaculée, la musique étend sa possession avec une vision pastorale satanique où même une ondée peut surgir des ténèbres. Tout simplement magnifique, Cloud Forms Part 1 propose un mouvement ascendant dont la luminosité fait tout un contraste harmonique. La musique bouge par ses secrètes impulsions, alors que Cloud Forms Part 2 flirte avec les univers de Chronos et de M'Ocean de Michael Stearns. Convergence Lines est lourd et lent. Comme toute la musique de CLOUD FORMS, il se déplace comme un gros vaisseau cosmique navigant sur les oblongues oscillations des courants cosmiques. On se laisse bercer par ce mouvement aux racines océaniques qui fend le mystère du ciel pour s'enlacer avec ces fascinantes ondes nimbées d'une réverbération plus musicale ici. De l'eau! Il en pleut sur cette finale où encore je n'ai toujours pas saisi ce lien entre le titre de l'album et ses ambiances.
Sylvain Lupari (08/06/20) *****
Disponible chez Exosphere Bandcamp
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