“Une seconde écoute a définitivement changer ma perception”
1 Dawn Mist (#E9EDF2) 5:26
2 Cedar (#5E945A) 5:49
3 Seagrass (#676E51) 6:16
4 Glacier Grey (#C2D5E6) 5:48
5 Kelp (#525221) 4:02
6 Arctic Pool (#236D9D) 4:12
7 Evergreen Valley (#69692A) 5:36
8 Wood Bark (#302621) 5:58
9 Dusk (#4E356F) 7:12
10 Forest Night (#090909) 4:26
(DDL 54:45)
(Dark Ambient)
Dawn Mist donne le ton aux couleurs de EARTH TONES avec des accords jetés ici et là par des doigts qui s'aventurent pour la première fois sur un clavier. Une nappe de basse s'élève et son bourdonnement enveloppe la montée de Dawn Mist et de ses filaments un peu plus translucides qui s'évaporent sans oublier de laisser suspendre leurs empreintes tonales. Un titre lent à évolution condensée qui a juste de la place pour accepter des accords avec un sens du dialecte électronique, Dawn Mist est un titre ambiant ténébreux avec juste assez d'éléments pour justifier une deuxième écoute. Au-delà de ce point, ça vous appartient! Oh que j'ai eu de la difficulté avec cette dernière offrande de Isostatic. Je suis loin de Cloud Forms alors que pourtant l'idée de base aurait pu faire une connexion. Je me retrouve plutôt dans un univers assez semblable à Glacial Epoch, mélodies en moins, où la froideur glaciale semble être celle de prédilection dans ces nouveaux poèmes sans mots de Sean Costello. EARTH TONES propose une palette de dix titres qui bougent par des implosions ressemblant à des mouvements de têtards à l'ultra ralenti. Encore une fois, point de rythme. Isostatic privilégie les multiples dérivations de ses nappes où des sons et des gémissements cristallins sont en constante confrontation avec les bourdonnements qui semblent aspirer une volonté de légèreté de ses nappes de synthé. L'univers devient ainsi linéaire avec peu de surprises et encore moins d'enchantements. Mais il y en a, notamment dans le seconde moitié de l'album. La structure de Cedar est assez similaire à celle de Dawn Mist. Ses couleurs tonales d'automne ont la grisaille de l'amertume. Il y a une tonalité nasillarde sur la principale ligne de synthé qui lui donne un cachet attirant. Un peu comme dans Dawn Mist, il y a cette symphonie d'accords secondaires qui vont et viennent dénaturés ce paysage jusqu'avant de les interpréter comme des feuilles se détachant de toutes les hauteurs. Disons que c'est là que j'ai commencé à voir la musique de EARTH TONES. Seagrass propose une de ces ballades lunaires avec des arpèges pensifs tintant dans des masses réverbérantes comme dans celles plus musicales et linéaires. Il y a une belle dose d'émotivité dans ce titre.
J'imaginais Glacier Grey comme étant une couleur froide. Et c'est plutôt le contraire avec des accords sombres et mélancoliques séchant leurs effets réverbérants entre des nappes aux couleurs d'une arrière-saison tardive. C'est lent et méditatif avec de bons effets de langueur attaché à certains accords qui parfois me donnent cette impression de fredonner. Avec Kelp nous atteignons ce niveau où la vie respire dans l'album. Isostatic maintient sa forme de musique ambiante avec une musicalité plus radieuse par l'exode des nappes se faufilant comme le voyage d'un spermatozoïde vers des zones plus radieuses. Arctic Pool est un titre énigmatique où le bleu acier des couleurs nordiques, l'eau et le ciel, dessine des arabesques contrastantes qui volent, flottent et bourdonnent dans un autre tempête de zéphire. On y entend des pointes aiguisées accentuer le spectre des chants prismatiques de sirènes cosmiques. On se laisse assez facilement bercer par ces murmures qu'un synthé transforme en fredonnement astral. Evergreen Valley est comme un coup de sabre dans l'opacité métallique de EARTH TONES. Bien que traversé par des ondes de bourdonnements, la musique vie par des tintements isolés sur une île mystique dont le fond est musical. Un fond qui se met à vibrer au son d'un orgue ténébreux, jouant ainsi sur des contrastes où l'espoir trouvé dans le vert fond comme bonheur dans la tourmente. Wood Bark est un autre très bon titre. Entre ses élans respirant comme des bourdonnements, il échappe une joyeuse ligne d'arpèges qui se mettent à scintiller tout au long d'une promenade mélodieuse dans un bois illuminé par des lucioles électronique. Cette suite mélodieuse qui persiste à briller et sautiller jusqu'à la finale, défiant les énormes réverbérations qui l'ont presque annihilé une fois libérée. La ligne de basse dans Dusk me fait vibrer, notamment parce qu'elle libère des accords qui forment une mélodie évasive. Le titre est toujours lent et profite de cette lenteur pour libérer de trop bons solos de synthé qui font très Vangelis dans un moment velléitaire qui me fait glisser vers d'autres solos du compositeur de Heaven & Hell. Forest Night expose le premier rythme dans EARTH TONES. Un rythme timide, un brin tribal qui ne semble pas savoir comment poursuivre sa route à en juger par ses soubresauts trop distancés qui nous amènent à une finale où un long soupir réverbérant et vibrionnant ne conclut un album qui mérite une seconde écoute, puisque j'ai commencé à l'aimer à partir de Arctic Pool.
PS; Une seconde écoute a définitivement changer ma perception pour un très bel album de Isostatic.
Sylvain Lupari (20/04/21) ***½**
Disponible chez Exosphere Bandcamp
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