“Un bel album qui s'écoute mieux les oreilles soigneusement enveloppées d'écouteurs”
1 A Gesture of Disdain 6:58
2 Cassini Division 6:32
3 Ecstasy is Treachery 6:00
4 Glittering Diamonds in Heat 6:49
5 Helios 6:20
6 Indigo 5:37
7 Moving Through 5:30
8 Paintings are Subversive 5:34
9 Sol Invictus 6:46
10 Too Many Pictures on my Screen 6:18
11 Turquoise 7:03
12 Visiting the Empty Rooms 6:51
(DDL 76:25) (Ambient Music)
C'est un peu difficile de démêler les multiples participations à différents projets artistiques de Ivan Black. Toujours très prolifique, le musicien sculpteur de sons, comme d'œuvres d'art est derrière quelques projets comme le AmbientOnline.org et le @the ambient corporation Artwork, en plus d'initier une série plus personnelle comme Lost Places dont on a pu entendre le très impressionnant Visitors to the Dream Palace paru en mars de cette année. @AMBIENT ONLINE 3 est une 3ième compilation de titres composés à l'origine pour le Ambient Online Comps. Les titres sélectionnés ont été retravaillés et remasterisés dans une nouvelle approche artistique intitulée Immersient. Le musicien Anglais recommande fortement l'écoute avec un bon casque d'écoute ou encore à haut volume, histoire d'importuner les voisins. Parce que c'est pas à cause que l'on voit le mot ambiant dans un titre, que c'est nécessairement sans vie. À tout le moins, pas sur ce @AMBIENT ONLINE 3.
Après une ouverture d'usage typique à la musique électronique (MÉ) et plus particulièrement dite ambiante, A Gesture of Disdain fait entendre ses premières pulsations autour de la 2ième minute. Elles sautillent dans l'effet de miroir d'un brouillard ambiant, étirant leurs résonnances en une texture caoutchouteuse qui donne l'impression d'un rythme soutenu. Les nappes de synthé sont comme des objets volants dont les contours définissent un corridor fictif. Elles sillonnent cet espace en contournant ces bonds à la dérive où tintera un bref carrousel d'arpèges miroitant dans son dernier tiers. Visiting the Empty Rooms conclut cet album avec une séduisante approche comparative. Cassini Division délie un fil de résonnance sous formes de strobes sautillant dans une enveloppe de statisme. Le décor électronique est typique d'une MÉ ténébreuse avec des brises creuses où l'imagination perçoit des timbres de voix camouflés dans les ululements des vents synthétisés. Cherchant constamment à nourrir nos oreilles avec différentes perspectives rythmiques, Ivan Black insère une série de ruades qui trouve écho dans des tintements industriels pour la seconde partie du titre. Le très long Turquoise, et ce après ses plus que 4 minutes d'ambiances somnifères, dévoile une structure de rythme similaire. Sauf que ses arpèges rythmiques sont frappés sèchement. Ecstasy is Treachery suit avec une ambiance de poussières d'éther. Quasiment anonyme, son ossature rhythmique est noyée dans un bouillon d'éléments chloroformiques. Il y a un mélange de vieux Klaus Schulze et de Remy dans ce beau titre qui finalement me fait penser plus à du Steve Roach 😊. Je fais souvent un parallèle avec la musique d'Edgar Froese lorsque j'écoute du Ivan Black. Il est vrai que j'ai découvert son univers avec le très bel album hommage à Edgar, Remember The Dream Goes On en 2015. Comme c'est aussi vrai que chacun de ses albums possède un titre ou deux qui sont parfumés de ces influences. Après une ouverture atmosphérique flirtant avec les 3 minutes, Glittering Diamonds in Heat propose un rythme chloroformique qui sautille en zigzagant dans une mélodieuse atmosphère à faire détendre les neurones. Il y a beaucoup de Stuntman dans ce titre. Indigo, qui s'extrait d'un décor sibyllin afin de proposer une autre structure de rythme fluide dans un tracé d'une piste de course ovale décrivant de grands 8 aux courbes oblongues dégage ce même effet.
Helios est un très beau titre qui possède une des très belles ouvertures sur cet album. Intense et dramatique avec des ondes de bourdonnements mêlés avec des filets de voix séraphiques, son décor remplit nos oreilles de ces possibles et multiples contrastes entre les ondes de synthé jusqu'à ce qu'un beau dandinement d'une ligne de rythme limpide et ambiante caresse nos oreilles autour de la 5ième minute. C'est très beau! Dans une vision plus rapide, Moving Through propose un rythme lourd de ses résonnances sautillant avec un léger effet de soubresauts, créant une structure imperceptiblement spasmodique. Cette structure donne une délicieuse impression de trébucher et de revenir constamment dans un décor où les cyborgs de Terminator recherchent des survivants. Et ce n'est pas pour les inviter à souper 😊! Après une ouverture atmosphérique d'usage qui étire ses charmes sur une distance de 2 minutes, Paintings are Subversive fait éclore un rythme avec de gracieux mouvements oscillants entre des nappes chloroformiques et des zézaiements synthétisés. Une ombre rythmique se détache, donnant une profondeur tout à fait séduisante à cette structure dont le rythme n'empêche pas une forme de méditation. Il y a un peu de Black Sabbath, à tout le moins cette bizarre introduction au titre The Mob Rules (E5150), dans la lente introduction de Soil Invictus qui finira par exploiter une structure de rythme finement saccadée. La ligne de basse est assez séduisante dans ce titre. Too Many Pictures on my Screen est un beau titre ambient très musical avec des parfums de trompettes célestes dans les brises du synthé. @AMBIENT ONLINE 3 se termine avec le très séduisant Visiting the Empty Rooms dont la texture élastique du rythme fait fuir des strobes dans une essence de feu Edgar Froese. Concluant ainsi un bel album de Ivan Black qui s'écoute très bien avec les oreilles soigneusement enveloppées d'un bon casque d'écoute, histoire de rêver les oreilles connectées à des vestiges du passé.
Sylvain Lupari (30/04/22) ***¾**
Disponible au Ivan Black Bandcamp
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