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Writer's pictureSylvain Lupari

IVAN BLACK: The Image Has Cracked (2015) (FR)

The Image Has Cracked est un muraille de drones, de tons et de bruits-blancs sur des rythmes ambiants et abstraits

1 Drips 15:28 2 Tugging at the Heart Strings 18:00 3 Impossible Object 1 10:24 4 Stretching Metals 8:40 5 The Image Has Cracked 7:44 6 Forget About Me 10:02 Ivan Black archive.org

(DDL70:17) (Ambient, drones, noisy soundscapes)

J'avais bien aimé les deux derniers albums d'Ivan Black. J'avais découvert un artiste qui était autant à l'aise avec le style Berlin School rétro et une MÉ plus orientée vers une panoplie de rythmes électroniques et qui surfait sur les différents pôles de la MÉ moderne. Ce dernier album est pour le moins très différent THE IMAGE HAS CRACKED est un album planant, un album atmosphérique allumé par une portée très sociale avec des paysages sonores alimenté par des bourdonnements, des crépitements et une foule de bruits biscornus qui sont portés par des rythmes ambiants. C'est une vision musicale très pessimiste, et nettement dans le ton, de l'image de notre société moderne qui est dénoncée comme étant guidé par la corruption des systèmes politiques en place. Un album glauque avec une belle palette de tons, de bruits et de glitch. Mais seriez-vous surpris si je vous disais que c'est tout de même assez intéressant?

Drips nous plonge tout de go dans le genre musical qui attend nos oreilles tout au long des 70 minutes de cet album. Son intro est nourrie de longs drones qui flottent et dérivent dans un panorama orné de bruits parasitaires. Il y a toute une activité sonore derrière ces lignes de bourdonnements, un peu comme une révolte qui se fomente, avec une horde de pulsations tambourinées qui étales des pas perdus dans un genre de figure de zigzague sphéroïdal. Ivan Black sort l'arsenal des tons avec une palette de grisaille qui rôde comme une bruine de bruits blancs, tandis qu'un genre de crescendo ambiant anime ce long mouvement qui intensifie sa muraille d'ambiances au-dessus de ces crépitements, tentant d'insuffler une vie à cette révolte rythmique qui sera plus que passive. Tugging at the Heart Strings est un peu construit sur le même modèle, mais en plus long. En plus musical aussi. La muraille de drones est plus doucereuse avec des nappes de voix ambiantes, et un down-tempo morphique qui secouera ses 10 dernières minutes. Impossible Object 1 est un titre très ambiant avec une légion de bruits blancs et de glitch qui picorent nos oreilles. Ça demande de la patience et de l'ouverture! Stretching Metals est le titre le plus vivant, le plus en rythme de THE IMAGE HAS CRACKED. La structure est désossée avec des sauts, comme un genre de hip-hop glitch, mielleusement brusques et dont les rondeurs sont mastiquées par une flore bruyante. La pièce-titre est la plus linéaire de l'album avec des bancs de bruits qui flottent comme des nuages de radioactivité sonore. C'est le chant du vide! Forget About Me reprend un peu les préceptes des deux premiers avec une introduction sculptée dans des drones flottants. Des cognements résistent aux emprises des cerceaux soniques avant de débloquer vers un down-tempo plus morphique où ils s'éparpillent dans un désordre calculé.

Une aventure, une vision de la puissance des décideurs mise en musique, THE IMAGE HAS CRACKED est le reflet de toutes les possibilités des boîtes à sons où la couleur des sons peut réellement se faire entendre. C'est gratuit. C'est une belle incursion dans les sphères de la MÉ moderne, mais ça reste une œuvre qui risque de plaire qu'aux curieux. Qu'à ceux qui aiment lorsque la musique sort de sa zone de confort.

Sylvain Lupari (26/01/16) *****

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