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Writer's pictureSylvain Lupari

IVAN BLACK: Visitors to the Dream Palace (2022) (FR)

Un très bel album que j'ai autant apprécié avec mes écouteurs qu'avec mes haut-parleurs

1 We Are Luminous 7:00

2 Parabellum 6:36

3 Cascades 6:57

4 Pattern Juggler 6:57

5 Daphnaie 6:52

6 Spectre 6:24

7 The Haunted Boy 7:00

8 Visitors to the Dream Palace 6:57

9 Glass Floor Mirage 5:03

10 Residential Prison 6:51

(DDL 66:40)

(Ambient minimalist Berlin School)

VISITORS TO THE DREAM PALACE est un surprenant album-téléchargement pour un projet inspiré par un cinéma abandonné et surtout réalisé en improvisation dans le studio du sculpteur Anglais, The Ambient Corporation. L'album appartient à une série intitulée Lost Places dont le premier volume est sorti en début d'année. Ivan Black a finalisé le tout avec une masterisation sans repiquages. Le résultat est un solide album ayant une colonne rythmique qui s'apparente beaucoup et dont la texture minimaliste dérive avec de subtiles modulations tout en étant relevée par de bonnes percussions et des effets percussifs toujours attrayant pour l'oreille. Les effets d'écho arrondissent l'aspect rigide des structures minimalistes de même que ces lignes de synthé qui ont une présence rythmique avec des élans soutenus par moments. La portion atmosphérique de l'album tourne autour de présences spectrales dans une brume industrielle et des accords résonnants qui amènent cette touche de catastrophe cinématographique à des panoramas que nos oreilles visualisent assez bien. Bref, un très bel album que j'ai savouré autant avec des écouteurs que mes haut-parleurs.

We are Luminous donne le ton à cet album avec un chétif mouvement du séquenceur qui fait trottiner ses arpèges sauteurs dans des boucles minimalistes. De juteux accords gras et remplis de résonnances enrobent ce séduisant mouvement de rythme ambiant, créant une abondance de nappes bourdonnantes et cette ambiance de ruines dans un panorama musical aussi dramatique que son équivalence en vision tonale. Ivan Black se sert habilement des 7 minutes de ce titre pour lui donner une intensité cinématographique et musicale qui s'appuie sur une projection rythmique de plus en plus entraînante avec l'arrivée de percussions une 30taine de secondes avant la 5ième minute. Ce brouillard de grésillements et d'ondes spectrales enveloppe aussi le rythme légèrement sautillant de Parabellum. Des fredonnements absents encouragent aussi ce rythme élastique à tempérer son effet d'écho qui se transfère dans sa masse tonale. Le titre embrasse une phase de transition assez réaliste par rapport à son concept avec des stries dont l'écho multiplie les couleurs écarlates sur des tintements percussifs. Les gaz vaporeux et les accords sonnant comme un claquement de gorgoton reprennent vie après la 4ième minute, amenant une 2ième partie nettement plus attrayante et efficace, notamment à cause des éléments percussifs bégayant. Naissant de clapotis d'eau dans une zone industrielle, Cascades poursuit l'excellent départ de VISITORS TO THE DREAM PALACE avec des boucles de synthé ayant une texture de psybient. Jumelé à la ligne de basse, l'air qui s'en dégage rappelle étonnement celui de Autobahn de Kraftwerk. On entend un train passer tout près, le temps que le séquenceur tisse une hésitante ligne circulaire confrontant celle du train et qui sied très bien aux imparfaits lassos des boucles. La musique embrasse une autre tangente avant la seconde minute, nous amenant vers une 2ième partie nettement plus dynamique avec une structure de rythme électronique aussi attractive que très entraînante. C'est un titre qui fait aussi très Tangerine Dream avec un bon effet dramatique au niveau des accords.

Pattern Juggler continu d'impressionner nos oreilles avec une structure de rock électronique d'après-guerre. Les ambiances tétanisent les sens avec des effets hurleurs sur un rythme aussi lourd que lent, j'adore ce genre de structure, où les percussions et les effets percussifs sont aussi géniaux que cette vision de catastrophe industrielle qui enveloppe les 7 minutes de ce superbe titre. Un titre où on peut flotter aisément entre deux sphères, Daphnaie impose sa présence avec une lente ouverture atmosphérique toujours en relation avec le thème de l'album. Sa progression nous amène vers une étincelante ballade électronique sise sur des arpèges dansant mollement dans les vapeurs d'une bonne structure de basse et de séquences ascendantes. The Haunted Boy est un peu dans le même genre et évolue plutôt pour une approche entre un Électronica nourri par des roulements de baguettes percussives et un downtempo agréablement soumis à une torride ligne de basse. Sur un autre ton, Spectre offre aussi une belle ballade circulaire qui se développe avec une texture de psybient. La ligne de basse rampe comme un loup alors que le synthé articule un langage extra-terrestre assez efficace. La pièce-titre s'articule sur un mouvement lent rempli de bosses et de à-coups dans une ambiance claustrophobique en raison des effets sonores qui rappellent ceux des ballasts dans un sous-marin. Depuis Daphnaie, la musique de VISITORS TO THE DREAM PALACE prend un volet plus atmosphérique avec de lentes introductions qui fleurissent sous diverses formes de rythmes. Glass Floor Mirage est de cette catégorie. Son ouverture est d'ombres flottantes et d'ondes spectrales dans un enrobage sonore qui est à la limite de la catastrophe. Un mouvement de train, assez similaire à celui de Kraftwerk dans TEE, propose une structure rythmique aussi faiblarde qu'une membrane désossée. On dirait un enregistrement mono avec ce mouvement spasmodique du séquenceur et de ses ions qui éclatent sèchement. Residential Prison termine ce fascinant dernier opus avec une structure atmosphérique qui se développe lentement en un hymne circulaire pour spectres par à soir de Halloween. Grosso modo, le synthé tisse des harmonies qui se reforment en longues boucles hypnotisante sur une structure rythmique circulaire, agrémentée par des coups sur une enclume en verre forgé. C'est ce genre de titre qui nous incite à réentendre ce dernier album de Ivan Black qui est agréable à découvrir autant dans mes écouteurs que sur mes haut-parleurs où l'effet des rythmes et ambiances est encore plus saisissant.

Sylvain Lupari (23/03/22) *****

Disponible au Ivan Black Bandcamp

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