top of page
Writer's pictureSylvain Lupari

JAVI CANOVAS: Axiom (2014) (FR)

Updated: May 18, 2020

Axiom est une intéressante collection de courts titres où le séquenceur brille de ses parfums analogiques et numériques

1 Sima 4:07 2 Descent 5:57 3 Masker 3:52 4 Axiom 6:39 5 Invisible Symbol 5:21 6 Hydrometry 5:26 7 Crush 6:15 8 Forbidden Zone 3:53 9 Relapse 5:38 10 The Seeker 6:15 11 Transcription 4:06 12 Allegory 4:00 13 Almost Imperceptible 4:45 14 Heavy Colour 7:52

(DDL 74:13) (V.F.)

(Sequencer-based Berlin School)

Un des plus séduisants attraits de la Berlin School est cette possibilité qu'ont les auteurs et les musiciens de connecter une foule de rythmes et de mélodies à travers de longues structures nourries d'ambiances cosmiques ou chthoniennes, ou encore à travers des panoramas de méditation. Sortir ces éléments de ce genre musical est comme manger un filet mignon sans accompagnements. Certains aimeront, d'autres manqueront la sauce, les patates ou les légumes. AXIOM est ce filet mignon! C'est un album qui s'adresse aux amateurs de viandes. Aux amateurs de rythmes séquencés tressés, mis à part pour le très ambiant Heavy Colour qui s'approche bien plus des songes nomades de Cracks in the Air (2013), dans des ions sauteurs qui s'épanouissent et s'éparpillent dans tous les sens afin de créer une brochette de rythmes plutôt diversifiés. Pour son dernier album, Javi Canovas voulait essayer quelque chose de différent avec une série de courts titres qui brillent dans des mouvements de séquences aux tonalités plus vivantes que jamais. Si chaque pièce de musique possède un cachet unique, le synthésiste des Îles Canari se fait un point d'honneur de fusionner les tonalités analogues à des couleurs digitales, donnant un album qui marie à merveille les tonalités de basses à d'autres plus cristallines dans des figures de rythmes acrobatiques.

Sima débute avec une tempête d'ions séquencés. Des tons de basse, d'autres limpides et certains plus grésillant défilent dans un enchevêtrement de lignes rythmiques qui montent, descendent et s'entrecroisent comme des funambules à vélo sur des fils de fer agités par des amples oscillations. Le rythme est lourd et vif. Il virevolte avec des élytres de métal et des percussions électroniques dont les éclats dessinent une nuée d'oiseaux qui picore une texture aussi cosmique que très Teutonique. Les textures sonores sont sensiblement les mêmes, sauf que Canovas a, cette fois-ci, un net penchant pour des ambiances plus lunaires. Et chaque titre, en dépit de certaines ressemblances ici et là, offre une structure de rythme qui lui est propre et qui se colle assez bien aux visions de son auteur. Ainsi Descent offre un mouvement plus sournois avec des lignes de rythmes qui soit rampent ou dévalent une pente sur les freins. Le titre accroche assez rapidement, en raison de son parfum qui dégage les ambiances de l'album Flashpoint de Tangerine Dream. Après le rythme saccadé et coloré de Masker, la pièce-titre nous plonge dans une structure de rythme tressé de multiples boucles dont les ions virevoltent avec violence dans des brises aux couleurs de la nostalgie. Le rythme est statique et violent et je vous mets au défi de la tambouriner avec vos doigts. C'est un superbe Berlin School, aromatisé des brises cosmiques à la Jean-Michel Jarre, avec des ions qui tentent à tout bout de champs de s'extirper des innombrables boucles qui l'enserrent. Je ne sais pas pourquoi, mais cela me rappelle la violence des rythmes statiques de Steve Roach sur Empetus. Idem avec Transcription et son rythme entêté qui ascensionne une brève courbe oscillatoire avec une nuée d'ions aux teintes et aux timbres qui mélangent délicieusement les contrastes de l'analogue et du digital. Relapse respire aussi de ces parfums rythmiques statiques de cette période. Invisible Symbol détonne dans tout cet univers de rythmes étourdissants. C'est une belle ballade avec un beau piano et ça permet aux oreilles de respirer un peu. Et ça redémarre avec le vif rythme oscillatoire de Hydrometry. Les séquences bourdonnent comme un essaim en furie, alors que la courbe des vents insuffle une approche éthérée qui se noie littéralement devant ces massifs bourdonnements et ces solos qui sifflent des torsades au-dessus de cette masse d'agitation fébrile.

Crush offre une approche plus cartésienne. Le mouvement est minimaliste. Des ions, toujours aussi furieux, sautillent dans l'ombre des percussions électroniques aux cliquetis assez nerveux alors que plus le mouvement progresse, plus il libère des ions aux tonalités plus juteuses qui planent dans des figures entrecroisés sur une structure qui alourdit continuellement sa chaleur. Ça ressemble à du Deep House, mais sans les pulsations basses. Un peu de tranquillité? Histoire de se reposer les oreilles! Javi Canovas offre un autre petit mouvement plus tranquille en Forbidden Zone avec une kyrielle de séquences qui virevoltent et pépient avec une fascinante harmonie organique dans de suaves voiles morphiques. Almost Imperceptible se nourrit des mêmes ambiguïtés. Son rythme est plus ou moins ambiant et ronfle dans des corridors cosmiques. Là aussi j'aime bien ces séquences aux tonalités organiques qui font trembler la texture ambiante et qui rehaussent la qualité des solos, assez discrets d'ailleurs, torsadés. The Seeker offre un très bon rythme lourd avec une ligne plus résonnante et une série d'ions ailés qui le sillonne d'une ligne sphéroïdale. Le rythme se fractionne dans une structure en décalage où des ions sauteurs sautillent dans l'ombre des autres pour picorer la ligne de rythme principal, ajoutant couleurs et parfums soniques qui se chamaillent entre l'analogue et le digital. Allegory est dans la même veine alors que Heavy Colour conclut AXIOM avec une approche ambiante qui est très près des paysages soniques aborigènes de Steve Roach. Tout compte fait, c'est un bien nécessaire dans un album où les ions sauteurs et volants dévorent nos oreilles autant que les ambiances et les mélodies, qui sont littéralement en second plan, sur cette étonnante palette de rythmes aux couleurs aussi vivantes que seules les insondables territoires de la MÉ peuvent dessiner.

Sylvain Lupari (18 Novembre 2014) ***½**

Disponible au Javi Canovas Bandcamp

46 views0 comments

Recent Posts

See All

Comments


bottom of page