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Writer's pictureSylvain Lupari

JAVI CANOVAS: Psychedelic Voyage (2012) (FR)

Javi Canovas concocte un autre très bon opus qui trouve son chemin à travers tous les mystérieux méandres cérébraux disponibles

1 Psychedelic Voyage 18:20

2 Mechanic Spirit 18:02

3 Into the Sylence 3:57

4 Sundown 27:13

(CD-R/ DDL 67:32)

(Psychedelic Berlin School)

En début 2012 Javi Canovas avait épaté le petit cercle de la MÉ avec un album (Transfiguration) qui nous plongeait en plein cœur des délires psychédélico-cosmiques des années vintages de Tangerine Dream, Klaus Schulze et Neuronium. Avec ses 3 longs titres aux introductions de brumes bleues et ses phases rythmiques dont les lentes évolutions aboutissent en d’hypnotiques structures minimalistes, PSYCHEDELIC VOYAGE poursuit cette quête entreprise avec son complice David Parades sur l’album Unforgiven Machine où les ambiances et la musique trouvaient racine auprès d’imaginations nourries d’étranges substances.

C’est dans un épais nuage de particules cosmiques que l’intro de Psychedelic Voyage amorce notre voyage dans les états très psychédéliques du 11ième opus de Javi Canovas. Des torsades allégoriques aux tonalités de sirènes enrhumées serpentent en tous sens un mur de bruines stigmatisées alors que des tonalités biscornues et des fuzz échoïques se chamaillent ces instants de délires hallucinogènes. Ce spasme cérébral s’enfonce dans un épais brouillard angélique qui se dissipe peu à peu lorsque les premières pulsations séquencées émergent avec frayeur vers la 6ième minute. Le rythme zigzague timidement sous l’œil d’un synthé qui disperse ses souffles alambiqués aux tonalités croisées sous un tempo qui croisse sans cesse avant de devenir lourd. Une voix féminine vient caresser notre ouïe alors que Canovas exploite de fins et tortueux solos qui agrémentent un rythme devenu plus sage. L’intro fumigène de Mechanic Spirit est de plus courte durée que Psychedelic Voyage alors que l’approche rythmique est nettement plus incisive. Sur ce titre le synthésiste Espagnol nous amène carrément dans les années Phaedra de Tangerine Dream avec une belle ligne de flûte mellotronnée qui flotte au-dessus des touches d’un séquenceur qui moulent un rythme indiscipliné. Les accords d’une guitare sobre viennent ennoblir ce rythme qui peu à peu se dissocie de son approche cartésienne pour se cambrer et hoqueter de spasmes secs qui ruent avec fracas dans une ambiance lourdement métallique. Comme un ballet sidérurgique Mechanic Spirit tournoie dans d’infinies boucles minimalistes, dévoilant ses ions séquencés qui tentent de s’accrocher aux discrètes vapeurs ambrées des synthés et à cette flûte qui l’avait boudée depuis son ouverture.

Après la délicate danse des songes dessinée par le doux piano et l’envoûtante flûte de Into the Sylence, Sundown nous propulse dans les phases beaucoup plus audacieuses de PSYCHEDELIC VOYAGE où des ambiances et des rythmes évanescents s’interconnectent en une structure qui emprunte plus les sentes d’un rock cosmique progressif à la RMI que les errances psychédélico-cosmiques des années électroniques vintage. Plus éthérée, l’intro laisse filer de fines nappes de synthé qui ondoient pensivement. Des séquences émergent de ce brouillard létal un peu après la 4ième minute. Se dandinant d’une démarche rapide, elles tracent un mouvement circulaire qui sautille de son arythmie symétrique sous les charmes d’une divine flûte mellotronnée alors qu’une guitare saupoudre ses accords incertains sur une structure qui nage en perpétuelle dualité. En fait Sundown est une longue escalade avec des aires de repos. Les passages rythmiques sont chevrotants et moulés sur des séquences nerveuses qui sautillent comme un troupeau de moutons égarés alors que des lourdes impulsions d’un synthé qui met ses habits de Redshift tracent des courbes agressives, tout en dégageant des brumes enveloppantes, qu’une guitare enrobe de riffs saccadés et de solos dispersés. Il y a d’intenses mouvements sur ce titre qui disparait, comme il avait éclos, dans des brumes ocrées.

Assis confortablement sur une approche musicale aux possibilités infinies, Javi Canovas concocte un autre bel opus aux mystérieux méandres cérébraux. PSYCHEDELIC VOYAGE est un album qui nage dans un Berlin School aux racines progressives et expérimentales. Un peu comme l’excellent Transfiguration, mais avec une approche encore plus audacieuse.

Sylvain Lupari (09/10/12) *****

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