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Writer's pictureSylvain Lupari

JEFF GREINKE: Noctilucent (2022) (FR)

D'où les beautés de cet album obscur qui se découvrent une écoute à la fois

1 Unrest 4:31

2 Around the Corner 7:43

3 Of the Deep Sea 5:02

4 Into the Night 9:29

5 Tunnel 5:34

6 Sinking 7:53

7 Noctilucent 5:43

8 Refractions 4:42

9 Undercurrent 7:16

(CD/DDL 57:56)

(Dark ambient)

Des battements et des cognements, dont les résonnances tissent un fil élastique, errent dans une ambiance métissée d'ondes de synthé qui mélangent assez bien ses visions sibyllines à celles plus organiques. L'enveloppe sonore vibre de tous ces éléments résonnants qui laissent une fine couche de réverbérations s'irradiant en s'éteignant. Haute en couleurs tonales, Unrest ouvre ce nouvel album de Jeff Greinke avec une texture méditative sombre au point d'en être intrigante. Des bruits d'une faune Jurassique, un peu comme dans les univers de Frore & Shane Morris, ornent un premier titre dans NOCTILUCENT qui met nos oreilles en appétit assez rapidement. Ce dernier album du musicien américain tourne autour d'un mot latin signifiant, qui brille la nuit. Ce sont des nuages nocturnes lumineux de très haute altitude. Pour un observateur terrestre, ils se présentent comme de brillants nuages en forme de filaments ou de nappes qui sont visibles durant le crépuscule profond. Offert en CD manufacturé comme en format téléchargement HQ sur le label Spotted Peccary, NOCTILUCENT propose 9 titres répartis sur près de 58 minutes d'une musique électronique (MÉ) atmosphérique dont la texture sibylline est aussi près de nos oreilles que ces nuages qui flirtent avec la Lune. Un fascinant voyage où l'imaginaire chevauche ces corridors où la musique ambiante ténébreuse n'est jamais assez loin des peurs nocturnes.

L'étrange ouverture de Around the Corner enracine cette perception d'une œuvre troublante avec des ondes de synthé qui s'éloignent en laissant des filaments de voix abyssales se désagréger en poussières maléfiques. Une nuit dans les forêts et on entend ces fredonnements de revenants étendre leurs enveloppes énigmatiques dans un lent maelstrom sonore que des Elfes mélangent avec cette recette qui donne soif à une imagination empreinte de frayeur nocturne. Comment peut-il en être autrement avec ces cercles de réverbérations de batraciens dormant en ouverture de Of the Deep Sea. Les ronronnements ont même une fine texture industrielle sous une nuit de pleine Lune qui se remplit de ses mystères organiques. Une onde de synthé s'élève avec une présence plus musicale dans ce panorama de musique ambiante ténébreuse qui laisse de lointaines tonalités de clochettes tibétaines. Into the Night est sans doute le titre qui se rapproche le plus de l'esprit derrière le titre NOCTILUCENT. Plus musical et moins sombre, son panorama se remplit d'ondes et de lignes de synthé s'étirant comme ces longues stries de nuages lumineux. Un subtil mouvement de danse éthérée est la base de son harmonie ambiante avec des ondes qui chantent tout en se courbant en arcs devenant souvenirs sur les sourds battements d'une basse tissant une ossature rythmique flottante. Tentant d'effleurer les différents styles de MÉ, Jeff Greinke surprend avec l'approche Berlin School de Tunnel. Bien que léger, le rythme sautille sur un beau mouvement du séquenceur dans une palette de couleurs tonales contrastantes. Ce tunnel est de verre, à moins que nos oreilles se connectent à nos yeux qui imaginent une fête foraine dans un ciel de nuit où les couleurs dansent vivement sur des nuages qui s'illuminent sur des couleurs pastel d'un autre dimension comme seulement une imagination débordante peut créer.

Ces couleurs, pour la plupart irisées, flottent à contre-courant sur la marche des drones bourdonnants qui s'articulent sous les rayons lunaires de Sinking, un titre qui affectionne l'aspect Dark Ambient de NOCTILUCENT. La musique flirte avec une essence cosmique orchestrale avec des étoiles qui s'étiolent en laissant filtrer leurs empreintes scintillantes. Je ne peux m'empêcher de penser au titre No Quarter de Led Zeppelin lorsque la pièce-titre amarre son sa nébuleuse ouverture à mes oreilles. La musique est évasive avec un dense manteau de brouillard où tintent des arpèges sans direction harmonique pour errer dans un cimetière dans cet espace entre la Lune et ces nuages noctilucents. Les arpèges se regroupent ainsi en un banc d'harmonies dissonantes, épousant aléatoirement un mouvement de canon musical qui fini par manquer de temps. Ces arpèges dansent plus mollement dans Refractions qui épouse les promesses de son titre avec un lent mouvement ténébreux installé sur un lit de réfractions et de bruits blancs. Ils font tinter une belle mélodie lunaire sur des boucles réverbérantes qui se nourrissent des airs sibyllins des stries de synthé provisoires. Undercurrent couche ondes de synthé par-dessus ondes de synthé dans un autre lent mouvement où les stries affichent une couleur bleu vif dans une masse sonore avec ses éléments qui gravitent en suspension. Les arpèges font fondre leurs tonalités dans des lignes de piano évasives, ornant un panorama musical méditatif qui est à la mesure du titre de ce dernier album à sortir des studios du label américain.

C'est vêtu de noir que Jeff Greinke propose les dimensions sonores de NOCTILUCENT. Peu harmonique mais terriblement intuitif, le musicien américain peint 9 tableaux sonores avec une vision mystérieuse où les éléments troublants vont de pair avec le possible enchantement d'observer ces nuages aux coloris pastel dans un firmament qui se doit d'être dégagé de toutes formes d’obscurité. C'est ainsi que nos sens errent dans une forêt où seulement une clairière peut nous permettre d'observer un tel phénomène. Et tous savent que la nuit, une clairière est aussi le rendez-vous des maléfices. D'où les beautés de cet album qui se découvrent une écoute à la fois.

Sylvain Lupari (25/03/22) *****

Disponible chez Spotted Peccary Music

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