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Writer's pictureSylvain Lupari

JIANNIS: Plugged (1997) (FR)

Avec de superbes séquences, solos et sonorités d'inspiration vintage, voilà un album que tous les fans de MÉ des années 70 doivent découvrir

1 Erstes Schattenspiel 30:05

2 Zweites Schattenspiel 17:57

3 Drittes Schattenspiel 25:18

(CD 73:31) (Berlin School)

En 1997 Klaus Schulze étonnait avec le rythmique Dosburg Online. Tangerine Dream faisait rager ses anciens fans avec des titres aux rythmes aseptisés, délaissant les évolutions séquentielles pour des percussions en boites. Bref, l'univers de la MÉ de style Berlin School trouvait son évolution au travers des rythmes plus harmonieux et des cd aux titres plus courts et plus dynamiques. La venue des synthés numériques n'était pas étrangère à cette nouvelle orientation. Pour les purs et les durs, l'époque était à la nostalgie. On regrettait les longues cérémonies musicales aux envolées séquencées interminables et déviantes. C'est dans ce contexte que PLUGGED de Jiannis tombait dans les bacs…loin de chez moi. Avec trois longs titres aux saveurs très vintage du milieu des années 70, Jiannis réouvrait les livres d'histoires de la Berlin School. Mais, musicalement parlant, qui est ce Jiannis? Jiannis Zedamanis est un synthésiste Grec qui a fait de la MÉ depuis 1986 et dont on entend plus parler depuis la fin des années 90. Il a joué entre autres avec Lambert Ringlage en 1988 sur Timeless Visions et a produit trois autres albums, dont ce dernier, sur l'étiquette Spheric Music.

Erstes Schattenspiel nous initie à sa musique avec un début atmosphérique sur chant de baleines intersidérales et des voix sur un vocodeur qui me rappelle Neuronium avec Chronium Echoes. C'est très calme, le mellotron fuse ses airs de flûte dans une nébulosité dense où des cris synthétiques se lamentent sur une approche très Tangerine Dream dans les sombres années 70. Doucement, une séquence envoûtante à la Body Love dicte le pas sous de superbes solos de synthé qui planent autour de cette ligne de rythme minimaliste, jusqu'à la vingtième minute où un suave mellotron pousse une ligne plus basse et plus animée qui se fond sur la première, modifiant subtilement le cours de Erstes Schattenspiel qui se termine dans les méandres atmosphériques de son introduction. Zweites Schattenspiel est plus animée. Après l'usuelle intro planante, avec un mellotron dont les essences de flûte sont noyées dans de sombres chœurs, des percussions s'animent avec une vision de Man Machine de Kraftwerk Une séquence plus vivante bat sur un synthé enveloppant qui dévie et se divise en plusieurs petites lignes mélodieuses, hypnotiques et langoureuses. Le mellotron impose une ligne orchestrale arabesque, donnant une profondeur insoupçonnée à un titre assez ambivalent. La finale est superbe avec un mélange de percussions nerveuses et un synthé plus mélodieux aux effluves orchestraux qui se subdivise en multi lignes très animées.

Drittes Schattenspiel termine ce premier album de Jiannis avec une intro très ambiante aux nappes synthétiques denses et sombres. Des solos de synthé très aigus scient cette obscur environnement. Le séquenceur créé une ligne de rythme déjà convaincante derrière cette ambiance plus ou moins sibylline. Imposant un rythme nerveux, il longe la principale ligne du synthé. Les deux éléments fusionnent et finissent par former une symbiose lancinante et envoûtante. Dès lors, Jiannis nous fait entrer dans le somptueux univers des batteries et rythmes de Klaus Schulze avec Harald Grosskopf. Drittes Schattenspiel nous envoûte avec une lente évolution où le rythme sert de base à un très bon synthé et ses solos tordus et aigus. Ce sont des grands moments de MÉ vintage qui se terminent dans le calme des œuvres aux essences atmosphériques.

Un album que tout fan de Berlin School des années 70 doit découvrir, PLUGGED nous bourre les oreilles de tonalités vintages inspirées. L'album n'apporte rien de nouveau. Il ne faut pas s'attendre à ce que les sphères de la Berlin School aient été revisitées avec de nouvelles idées. Cette une exacte copie carbone de ce qui se faisait à l'époque. Et c'est bien correct! C'est ce que les purs et durs recherchent; du bon vieux Berlin School avec des lignes de synthé maitresses qui subdivisent ses parfums en solos et en nappes brumeuses sur des rythmes évolutifs coupés par un séquenceur analogue. De la grande musique électronique!

Sylvain Lupari (02/02/14) *****

Disponible chez Spheric Music

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