“Que vous aimiez cela complexe ou tout simplement accessible, la musique du synthésiste Finlandais a tout ce qu’il faut pour faire de vous un accro de ses albums”
1 Interstellar Space 7:38
2 Perspectives on Infinity 9:31
3 Orion 9:12
4 The Philosophical Trigger 7:24
5 Further Away 7:28
6 Interstellar Meeting With W 12:48
7 Perpetuity 7:31
8 Hubbles Universe 16:00
(CD/DDL 77:51)
(Melodious Cosmic Rock)
Johan Tronestam fait partie des valeurs sures en MÉ de style Berlin School aromatisée d'approches mélodieuses. D'album en album, et ce depuis Far Away en 2012, le synthésiste Suédois, il vit maintenant en Finlande sur les îles Åland, fait les choses simples en offrant une musique électronique vivante où la complexité dans les structures est quasiment inexistante. Les rythmes sont soutenus avec de fines nuances qui les modifient légèrement dans un décor cosmique sobre et efficace qui est grandement influencé par Jean-Michel Jarre. Habile dans sa façon de créer les rythmes, JT l'est tout autant dans ses structures mélodieuses qui sont copieusement arrosées de très bons solos de synthé; l'essence même de la MÉ. COSMIC DRAMA est un 15ième album, le premier sur le label Hollandais Groove nl, et de son propre aveu, il s'agit d'une émergence philosophique qui fait suite à l'album Space Collection. Restant très à l'aise dans ce créneau de rythmes plus homogènes que disparates ou alambiqués, il nous offre un autre très bel album avec des synthés qui illuminent les oreilles par ses solos et ses arrangements qui nous donne toujours cette bonne dose de frissons lorsque nos oreilles rencontrent la très belle musique de Johan Tronestam. Et ça débute fort!
Interstellar Space nous fait bouger des pieds avec son rythme d'une tribu cosmique et celui d'un rock électronique habilement concocté avec un maillage de tam-tams aborigènes et de percussions électroniques auquel se greffe une structure bondissante du séquenceur. Des riffs de clavier se perdent en effets d'écho alors que des pads de synthé installent brume et voix. Le synthé reste assez près des zones de Robert Schroeder avec de belles harmonies et autant de nuances dans le timbre. Les effets sonores sont dans le ton, alors qu'Interstellar Space dérive vers une autre structure de rythme, toujours sur la même cadence, moulée dans une mélodieuse approche flûtée. Ça démarre très bien ce dernier opus de Johan Tronestam qui est tout en rythmes soutenues évoluant à peine avec quelques nuances dans des bancs de brume cosmique et de voix célestes. Perspectives on Infinity est un autre titres à frissons! Son introduction est bercée par l'illusion d'un cosmos mélancolique avec des nappes de synthé triturées par des effets percussifs et caressées par de délicats accords dont les tintements fusionnent sans problèmes avec les ombres de nappes. Une structure de rythme figée par des percussions et deux lignes de séquences qui envoient des oscillations afin d'augmenter la cadence alors que le synthé dessine habilement des solos aussi évasifs que mélodieux. Le décor et les arrangements sont sensiblement identiques pour le rythme lent d'Orion et ses percussions gazeuses. The Philosophical Trigger propose un autre bon rythme électronique avec des chapelets d'arpèges chatoyants qui tournoient avec une timide vision harmonique. Le synthé libère des pads un brin flûtés qui s'harmonisent avec le rythme du séquenceur et des percussions électroniques tout en nous balançant de bons solos aériens.
L'ouverture de Further Away me fait penser à celle de Pink Floyd dans Wish you Were Here, ronflements réverbérant en plus. Une délicate marche sphéroïdale éclot peu après les 4 minutes. JT y ajoute un autre mouvement du séquenceur avec des ions qui sautillent nerveusement. Il greffe de beaux solos très harmonieux qui épousent les nuances rythmiques. Dédié à son ami Wolfgang Gsell, Interstellar Meeting With W est un long titre qui propose une introduction céleste avec des nappes qui nous donnent de légers frissons à l'âme. Les soupirs de la ligne de basse sont comme un langage muet qui semblent communiquer avec des pads pleureurs, installant une belle nostalgie cosmique qui sied si bien à la vision de sérénité de son ami. Des songes orchestraux ajoutent au poids de la mélancolie. Le séquenceur se met en mode galop avec une structure de rythme soutenue où se greffent des accords aux tonalités de cordes d'une guitare pincée avec émotion. La traversée cosmique est agréable avec des nappes de voix qui maintiennent cet aura d'intimité astrale entre Johan Tronestam et Wolfgang Gsell et puis de très beaux solos de synthé qui sont l'arme favorite du musicien finlandais afin de nous donner des beaux frissons. Perpetuity propose un rythme plus vif avec un mouvement saccadé du séquenceur et de ses ions rythmiques qui sautillent en série, à la queue-leu-leu. Pas agressant, ni agressif, ce rythme coule avec une belle fluidité afin de servir de lit mouvant à d'autres bons solos de JT. Hubbles Universe termine COSMIC DRAMA avec une structure évolutive remplie des parfums Robert Schroeder et Peter Mergener. Sa lente introduction est puisée dans une autre vision de celle qui faisait respirer Further Away, alors que le rythme marche sur les chemins de Klaus Schulze et sa période Body Love.
Les ambiances introductives guident la marche ambiante de Hubbles Universe qui s'anime d'une autre vision rythmique plus incisive autour des 11 minutes, guidant ainsi la finale de ce dernier album de Johan Tronestam qui nécessite une suite.
Pas compliqué pour 2 sous, enveloppant, mélodieux et touchant par instants, ce COSMIC DRAMA de Johan Tronestam est ce genre d'album qui s'invite facilement dans une dégustation de MÉ pour oreilles raffinées. Qu'on aime ça complexe ou tout simplement accessible, la musique du Finlandais d'adoption possède tout ce qu'il faut pour faire de nous un addict.
Sylvain Lupari (27/09/19) ***½**
Disponible chez Groove nl
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