“Et si j'avais un album à écouter en épiant le ciel de nuit, ce serait celui-ci”
1 Cartesian Space 5:11
2 Waves of Lenthor 9:22
3 Docucon 3:02
4 The Bridge 3:44
5 The Stroll II 5:30
6 Realms Beyond 7:37
7 Genesis 3:54
8 Neptune 2:51
9 The Haunting 7:31
(DDL 48:46)
(Experimental, Alien EM)
À force de ratisser tellement large, il n'était qu'une question de temps avant que Cyclical Dreams trébuche. Déjà, les derniers albums du label Argentin montraient des signes que la musique électronique (MÉ) s'éloignait d'une audience plus large en proposant des albums à thématiques plus expérimentales. Mais toujours, la qualité était au rendez-vous. REALMS BEYOND est un étrange album ayant une signature temporelle des années 70. Une fusion entre les labels Audion et Coda me semble être la meilleure exemple pour mieux définir les ambiances de cet album. Il faut dire aussi que John Scott Shepherd est tout un personnage! On peut d'ailleurs en saisir toute sa dimension dans un documentaire intitulé John Was Trying to Contact Aliens disponible sur Netflix. L'homme croit aux petits bonhommes verts et élabore sa stratégie musicale autour de possibles moyens de communication. C'est ce qu'il faut comprendre en décortiquant les 9 structures de ce REALMS BEYOND. Passionné des synthétiseurs depuis toujours, ce natif de Chicago a construit au fil du temps différentes sources sonores servant à établir un premier contact. Veines ou non, ces tentatives ont initié près de 60 titres qu'il rend disponible sur sa page Bandcamp. Ce premier album sur Cyclical Dreams est composé d'une MÉ improvisée et enregistrée en direct et en stéréo. Il n'y a donc aucun repiquage, ni mastering. Ça donne un son vintage qui s'arrime avec les premières expérimentations électronique et dont les nombreux clins d'œil n'ajoutent rien à ce que nous avons déjà entendu ou à ce qui a influencé John Scott Shepherd.
Cartesian Space nous met dans les ambiances de cet album avec une oblongue nappe de synthé, ayant une tonalité flirtant avec celui d'un orgue, qui descend jusqu'à nos oreilles afin de recueillir un dialecte électronique à consonnance extra-terrestre. Waves of Lenthor élabore une structure qui roule sur elle-même. Se fracturant par boucles, le synthé divise sa seconde nappe en harmonies zigzagantes qui montent et descendent dans une structure séquencée à la Berlin School. Ça me fait penser à l'album Cords de Synergy. Un excellent titre répétitif avec juste ce qu'il faut en nuances pour nous préserver de l'ennui. Docucon est un court titre pulsatoire qui voyage jusqu'au premier rythme analogue séquencé de Adelbert Von Deyen. Dans un même ordre d'idées, The Bridge exploite une texture plus agressive nouée sur des ruades en staccato et qui privilégie un décor psychédélique. Plus ambiant, The Stroll II propose deux nappes de synthé aux tonalités complémentaires au-dessus d'une structure de rythme ambiant qui avance comme une promenade accélérée. La pièce-titre est une continuelle avalanche de nappes de synthé qui défile par vagues sur une structure de rythme ascendante. Les parfums de vieux Klaus Schulze inonde mes tympans sur ce titre. Genesis possède la tonalité la plus contemporaine de REALMS BEYOND. Un titre immensément cosmique attaché à de belles oscillations, tant harmoniques que rythmiques, qui valsent avec les étoiles. Y-a-t-il une tempête magnétique près de Neptune? Parce que c'est la cacophonie déboulant par saccades. The Haunting termine cet album avec des pads de synthé à la tonalité Tangerine Dream, genre Wavelength, qui avancent dans une forme de procession qui respecte la vision de son titre.
Le problème avec REALMS BEYOND est qu'il semble être conçu titre par titre qui n'ont aucun lien entre eux. Un peu comme les 56 titres qui meublent l'espace Bandcamp de John Scott Shepherd. Ce manque d'homogénéité devient agaçant. Mais pris une à une, on trouve de belles pièces de musique qui nous font voyager dans le temps. Et si j'avais un album de MÉ à écouter dans un champs par un soir où les étoiles semblent à portée de mains, je penserais à certainement à ce REALMS BEYOND.
Sylvain Lupari (04/12/21) *****
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
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