“Du bon psychill qui flirtent avec le concept de la vision dystopique des années 80”
1 The Landing 5:13
2 Two Stars 4:32
3 Metamorphosis 4:18
4 Into the Sun 4:29
5 Entanglement 3:54
6 Moon Landscape 3:39
7 Another Path 5:04
8 Carousel 4:20
(DDL 35:31)
(Ambient beats, Psychill, cinematic)
Dans l'univers du psytrance ou du psychill, un album comme THE LANDING est considéré comme de la musique ambiante (sic!). Joystick est la dernière trouvaille de Synphaera Music. Et autant vous le dire d'emblée; ce n'est pas un album au diapason atmosphérique. Cet album propose des rythmes lourds, portés par de puissantes lignes de basses pulsations bourdonnantes, qui ne sont pas vraiment conducteur pour danser, pour bouger. C'est de la transe ou du psychill pour neurones qui font partie de la panoplie des styles de musique électronique (MÉ) que Nikola Vukovic tâtonne depuis une 20taine d'années. Le musicien Serbe est en effet mieux connu dans son pays sous les alias de Sarmati et Xpound où il a réalisé quelques albums téléchargeables de style goa et transe progressive au milieu des années 2010. THE LANDING est un album plutôt court qui flirte avec un univers cinématographique inspiré par la science-fiction, on peut faire quelques parallèles ici avec le genre Blade Runner ou The Matrix, dans des univers dystopiques. Offert uniquement en format téléchargeable 24 bits, ce premier album de Joystick sur le label californien propose 8 titres construits sur des paramètres quasi identiques avec des structures de rythmes flottantes qui sont aussi entrecoupés de paysages atmosphériques avant de renaître avec une fougue légèrement renouvelée.
Des accords de clavier cristallins tintent en ouverture de la pièce-titre, irradiant un fond sonore caramélisé dans un bleu cobalt. L'alternance dans les tintements des arpèges crée une délicate mélodie ambiante dont la résonnance se fond à un décor qui laisse flotter une onde de synthé plus sibylline. Élégiaque, cette ouverture se fait harponner aussitôt qu'à la première minute par une ligne de basses pulsations qui expire de sourds grondements dans une structure de rythme pour piétons qui aiment flâner. La mélodie resplendit toujours un peu plus, faisant même cavalier seul dans un passage atmosphérique autour de la 3ième minute. Cette courte phase met en relief ces nappes de synthé dont la vision dystopique flirte avec le genre de Vangelis dans Blade Runner. Des drones sonores s'invitent en même temps que la ligne de basses pulsations réapparait avec un débit légèrement plus rapide pour une finale qui conserve tout le cachet de l'ouverture de The Landing. Ainsi est l'enveloppe de The Landing et ainsi seront les autres enrobages des titres de cet album, à quelques nuances près. Two Stars propose un beau chant séraphique d'un synthé qui libère aussi une zone de brume orchestrale. Une délicate intro qui se fait absorber par les lourds accords grondants d'une nappe de basse vampirique. Une séquence de rythme harmonique se met à dandiner en arrière-plan, structurant un rythme qui danse avec les offrandes toujours lyrique du synthé. Ce rythme pulsatoire détache une ombre plus limpide qui danse en symbiose pour graduellement s'évaporer, laissant le chant du synthé flotter dans une zone atmosphérique qui coupe le titre en deux. Un court passage avant que Two Stars ne redevienne ce qu'il était. Metamorphosis est le premier titre que l'on pourrait qualifier atmosphérique. Et encore là, il est bon de spécifier que c'est une musique d'atmosphère percussive avec des battements sourds bien éparpillés sur les 4 minutes d'un titre avec des parfums de Vangelis sur les nappes d'un synthé qui flottent avec une teinte de morosité dans les harmonies ambiantes. Dans une vision plus dramatique, et avec des élans de gargouillis rythmiques éteint dans des retenus élastiques, Another Path est le second titre que l'on peut qualifier d'atmosphérique dans cet album.
Into the Sun propose un rythme pulsatoire syncopé. Des basses pulsations sautent en simultanée avec des arpèges aussi nerveux et plus lumineux dont la vélocité ascendante varie selon le côté où le rythme sphéroïdal penche. La portion harmonique est divisée par secteurs avec des arpèges flottant sans structure précise. Ça donne plus de dimension à une musique qui se réfugie aussi dans un passage atmosphérique qui réénergise l'approche rythmique ainsi qu'harmonique avec un fascinant jacassage des arpèges. Moon Landscape est de même acabit, avec plus d'effet d’écho dans les claquements percussifs. Il propose aussi une vision plus mélodieuse. De sinueuses ombres bourdonnantes passent d'une oreille à l’autre en ouverture de Entanglement. Ici aussi, le synthé libère de douces ondes dont le côté spectral flirte avec une forme de poésie éthérée. Le rythme surgit peu après la 45ième seconde. Faisant sautiller ses arpèges séquencés vivement, il propose aussi une forme d'alternance ayant une portée plus mélodieuse que rythmique. Une ombre s'en détache pour battre en symbiose jusqu'à ce que le titre entre dans sa zone atmosphérique pour renaître avec une vigueur à peine plus accentuée. Carousel termine THE LANDING avec une délicate chorégraphie sautillante d'accords de clavier qui dansent sobrement avant de se faire percuter par une nuée d'accords qui tintent et virevoltent dans un tourbillon statique. Une dramatique nappe de synthé ayant la dimension d'un violoncelle géant laisse planer ses lentes lamentations. Le titre embrasse dès lors une fascinante procession avec une forte texture cinématographique d'une vision de planète dévastée.
Fidèle à l'étiquette du label Californien, Nikola Vukovic propose une MÉ qui flirte avec le concept d'une vision dystopique des années 80. Créant sa musique à partir de scénarios qu'il fomente dans sa tête, Joystick propose un court échantillon de sa créativité et de son talent dans les presque 36 minutes que dure THE LANDING. Sur des structures qui s'apparentent dangereusement, il réussit à maintenir l'intérêt de l'auditeur en ajoutant, en pimentant constamment ses structures d'ingrédients et d'effets électroniques qui attisent la curiosité des oreilles.
Sylvain Lupari (28/09/22) ***½**
Disponible au Exosphere Bandcamp
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