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Writer's pictureSylvain Lupari

JUTA TAKAHASHI: Miyabi (2021) (FR)

Ce nouvel CD a une touche dérangeante qui tire nos émotions de la racine de notre âme

1 Stellar Light 13:56

2 Miyabi 12:50

3 Rêve Lucid 16:40

4 Devotions 18:02

(CD/DDL 61:34) (V.F.)

(Ambient Music)

C'est par une paisible ombre bourdonnante que le synthé exprime sa mélancolie en ouverture de Stellar Light. Ce mouvement ambiant construit son avancé par des impulsions silencieuses de fixées dans le creux du mouvement lors de son ondulation. Rarement la musique de Juta Takahashi n'aura été aussi expressive qu'avec son nouvel album MIYABI. Émouvante comme apaisante, elle coule avec ce ronronnement qui semble nous fredonner un air alors que le piano étale ses notes avec la crainte de ne plus se souvenir de sa mélodie. Mais c'est plutôt une oisive nappe de violon brumeux qui se sert d'une note égarée pour prendre son envol. Et toujours, ces notes tombent une à une alors que la brume mystique inonde nos sens. Jouant sur sa densité et son intensité, elle attire notre attention vers ce coin de paupière qui ne tient que par un fil la réalité du moment. Il y a quelque chose qui s'est produit dans la musique de Juta! L'artiste du Japon retourne à ses anciennes symphonies de musique méditative en ajoutant un élément rythmique qui se meut par les intonations de ses nappes plus légères et moins bourdonnantes ici, exception faite de Rêve Lucid. Ce nouvel album du Steve Roach asiatique possède une troublante touche émotive qui nous arrache nos émotions par les racines des poils de nos bras ou de notre échine dorsale. C'est un peu comme une renaissance pour JT, comme lors de la sortie du très beau Albion en 2017.

La pièce-titre est un petit chef-d'œuvre avec son piano qui étend une ligne vive où se posent deux autres notes pensives. Cette structure onirique est séquencée, créant un rythme minimaliste acoustique auquel s'ajoute une autre ligne, toujours vivante, du piano. La brume orchestrale apparait une 30taine de secondes après la 2ième minute. Dense, elle enveloppe intensément la ritournelle ascendante du piano. À un point tel qu'on en oublie un peu sa présence, concentré sur ces orchestrations et cette ligne de basse-pulsations qui tombent quelques 2 minutes plus loin. Développant avec une paresse créative ce long fleuve lyrique, Juta joue avec nos émotions. Il insère des lignes de synthé plus passionnées avant que de superbes perles du piano se mettent à tinter 2 autres minutes plus tard. Alors on s'assoit et on écoute…On écoute cette pure merveille faire la fortune de nos émotions. Un superbe titre mon ami Juta! Rêve Lucid nous ramène dans les habituelles sphères de musique ambiante bourdonnante du musicien nippon. Le bourdonnement est linéaire avec un effet vibrionnant dans sa masse sonore qui suit un long corridor d'où s'échappent par moments des arpèges, des pads d'orgue et aussi des bruits discernables mais non-identifiables. Un vrai titre de musique ambiante ténébreuse. Devotions est un autre joyau de tendresse sur MIYABI. Bien qu'incisive, sa texture musicale est moins bourdonnante avec de longilignes ondes de synthé ornée d’une tonalité de flûte brumeuse. Le piano étend ses notes qui pétillent dans cet univers corrosif dont les éclats irisés appartiennent à ces deux éléments lorsqu'ils se rencontrent. Plus parcimonieuse que minimaliste, la mélodie fait son œuvre avant d'être terrifiée par un claquement de portes métalliques qui nous sort de la torpeur autour de la 6ième minute. Cet élan du tintamarre donne un second souffle plus orchestrale à Devotions avec des éléments atmosphériques comme une chute d'eau et des gazouillis d'oiseaux fictifs. Le piano revient avec une langueur qui fait perdre le son de ses notes dans ce latent crescendo des orchestrations qui atteignent des pointes d'émotivité jouant au yoyo avec cette brume anesthésiante à l'invitante couleur de bleu acier.

Splendide sur la vaste majorité de son parcourt, MIYABI est offert en CD manufacturé, ainsi qu'en format téléchargeable HQ, dans une belle réalisation sonore et une jaquette qui rend justice à la musique. Un magnifique album mon cher Juta Takahashi.

Sylvain Lupari (13/01/22) ****½*

Disponible au Juta Takahashi Bandcamp

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