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Writer's pictureSylvain Lupari

K. MARKOV: Visitors (2020) (FR)

Ce Visitors est un petit bijou qui peut accaparer nos oreilles pour les prochaines semaines

1 Visitors 8:54

2 Close Encounter 8:06

3 Fluid Emotions 7:15

4 Gone Too Far 8:37

5 Exotic Landscape 7:55

6 Alien Plant 8:21

7 Dream Creatures 9:07

(DDL 58:19)

(Cosmic Berlin School)

J'avais hâte d'entendre ce prochain album de K. Markov chez Synphaera. Souvent ce deuxième album constitue une déception face à notre attente. Mais pas ici! Par contre, on ne tombe pas en amour à la première écoute de VISITORS. Bien que la musique, ses rythmes, ses ambiances et ses harmonies, soient conçu dans le même terreau que Interactivity, le musicien Croate étale l'immensité de son talent dans une optique un peu plus créative.

L'aventure débute avec la pièce-titre et son ouverture remplie à ras-bord d'effets sonores diversifiés, allant à des effets de course d'autos à de lourds tintements de cloches et à des voiles spectrales qui flottent comme les draps de Casper. Simplement, on mélange tout et ça fait le boucan d'une rencontre de 3ième type sur près de 120 secondes. Une ligne de basse séquences étend un rythme pulsatoire dont l'écho dans un miroir reflète une deuxième ligne qui la bécote. Accoté serrées, ces lignes gravitent dans un bouillon cosmique rempli de divertissements sonores uniques aux visions progressives des créateurs de sons et d'ambiances. C'est lorsqu'une troisième ligne s'ajoute que la profondeur statique de Visitors accueille une mélodie susurrée sur ce pattern rythmique qu'une ligne de flûte élabore un peu plus. Si tout paraît anodin à la première écoute, les écoutes subséquentes révèlent une riche faune sonore qui se diversifie et s'amplifie à mesure que l'on explore ce rythme hypnotique légèrement sautillant. Par exemple, cette mélodie qui semble venir de nulle part! Elle était pourtant ancrée dans la troisième ligne du séquenceur et se transformait tranquillement en cette mélodie dont les ions déboulent avec grâce dans un délicieux ver d'oreille.

C'est ça la découverte de VISITORS et de sa pièce-titre dont les brumes nébuleuses entraînent vers Close Encounter. Les gribouillis qui virevoltent comme des feuilles sans pays affrontent des accords graves qui font Jean-Michel Jarre dans les moments tragiques de sa période Oxygène et Équinoxe. Cette ouverture de 45 secondes arrête de souffrir lorsque le séquenceur active une ligne grasse créée à partir de ruades de chevaux qui soubresautent dans un mouvement chaotique linéaire. Des harmonies d'églises injectent une beauté paradoxale sur ce mouvement belliqueux qui croise une phase ambiante autour des 3 minutes. Une phase où la matrice rythmique corrige le tir en laissant partir des gros filaments remplis de secousses se déployant en ondes réverbérantes et stroboscopiques. Une splendide mélodie onirique gémit au travers le Mellotron. Elle implante un charme dans nos oreilles en même temps que des secousses rythmiques isolées amplifient l'origine statique de Close Encounter qui possède assez d'éléments pour être exploitable bien au-delà de ses 8 minutes. Comme en témoigne ce rock cosmique qui nous scie les jambes pour même pas 60 secondes avant sa finale séraphique trop hâtive. C'est aussi ça la découverte de VISITORS. Et ainsi de suite… Fluid Émotions est une splendide ballade électronique sculpté à l’ombre des émotions de sa ligne de rythme ambiant et ses ions qui se vident avec des auras austères. Une courte ligne de rythme harmonique sillonne ce down-tempo pas tout à fait former avec ses impulsions rythmiques égarées sur sa structure de 7 minutes.

Gone Too Far se défait de son intro d'éléments atmosphériques, on parle de plus de 2½ minutes ici, pour foncer tête baissée, comme un train rythmique Berlin School, dans un fort mouvement linéaire qui sert la cause des synthés. Hormis les effets sonores d'usage et d'autres cosmico-industriels, ces synthés exorcisent d'autres démons tonals en plus tisser des approches mélodieuses hybrides et des solos de vampires assoiffés de nos oreilles. Des cliquetis accompagnent le rythme soutenu comme une bête entêtée du séquenceur, alors que des sabots de bois y dansent la claquette dans les derniers moments de Gone Too Far. C'est un excellent Berlin School qu'on aime encore plus à chaque nouvelle écoute. Idem pour Exotic Landscape qui fuit une ouverture de 90 secondes d'éléments cosmiques avant d'offrir un de ces rythmes spasmodiques que Tangerine Dream importait dans sa tournée électrique de 81-82. Si les nappes de synthé circulaires ont une vision Jean-Michel Jarre, les autres effets des synthés sont très près de ceux que le trio Franke-Froese & Schmoelling incorporait à sa musique. Le rythme est soudé par des soubresauts continuels du séquenceur auquel le musicien Croate attache des pads de brume et insère un ion perdu de façon à désynchroniser la perfection New Berlin School de Exotic Landscape. Les nappes de voix chthoniennes complètent un décor qui nous fait voyager dans le temps. Et ce voyage n'est pas terminé! Alien Plant, et ses ambiances aquatiques, est un étonnant titre qui nous ramène à la période Dig It de Klaus Schulze. Ces accords sculptés dans du métal liquéfié en verre stratifié, sonnant comme des glockenspiel, sont les maîtres de son ouverture boitillante. Les pads en verre grésillant de débris et d'effets statiques agrémentent cette Dolce Vita contemporaine qui se sauve avec un mouvement très Berlin School du séquenceur. À fond le volume mes amis! Dream Creatures termine cet excellent album avec un mouvement sautillant qui se perd dans une immense toile de vélin s'effilochant en poussières industriels. Le synthé mugit des harmonies réverbérantes qui se tortillent comme un immense ascaride à sa naissance. Ce ton est menaçant et ne laisse en aucun moment songer à une suite plus musicale avec un très beau synthé soufflant ses solos comme du cristal musicale sur une approche rythmique devenue plus uniforme. Un rythme plus nerveux où Markov insère ce ion troublant, maintenant un axe plus limpide et soutenu où les immenses claquements mécaniques et ses riffs de clavier aux années Le Parc sont les compléments abstraits à ces merveilleux solos de synthé qui ont soutenus avec grâce un titre ambiant et statique que nous allons aimer encore plus d'écoute en écoute. Signe irrémédiable que K. Markov et Synphaera viennent tout juste de nous donner un petit bijou qui va accaparer nos oreilles pour les prochaines semaines. Un digne successeur de Interactivity.

Sylvain Lupari (28/08/20) ****¼*

Disponible au Exosphere Bandcamp

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