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Writer's pictureSylvain Lupari

KELLY DAVID: Meditation In Green (2019) (FR)

“Un voyage électroacoustique captivant pour les amateurs de musique tribale où nos rêves errent à vols de drones”

1 Meditation in Green 9:51

2 Imperial City of Drone 9:12

3 A Bend in the River 8:20

4 Plain of Reeds 9:42

5 Laukoo 8:18

6 Moonlight Mekong 6:09

7 Bells of Can Tho 6:27

(CD/DDL 57:59)

(Tribal Ambient, drones)

Le nom de Kelly David nous est plus familier depuis sa collaboration avec Steve Roach dans l'album The Long Night en 2014. Auparavant, j'avais entendu Broken Voyage. Un fascinant album, réalisé par Steve Roach, de musique tribale ambiante dans un univers d'échantillonnages de la nature et de longs murmures de drones ou de respirations lugubres et bourdonnantes. Et c'est un peu beaucoup l'univers de MEDITATION IN GREEN, un très bel album qui demande juste que nous jetions une oreille attentive aux détails. Parce qu'ils sont nombreux! Imprégné par des ambiances des forêts vietnamiennes du Delta du Mékong, ce premier album de Kelly David sur Spotted Peccary est habité par une luxuriante faune sonore crée par une multitude d'échantillonnages des champs bordant rivières, ce qu'on appelle (field recordings), d'habitants clandestins et d'instruments du folklore vietnamien colligé par Vu Nhat Tan. Et c'est le musicien originaire du Colorado qui a réalisé cet album de A à Z en alliant synthés analogue et digital à des instruments plus acoustiques et à sa propre banque d'échantillonnages qui comporte une panoplie de percussions en tout genre.

La pièce-titre s'installe avec un souffle aigu et ses effets d'écho se diluant dans des tintements et des blessures industrielles. Ce mélange de froideur et de chaleur, qui arrive par des brises analogues, instaure un débalancement harmonique avec d'étranges échantillonnages de voix dissimulées dans un tintamarre ambiant. Des filaments se détachent afin de former des lignes d'écho dans un environnement qui se gave des lignes de synthé errantes et des murmures d'instruments asiatiques, dont des souffles de percussions tribales. On y entend des chœurs et des concertos de moineaux qui étirent leurs intrusions sur les réverbérations des gongs. Des enregistrements de la nature (oiseaux, chants des ruisseaux et grenouilles) se greffent à une finale qui repousse les limites de la musique méditative avec ce tintamarre ambiant et persistant qui s'apaise justement dans les dialogues des habitants des marais. Meditation in Green ajuste notre ouïe pour les 50 prochaines minutes à venir. Dénudées de rythmes soutenus et de passages mélodieux, ces minutes sont le reflet d'une fascinante vision de son auteur. Prenons Imperial City of Drone, ça dit ce que ça veut dire! Loin d'une musique pour se diriger vers la nuit, les ambiances sont torpillées par des explosions de bourdonnements qui noient la présence d'un Sitar et d'un mouvement de rythme évasif. Cette intense ouverture met la table à une seconde moitié plus spirituelle avec des brises reposantes dont la couleur de métal bleu reflète la présence d'une chorale sibylline. Chaque titre de cet album utilise savamment son temps avec de fines permutations entre rythmes tribaux et ambiances, sinon entre ambiances méditatives et ambiances cinématographiques plus intenses. Assez intense pour nous sortir de notre cocon méditatif.

Ainsi, la pluie et les tonnerres éclatent dans une forêt vietnamienne. Un rythme tribal émerge des ambiances de A Bend in the River, mais pour un bref instant, avec de bonnes percussions claniques alors qu'un séquenceur opte pour une ascension rythmique plus dynamique. Les chants des drones et des nappes de synthé plus oniriques figent une incertitude alors que les multiples échantillonnages nous plonge littéralement dans une excursion sonore finement détaillée. Plain of Reeds nous amène sous l'arche d'une grotte et de ses souffles caverneux où pétillent les flammes d'un feu timide. Les vents et leurs bourdonnements sifflent entre les roseaux alors qu'une autre forme de rythme lascif stigmatise notre attention jusqu'à sa finale. Laukoo fait sursauter et dérange notre état de quiétude avec les fracas d'un gros gong résonnant. Un état végétatif s'installe avec des échos de gongs et de percussions tribales orientales. Les vents se lèvent et les ambiances s'obscurcissent avec des éclats de percussions qui s'intensifient et meublent les minutes avant qu'un autre style de rythme tribal nous attire dans une trappe hypnotisante. Moonlight Mekong est peut-être le titre qui nous attire le plus facilement dans les filets de MEDITATION IN GREEN. Ses ambiances sont chaleureuses avec ces tonalités émiettées des percussions qui forment une nappe métallique rendue bleue par des souffles astraux. La guitare de Drew Redfield ajoute un fin décor mélodique, comme un langoureux blues cosmique joué par un guitariste nostalgique. Bells of Can Thot termine notre voyage au cœur des forêts vietnamiennes avec une orage qui éteint sa fureur dans les souffles ailés d'un maillage de percussions et de brises d'un synthé qui priorise une finale nettement plus méditative avec une fine percée harmonique qui erre sans vision jusqu'au dernier souffle de MEDITATION IN GREEN; un captivant voyage électro-acoustique pour amateurs de musique tribale ambiante où nos songes errent à vols de drones.

Sylvain Lupari (23/09/19) *****

Disponible au Spotted Peccary Bandcamp

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