“Body Love est un incontournable dans toute collection de MÉ du genre Berlin School des années 70, ou encore de musique progressive”
1 Stardancer (13:38)
2 Blanche (11:44)
3 P.T.O. (27:12)
BONUS TRACK
4 Lasse Braun (22:26)
SPV 085-304112 CD - REV 015
(CD 75:10)
(Floating Berlin School)
BODY LOVE est le 7ième opus dans la chronologie des œuvres de Klaus Schulze. Et la grande question était; comment un artiste peut survivre à une œuvre comme Moondawn? Schulze ne l'a pas trouvé compliquée! Sa réponse? BODY LOVE! Et, c'est tout un voyage musical que le musicien Allemand nous a concocté. Une œuvre inattendue qui déculotte, sans aucun jeu des sens ici, près de 30 ans plus tard. Une œuvre géniale où Schulze démontre sa maîtrise des mouvements corporels et des fluides sensuels qui s'en dégage.
Une tempête cosmique s'abat dans nos oreilles! Stardancer débute avec une douce ligne de synthé qui fait scintiller ses arpèges miroitant dans les faibles murmures d'une lointaine chorale qui orgasme dans un univers galactique. Effets sonores cosmiques comme électroniques, batterie désordonnée qui chute et exécute des roulements aériens avec acharnement et gaz morphique qui parfument une atmosphère à la dérive; l'introduction de Stardancer est gargantuesque. De toutes parts fusent des effets hallucinants d'une ère psychédélique cosmique! Et le rythme bascule dans une démence qui entourait les structures de Moondawn avec une ligne de basse séquences qui oscille avec force et une batterie très ordonnée et sculptée par les habiles mains d'Harald Grosskopf. C'est tout ce dont Klaus Schulze avait besoin pour nous amener dans son univers rempli de solos de synthé qui suivent cette cadence échevelée modulée par le séquenceur et la batterie. Des nappes de voix entourent ce duel batterie et solos de synthé dans un contexte analogue que personne n'a réussi à reproduire depuis, sauf le Maitre Allemand. BODY LOVE est effectivement une suite à l'album Moondawn. Lasse Braun, directeur du film porno Body Love, avait utilisé la musique des albums Timewind et Moondawn comme première trame sonore de son film. Le producteur avait essayé des chansons plus pop, mais ça ne collait à l'esprit de son film, encore moins aux mouvements sinueux et langoureux des acteurs. Ainsi Lasse Braun contacta Klaus Schulze pour que ce dernier compose une trame sonore aux influences de Moondawn. Ce que Schulze fit, admirablement bien d'ailleurs. Stardancer est en tout point conforme aux séquences débridées de Floating. Les gros solos de synthé, la batterie qui surplombe le tout avec grâce et pragmatisme. Un grand titre!
Blanche a été composée pour la compagne de Schulze à cette époque. Une superbe ballade électronique qui niche sur une ligne de basse très discrète où les notes d'un piano muent en un synthé dont les solos stridents semblent pleurer dans le cosmos. Les solos, d'une langueur sensuelle, traînent avec nonchalance, donnant à Blanche une profondeur nostalgique unique. P.T.O.! Ah…P.T.O. Quel superbe morceau! À partir d'un simple souffle, Schulze élabore une ligne en suspension qui progresse sur des pulsations qui rassemblent de soyeuses percussions hypnotiques. C'est une longue kermesse qui avance sur un tempo minimaliste monté sur une suite de sept séquences ascendantes où Schulze y va encore de superbes solos et des arrangements orchestraux toujours avec ces chœurs astraux qui murmurent en silence. La structure évolue avec une intensité qui est liée à cette complicité entre Harald Grosskopf, qui fait rouler sa batterie sur un rythme en mutation, et les solos de synthé très alambiqués de Klaus Schulze. Un titre aussi intense que Stardancer, le rythme frénétique de P.T.O. frappe son mur vers la 22ième minute afin d'embrasser une longue finale nettement plus éthérée, plus astrale. Cette nouvelle réédition de SVP offre un titre en prime. Enregistré à la même époque, ce titre hommage à Lasse Braun possède effectivement la même essence. Des notes tombent avec résonance dans une atmosphère atonale. Tranquillement, cette litanie sonore forme une séquence qui se meut avec souplesse, sur de suaves solos de synthé. Un paysage sonore très familier de la période Picture Music et Timewind.
BODY LOVE est un incontournable dans toute collection de Musique Électronique du genre Berlin School des années 70, ou encore de musique progressive. C'est une œuvre intense, profonde et sans faiblesse où les synthés sont enivrants comme j'ai rarement entendu. Une orgie synthétisée de bon goût et fort suggestive. Il y a juste Klaus Schulze pour faire ça. Et, il y a une suite…Mis à part le titre supplémentaire en prime et un superbe livret, cette nouvelle édition n'apporte rien de mieux au niveau mixage et remastering. Donc, la possibilité de trouver ce titre usagé, soit les éditions Thunderbolt, que je possède et que je trouve encore mieux, et Magnum America est assez bonne. Profitez-en, c'est un autre (oui, oui) chef d'œuvre de MÉ vintage. Berlin School ou pas!
Sylvain Lupari (26/08/06) *****
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