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Writer's pictureSylvain Lupari

KLAUS SCHULZE: Dig It (1980) (FR)

De l'analogue au digital! Dig It marque le début d'une nouvelle ère pour la MÉ,le New Berlin School

CD

1 Death of an Analogue 12:15  

2 Weird Caravan 5:03  

3 The Looper Isn't a Hooker 8:17  

4 Synthasy 22:56  

5 Esoteric Goody (Bonus Track) 28:21

DVD

6 Linzer Stahlsinfonie 62:22

Brain 811 632-2 (1980)

SPV 78832 DCD - REV 076

(CD/DVD 139:33)

(New Berlin School, EDM)

De l'analogue au digital! Pour bien des amateurs de MÉ des années vintage, l'arrivée des synthétiseurs, séquenceurs et échantillonnages numériques sonnait le glas d'une musique qui malgré son âme électronique exhibait une profonde émotivité. Pour Klaus Schulze, DIG IT marque la fin d'un long épisode. L'analogue est mort, vive le digital! Cette réédition démontre à quel point KS était bel et bien en avance sur son époque. Pourtant la première fois que j'ai entendu le rythme lent de Death of an Analogue (saviez-vous que la musique fut utilisée pour le film de Montclare: Rendez-vous de l'horreur?) flotter sur les percussions chirurgicales de Fred Severloh et sur un texte récité par un vocodeur à la Kraftwerk, j'ai comme reçu une douche froide. Et le funky groove de Weird Caravan? Humm…. Déception! Nous étions bien loin des ambiances de Body Love, Mirage ou X. Sauf que le musicien Allemand nous avait mis un peu la puce à l'oreille avec Heart de l'album Live. Mais toujours à cette époque, j'étais fasciné par le jeu des percussions et les synthés aux tonalités argentés qui tissaient de latents ver-d'oreille. Et tranquillement, l'album se tailla une place de choix quelque 2 à 3 ans plus tard. Et ensuite l'oubli! Jusqu'à cette réédition de Revisited Records. Une réédition qui vient avec un très beau livret nous expliquant les tenants et aboutissants de cet album, qui prend ici une toute autre dynamique, ainsi que 2 titres en prime dont un très beau DVD d'un concert très artistique donné dans le cadre du Ars Electronica de 1980. Mais revenons à la musique et à son époque…

Une délicate onde de synthé épouse le cliquetis des cymbales, amplifiant une mesure attendue qui se perd dans les lourdes frappes de percussions. Death of an Analogue arrive dans nos oreilles avec cette envoûtante tonalité des couches passives d'un synthé errant. Fred Severloh martèle ses peaux avec un mouvement symétrique qui sera l'épine rythmique d'un titre au rythme flottant, alors que d'autres percussions tombent comme des frappes aléatoires sur une peau étonnamment tendue. Les 3 premières minutes de Death of an Analogue sont sublimes. Le rythme hypnotique est trappé dans les couches d'un synthé qui plane comme les belles envolées nocturnes de Body Love. Mais déjà on sent que l'enveloppe musicale est différente. Les tonalités, comme le rythme, sont calculés dans une structure qui abroge toute forme de fuite improvisée. Les nappes de synthé embrassent les pleurs d'une flopée de violons mélancoliques lorsque arrive le vocodeur. Si au début cette onirique portion robotique agace, elle finit par se fondre à cet étonnant décor musical aux sonorités d'un autre monde dont le rythme lent et hypnotique est soyeusement enrobé d'un synthé aux fines nappes orchestrales. Les fines subtilités dans le tempo accrochent la passion, tandis que Severloh reste génial aux percussions et que tombent les premiers accords numériques, un peu après la 8ième minute, sous la forme de fines notes cristallines qui sautillent avec leurs sonorités de xylophone couché sur une enclume. On ne peut nier l'envoûtement, comme on ne peut ignorer notre désir d'entendre encore du Schulze analogue. Après ce rythme lent et minimaliste, Weird Caravan éclate avec un rythme funky groovy ainsi qu'avec une lourde et ondulante ligne de basse qui accompagne un clavier aux tonalités d'une orgue sur un air de gospel électronique. Ne gaspillant pas une idée de génie, Schulze unit les deux styles de Death of an Analogue et Weird Caravan afin de mouler le rythme indéfini de The Looper Isn't a Hooker et ses lentes ondulations org-asmiques.

Synthasy est ce qu'il y a de plus près des longs titres alambiqués de l'ancien Klaus Schulze. L'intro est ambiante et imprégnée d'un bon effet dramatique avec ses couches de synthé autant orchestrales que spectrales qui flottent dans un univers de Fantôme pour Opéra digital que de belles enveloppes d'orgue apprivoisent autour des roulements épars de grosses caisses. Les ambiances se corsent vers la dixième minute avec cette approche cacophonique qui caractérise les longues envolées improvisées de Schulze. Le synthé libère de belles strates autant musicales que vocales qui moulent une étrange mélodie pour claustrophobe alors que des voix chuchotent dans l'ombre de nos oreilles et que le tempo se dessine autour des nappes d'orgues et des percussions qui modèlent un rythme régulier. Un rythme vampirique qui bat comme une horloge digitale dans les pénombres d'un univers hybride où l'analogue respire encore avec tant de belles choses à nous chanter et à nous charmer. C'est avec étonnement que j'ai appris que Esoteric Goody provient directement des sessions de DIG IT! Pourtant son approche et sa texture sonore n'ont rien à voir avec les rythmes et ambiances du 13ième opus de Klaus Schulze. C'est un long mouvement arythmique où l'on suit un vaisseau spatial propulsé par des cerceaux métalliques dans un univers velléitaire qui nous rapproche des œuvres ambiantes et sans vie rythmique d'un KS aussi cosmique que rêveur. Ceux qui aiment les effets sonores d'un monde sans frontières seront magnétisés par Esoteric Goody. Cette version de Revisited Records vient avec la performance de KS sur DVD au fameux Ars Electronica de 1980. Cette symphonie pour aciérie est tout simplement déroutante. On y voit un Schulze dans toute sa splendeur, affublé d'un vêtement d'ouvrier et entouré de ses nouveaux jouets numériques et de ses murs analogues, étaler son architecture musicale où tous ses styles se fondent en une étonnante symphonie industrielle. D'un tintamarre angélique à des sombres ondes pastorales, en passant par des rythmes endiablés et des ambiances tétanisées, Linzer Stahlsinfonie embrasse toutes les phases de Klaus Schulze dans un montage où le décor surréel épouse des images psychédéliques, témoin d’un étonnant duel entre la chaleur analogue et la froideur digitale qui donne un délirant festin musical aux axes de ses paradoxes tant éthérés que rythmiques.

De l'analogue au digital, DIG IT marque le début d'une nouvelle époque pour la MÉ. Ses rythmes et harmonies pavèrent la route à des artistes tels que Robert Schroeder et Software (Mergener/Weisser) ainsi que ce label obscur (IC) qui donnait un nouveau souffle à une musique qui vendait son âme au New Age. C'était la naissance du New Berlin School…

Sylvain Lupari (13/08/07) *****

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