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Writer's pictureSylvain Lupari

KLAUS SCHULZE: Dreams (1986/2005) (FR)

“Dreams est le petit chef-d'oeuvre de la période numérique/digitale de Klaus Schulze”

1 A Classical Move 09:40

2 Five To Four 07:57

3 Dreams 09:25

4 Flexible 04:16

5 Klaustrophony 24:40

6 Constellation Andromeda 23:52 (Bonus-Track Studio recording from 2003)

Brain LP 831 206-1 (55:58) Revisited Records SPV 085-304052 (CD 79:50)

Si Inter*Face avait quelque peu déstabilisé ses fans, Klaus Schulze réussit à les apaiser avec un album qui fait le pont entre la période digitale, celle plus orchestrale de X et celle plus analogue avec des odeurs de Moondawn et même Timewind. C’est le meilleur de ses mondes en un superbe album.

C’est dans un gros fracas orchestral que s’ouvre A Classical Move. Un violon s’en échappe et flotte lascivement dans un mouvement ambiant assez mélodieux. Une ligne de séquences aux touches lourdes et zigzagantes se prépare en arrière plan. Agile, même si lourde de ses touches, elle supporte le mellotron violoné et ses harmonies saccadées à la Audentity qui se mêlent à des discrets tintements de glockenspiel jusqu'à ce que le mouvement explose avec une batterie lourde qui martèle une cadence résonnante. La 2ième partie de A Classical Move est superbement arrosée de mellotrons aux airs de violons et aux souffles flûtés. Le rythme est lourd et dévie pour un court instant sur un mouvement plus sinueux et plus doux avant de reprendre son lourd tempo assommant. Moins sombre et plus tempéré, Five to Four fait le lien entre A Classical Move et la pièce-titre. Il y flotte une sorte de saveur orientale sur un léger mouvement de spirale. Les parfums de Audentity subsistent dans les orchestrations douces qui embrassent un mouvement de séquences immobiles dont les clés se perdent dans les sonneries qui dormaient sous le rythme de A Classical Move. En dépit de beaux arrangements où les voix se fondent dans des orchestrations et le rythme dévie vers une légère teinte jazzy, Five to Four reste une longue transition entre A Classical Move et la pièce titre. Une longue intro cinématographique pave la voie à Dreams, un titre ambiant aux sombres intonations qui augmente en intensité sur un mouvement qui va en crescendo avec émotion. Du vrai Schulze aux instincts mystérieux sur un titre trop court, car dès que les percussions, les arrangements orchestraux et les chœurs virtuels se gonflent on souhaiterait un mouvement sans fin. Flexible détonne avec son beat groovy qui se dandine sur des orchestrations à la Phil Collins. Si le pattern des séquences sonne familier, les arrangements orchestraux respirent d'un mouvement funky, alors que la guitare sonne comme un genre de country rock. C'est l'un des titres les plus bizarres de KS. Mettons que ça doit être ça, la flexibilité.

Klaustrophony est la pièce maîtresse de DREAMS et, honnêtement, l’une des très bonnes dans le répertoire de Schulze. Un croisement entre Timewind et Moondawn avec la sonorité et les technologies d’aujourd’hui. Des tintements flottent dans un univers obscur. J’entends des fantômes de Mirage ici. Ils sont supportés par une fine ligne séquencée très subtile qui joue avec les réverbérations et les tintements des notes scintillantes. Ça vous rappelle quelque chose? Cette portion est de la pure poésie musicale. Une symphonie de verre. L’enveloppe musicale prend forme autour d’un synthé sombre qui libère des harmonies dont la discrétion passe sous silence devant une nuée de strates orchestrales et d’une chorale aux harmonies Schulziennes. Happé par l’œil du cyclone musical, on remarque à peine que Klaustrophony s’habille des mêmes accords qui ponctuent l’ensemble de DREAMS. Le mouvement augmente en intensité avec des gerbes de violons plus dense et des percussions qui martèlent et roulent avec délicatesse, comme pour préserver un mouvement qui me rappelle Crystal Lake. Dans la densité harmonieuse de Klaustrophony une guitare acoustique fait son apparition. Nunu Isa pince ses cordes avec émotion et sensibilité lorsque la batterie devient plus incisive et martèle ce passage avec résonance. L’apothéose est à son comble. Schulze délivre ici un titre grandiose. La voix berbère d’Ian Wilkinson est à point et s’insère admirablement bien au milieu des strates violonées et des orchestrations croissantes, enrichissant une structure musicale qui avale chaque note avec avidité pour la faire rouler inlassablement dans une spirale harmonieuse. Les intonations et changements de tons de Wilkinson sont tout simplement parfaits et apportent beaucoup d'émotion à ce superbe titre qui vaut l’achat de DREAMS. Bien que composé en 2003, Constellation Andromeda est une superbe pièce de musique présentée dans le cadre d'un spectacle musical pour les synthés Alesis. Publié en édition limitée sous le nom de Ion, Constellation Andromeda est vite devenu objet de rareté dont les bootleggers en ont faient leurs droits pour le revendre à pris d’or sur le Net. N’ayant aucune autre pièce écrite dans la période de DREAMS, Schulze trouvait qu’elle avait une certaine similitude avec la structure de DREAMS et l’a insérée comme titre en prime sur la ré édition de cet album. Bien que très différent, avec sa structure de rythme aux pulsations qui saccadent dans une enveloppe contemporaine plus musical, c’est une décision judicieuse car le titre sied très bien à DREAMS au final. C’est une longue structure de rythme minimaliste passif dont l’évolution cogite dans des brumes aux particules bleutées. Et à mesure que Constellation Andromeda, le rythme et l'ambiance s’alourdissent sur de bonnes frappes de batterie qui remplit les espaces entre le mouvement saccadé.

La 1ière édition de DREAMS valait déjà le coût en 1986, Klaustrophony et A Classical Move figuraient déjà parmi les incontournables de Schulze. Cette ré édition, avec une structure sonore améliorée, un beau livret et un titre en prime qui est au-delà des attentes vaut définitivement l’investissement. Si l’ensemble de l'album n’est pas un chef d’œuvre, Klaustrophony, A Classical Move et Constellation Andromeda en sont trois vrais. Une œuvre indispensable du catalogue de Klaus Schulze.

Sylvain Lupari (11/11/06) ****½*

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