“Froid mais intensément onirique, Mirage est un album intemporel de Klaus Schulze qui a influencé toute une génération de musiciens depuis 1977”
1 Velvet Voyage 28:16
2 Crystal Lake 29:15
Thunderbolt CDTB 033
(CD 57:321)
(Berlin School, Ambiant)
MIRAGE! Ouf je relis cette première chronique et je me dits que je m'en suis débarrassé… comme un MIRAGE. Et pourtant, si vous saviez comment je m'en mords les oreilles. Un ami Internet m'a fait remarqué que j'avais loupé cette chronique et que l'édition SVP était plus froide, en plus d'y avait des erreurs au niveau mixage ainsi que des ‘‘tics et clics’’ harassants en ouverture de Velvet Voyage. Bref que j'aurais intérêt à réécouter cet album avec une autre édition pour reconstruire une chronique qui rendrait justice à cet album. L’écoute de Big in Japan m'a replongé dans les terres rêveuses de Crystal Lake et par le fait même m'a amené à ré-écouter la version album qu'un ami m'a fait gracieusement parvenir et je dois admettre que j'ai carrément manqué le …MIRAGE! Velvet Voyage est un long voyage synthétisé où Schulze juxtapose ses strates de synthé sur un lent développement musical et le tempo apparaît subtilement en un rythme sinueux. L'effet de solitude est accablant. Nous sommes en pleine implosion planante, qui bouge finement sur des mouvements incertains, donnant une lourdeur conflictuelle. Un synthé aux multiples souffles de brume en ouvre les premières lignes. Nous pénétrons dans un bel environnement spectral avec des lamentations de sirènes aux chants difformes qui circulent parmi de dramatiques effets du Farfisa. Des nappes de clavier flottent dans une belle ambiance orchestrale alors que de fines oscillations font avancer le rythme flottant de Velvet Voyage qui présente, je dois admettre, une superbe intro onirique. Une intro qui devient plus caustique et irisée un peu après la 5ième minute avec une curieuse chorale qui y va de chants hachurés avant que Velvet Voyage ne reprenne ses droits d'ambiances cosmique avec de superbes couches de synthés qui se meuvent comme des ombres flottantes dans une faune aux lamentations psalmodiées. Sonnant comme des violons chimériques, les couches de synthé planent sur une belle ligne de basse vaporeuse aux sourdes implosions, alors que les bruits hétéroclites d'un cosmos étranger surgissent pour guider Velvet Voyage vers un doux dandinement séquencé. Des séquences cristallines qui scintillent et brillent plus qu'elles ne pulsent, nous guidant ainsi vers une deuxième partie hypnotique emplie de superbes solos de synthé qui chantent sous les impulsions d'une basse juste assez éveillée pour nourrir ce délicat rythme rêvasseur.
Des séquences en verre alternent et sautillent avec une fragilité innocente en ouverture de Crystal Lake, mon premier véritable coup de cœur musical pour Klaus Schulze. C'est un superbe mouvement du séquenceur avec ses ions qui scintillent comme les flots d'une rivière argentée. Le flux est hypnotique et minimalisme et est joint par une autre ligne du séquenceur au dandinement plus fluide qui danse comme les anges passent sur une délicate structure cristalline. Un fluide mouvement du séquenceur aux tonalités de multiples clochettes dessine cet horizon sonore aux notes de cristal. Des couches synthétisées aux intonations variables épousent ce mouvement de carrousel cristallin qui rayonne dans un crescendo croissant où les bourdonnements de synthé planent au dessus de ce maelström à notes autant aiguës que basses. Minimalisme, circulaire et accrocheur le mouvement devient plus dramatique en deuxième portion mue par des élans d'une ligne de basse mordante qui donne un effet ondulant aux lourdes impulsions animant ce lent fleuve tranquille. Solitaire, un synthé accroche son souffle sur ce fond de basse. De fines notes percent le silence de cristal et se nourrissent de leurs échos, propulsant le mouvement en une tornade synthétisé un peu similaire à celui de Velvet Voyage pour vriller de leurs résonances et flotter de ses solos symphoniques. Un titre sublime qui, malgré ses longueurs (phénomène inhérent aux œuvres minimalistes), est un pur classique de l'ère primaire de Klaus Schulze dont ce mouvement du séquenceur nourrira bien d'autres œuvres de MÉ contemporaine.
Ce qu’il y a de plus bénéfique dans l'écoute et l'analyse de Big in Japan aura été le désir renouvelé de réentendre MIRAGE, ainsi que d'autres vieilles œuvres de Klaus Schulze, avec une toute nouvelle approche. En fait j'y ai redécouvert un superbe album aux subtiles nuances et progressions séquencées qui sont toujours noyé dans le rêve ou le cristal. Donc faute avouée à moitié pardonnée! MIRAGE est bel et bien un chef d'œuvre! Mais, un petit conseil, tenter de trouver l'édition Island ou Thunderbolt. Il en circule à des prix très abordables sur eBay.
Sylvain Lupari (13/07/07) *****
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