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Writer's pictureSylvain Lupari

KLAUS SCHULZE: Royal Festival Hall Vol.2 (1992) (FR)

Festival du Royal Hall Vol. 2 démontre que des bruits, Klaus Schulze est capable de construire quelque chose de fort”

1 Ancient Ambiance 44:45   2 Anchorage 11:03   3 Variation On B. F. 11:45   Virgin CDVE 917

(CD 67:54) (Progressive orchestral EM)

Si vous avez trouvé les premières mesures de Yen difficile à digérer, vos oreilles vont encore souffrir avec l'ouverture de Ancient Ambiance. Cacophonique? Je crois que Klaus Schulze a résolument défoncé ce terme avec ses intros aussi lourdes qu'indigestes qui finissent toujours par aboutir sur une sublimité quelconque. L'introduction m'horripile! Clapotis d'eau, coups de rames, cris de macaques, souffles d'éléphants de mer, chœurs d'enfants Elfes, murmures à la Zoolook, explosions de percussions, orchestrations aussi harmonieuses qu'indomptables et j'en passe…Mais la suite? Quel délice! Vers la 9ième minute (Oui! 9 minutes), de douces nappes de violon entrecroisent leurs euphonies symphoniques et installent la base rythmique de ce long titre de 45 minutes.

Cet hypnotique et minimaliste mouvement en staccato est construit sur un rythme souple farci d'éclats de batteries, percussions crotales, chœurs enfantins et voix de femme genre Laurie Anderson qui s'entremêlent dans un maelstrom assez mélodieux pour une structure aussi échevelée. Une structure de rythme qui maintient sa croissance progressive dans un genre de délire musical finement orchestré où tout s'imbrique, même l'improbabilité. Du délire sobrement délivré sur un rythme hoquetant et chaotique et moulé dans une démesure qui dépasse Beyond Recall. Car il y a de la fureur, de la violence et de la passion dans Ancient Ambiance qui se défonce sur des percussions débridées, mais à des doses pondérées, un peu comme un bourreau qui veut étirer son plaisir. Et Schulze l'étire ce plaisir. Un violon apparaît vers la 16ième minute, nuançant la dimension de cette symphonie des sons avec une approche plus folklorique qui aurait embêté nos ancêtres. Et il continue de surprendre nos oreilles avec de belles percussions électroniques qui sonnent tellement comme des vraies tribales et des soupirs de femmes qui nous font sursauter et qui déstabiliseraient le diable sur un tempo de plus en plus frénétique. Un tempo qui s'estompe peu à peu dans un remous statique où des voix musulmanes récitent une ode Persane. On pénètre dans une phase plutôt ambiante où les échantillonnages peuvent parfois froisser les oreilles. C'est un passage obligé si l'on veut se délecter d'une finale à couper le souffle. Mais avant, la progression passe par un gros mouvement de séquences et percussions vers la 34ième minute. Attachez vos tuques avec de la broche car ça défonce. Un Schulze démoniaque et lâché lousse empile et délivre ses échantillons sur une structure aride et très rockeuse nourrie de superbes percussions et des accords de guitares à la Göttsching dans un intense rock cosmique qui roule comme une frénétique danse du ventre où se vautrent de sulfureux solos de synthé. Tout à fait sublime… Ces 10 dernières minutes valent le coup de se taper cette horrible ouverture ainsi que le prix du CD. C'est du Klaus Schulze de haut niveau qui démontre encore de bien belles choses.

Un saxophone solitaire ouvre les premières mesures de Anchorage. Une douce intro suavement mélancolique traîne sa peine sous une obscurité ocrée par l'arrivée d'échantillonnages aux sonorités de violoncelles et de cris boréaux. La basse roule ses notes comme une danse lascive avec des mouvements de déhanche que Schulze aime tellement élaborer afin de sortir une étrange sensualité cérébrale sur un fil de verre aux éclats de Crystal Lake et aux souffles de plaisir. Un étrange mais beau titre où les barrissements se mélangent à des cris de macaques sous une fine envolée synthétisée d'un Schulze secret. Un Klaus Schulze rêveur qui mijote une structure au crescendo latent, hypnotique et envoutant et qui se démembre dans une folle inversée structurelle. Variation On B. F. offre une approche plus austère, plus symphonique avec les cordes de violoncelle qui grattent une structure lourde animée de pulsations étouffées et de chœurs féminins où l'approche de l'exploitation de Totentag se fait sentir. Un beau titre, plus classique. Dans la foulée de Dresden 4, mais avec une approche plus classique.

Que ce soit le Vol. 1 ou le 2, moi je débuterais avec le 2, Royal Festival Hall est une œuvre complexe dont la prémisse demeure un vaste collage d'échantillonnages sonores sur une structure musicale qui peine à émerger, sauf pour le volume 2. Le Vol. 1 a ses forces (Silence and Sequence) et son penchant Grégorien à la Vangelis, alors que le volume 2 est tout à fait renversant avec une approche plus émotive, plus passionnée. Klaus Schulze y a mis la gomme, touchant même le versant de ses racines de Berlin School avec une finale époustouflante sur Ancient Ambiance. Tout à fait remarquable!

Sylvain Lupari (05/07/10) ****½*

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