“Beaucoup d'échantillonnages et beaucoup de tapages pour rien, à tout le moins pour les 30 premières minutes...et puis le génie de Schulze”
1 The Dome Event 63:31 2 After Eleven 10:44 Venture | CDVE 918
(CD 74:15) (Minimalist, orchestral and tribal)
Honnêtement! On parlerait de cet album s'il n'était pas de Klaus Schulze? Je n'en suis pas vraiment certain! Délaissons le chauvinisme! Mettons de côté, ne serait-ce qu'un instant, ce culte démesuré qui est l'apanage des fans irréductibles du maître Allemand et parlons musique. Juste de musique! Eh bien moi, j'ai trouvé que ce THE DOME EVENT, comme Totentag en passant, était un album de trop dans la discographie, déjà bien garnie en matière d'albums en concerts de cette époque, de celui que j'affectionne le plus dans l'univers de la MÉ. Bon, nous avons eu le Royal Festival Hall l'année d'avant et le The Dresden Performance deux ans plutôt. Le rapport? Les longues introductions truffées de voix iconoclastes et d'échantillonnages qui défient la patience, sinon l'ennui. Il me semble que Schulze a fait littéralement le tour de ses recherches pour mettre un point à tout cela. Non!
Le trop long The Dome Event est un fleuve sonore de 63 minutes qui est constitué en 3 parties. Les premières minutes offrent une introduction bigarrée avec des effets de voix d'opérettes à la Zoolook et d'autres voix fragmentées dans des ambiances Arabes ou Orientales. Les douces nappes de synthé, nourries avec des effets de flûte qui rappellent inlassablement ceux de Tangerine Dream dans Le Parc, perdent de leur lustre éthérée dans des effets de voix qui se fondent dans des lamentations de violons. Les percussions! Toujours et toujours, ces amoncellements de frappes qui ne structurent aucun rythme mais qui murmurent un tapage, alors que des effets sonores nous tirent toujours vers des ambiances orientales. Une longue intro d'échantillonnages qui perdure au-delà des 6 minutes avant qu'une structure de rythme ne s'implante. C'est doux, oisif! Des accords, vêtus d'une tonalité de guitare acoustique, tressent une ballade ambiante qui se fait secouer par des coups de percussions basses. Un synthé flûté caresse ces deux éléments dans un duel ambiant qui étendra sa structure minimaliste au-delà des 35 minutes. Comme un architecte qui semble désabuser, le Maître disperse des effets sonores (voix, effets orchestraux, flûtes, violons et autres) qui épaississent les ambiances, alors que les percussions gonflent peu à peu un rythme lent qui restera toujours très épuisé par la lourdeur des échantillonnages. Au-delà des 30 minutes, les ambiances deviennent un flot de tranquillité où se dessine paisiblement la partie 2 de The Dome Event. Et là mes amis, on pardonne tout à Schulze!
Après un large éventail des possibilités d'échantillonnages biscornues qui dure un gros 3 minutes (c'est long!), les percussions Tablas restructurent un rythme paisible en un plus nerveux. Des cliquetis pimentent cette approche tribale d'un autre univers alors que le synthé embaume l'air de caresses orchestrales. Peu à peu, la deuxième partie de The Dome Event se met en branle. Des chants de flûtes, des babillages électroniques et des percussions animées d'un souverain désir techno égrènent le temps. C'est magnétique et envoûtant. Une grosse ligne de basse mâchouille nos oreilles un peu avant la barre des 43 minutes, rappelant ces mélodies haletantes et dissoutes dans Audentity ou encore Trancefer. L'arrivée des carillons sonnent le glas de ces ambiances distordus, amenant The Dome Event dans une finale survoltée ou Klaus Schulze a du littéralement assommer son auditoire avec un rythme vif et saccadé torturé de solos plus qu'audacieux. Tout simplement superbe. Mais il faut bel et bien passer les 35 premières minutes pour se rendre à cet oasis électronique. Avait-on besoin de After Eleven? Composé (sic!) un an après le concert donné à la cathédrale de Cologne, ce titre en prime offre une structure plus fluide qui s'arrime assez bien aux ambiances de ce concert. Les percussions sonnent horriblement fausses et la ligne de basse est trop présente et parfois même hors contexte avec les frétillements des percussions. Encore ici la deuxième partie est plus intéressante avec de belles orchestrations sur une structure semi techno bourrée d'influences berbères et déchirée par ces explosions orchestrales qui sont devenues la signature de Schulze dans ces années d'échantillonnages orchestrales. Donc j'ai trouvé ce THE DOME EVENT très long à apprivoiser. Klaus Schulze a offert de bien meilleur enregistrements que celui-ci, mais je dois avouer que les 30 dernières minutes de la pièce-titre vaut la dépense...
Sylvain Lupari (16/10/10) *****
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