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Writer's pictureSylvain Lupari

Kontroll-Raum Gate 23 (2023) (FR)

De la MÉ plus ténébreuse et toujours à l'avant-garde du moderniste

1 The Runaway 11:15

2 Waiting for Departure 10:16

3 The Impossible Groove 9:47

4 Rumble @ Bungalowdorf 8:46

5 Sparkling 11:10

6 It all Starts with the Second Step 14:20

7 Cats, Sheep & Dogs 7:24

(CD Digipak/DDL 73:00)

(Dark ambient Berlin School)

En numérologie, le chiffre 23 est considéré comme porteur de chance, de liberté et d'aventure. Il combine les vibrations du chiffre 2, qui évoque la coopération et le partenariat, avec celles du chiffre 3, symbole de créativité et de communication. À l'inverse, c'est la porte derrière laquelle peut se cacher l'inconnu ou la conspiration mondiale des Illuminati. Comme ça peut être bien d'autres choses! La pochette du CD peut guider aisément notre interprétation. Et ces interprétations autour du nombre 23 sont aussi nombreuses que très discutables pour les être plus rationnels. Plus terre-à-terre. Pour Kontroll-Raum, et surtout les fans de ce nouveau trio de musiciens Allemand, c'est la suite très attendue à Check In, un très solide album que Bas Broekhuis, Frank Rothe et Mario Schönwälder ont réalisé au printemps 2021. GATE 23 est plus sombre et expose des introductions qui flirtent avec une ambiance de musique ténébreuse, pour ne pas dire chtonienne, qui peut être en relation avec le sens de son titre. Mais n'ayez crainte! Les rythmes, qui oscillent entre le Berlin School et du rock électronique avant-gardiste, sont encore aussi présents que dans Check-In

Une onde de drones étend son linceul vibratoire qui accueille des nappes de synthé aux orchestrations harmonieuses. Ces éléments flottent, dérivent même, autour de différents accords cadencés qui bondissent et résonnent de leurs textures caoutchouteuses. Des wiisshh et des waasshh remplacent les bourdonnements. Et une chorale chtonienne, les orchestrations. Le synthé lance des filaments qui nous rapproche plus du Cosmos. Les premières minutes de The Runaway sont tissées dans ce mystère. Le Cosmos, les abysses ou les harmonies célestes! Ça reste toujours du domaine de notre perception puisque qu'une pulsation malveillante émerge de ce décor après la 4ième minute, conspirant pour un rythme à venir avec des textures de percussions manuelles, genre Bongos. On reconnait d'emblée la signature des artistes du label Manikin Records, plus particulièrement ce lien unissant les 2 comparses de toujours, Bas Broekhuis et Mario Schönwälder. Le séquenceur active une ligne de rythme bondissante autour de la 5ième minute. Le rythme tangue sous des nappes de synthé aux couleurs d'un prisme criant de luisance. Des percussions, manuelles comme électronique, stimulent ce rythme de style New Berlin School qui s'apparente de plus en plus à une course pour échapper à une quelconque entité, d'où cette texture d'ambiances sibyllines avec des nappes de synthé aux harmonies inquiétantes et aux orchestrations nébuleuses. Les voix chtoniennes sont toujours dominantes dans une seconde moitié de The Runaway que Bas triture avec un brillant jeu de percussions électroniques. Une éclaboussure sonore attachée à une note de basse est à l'origine de Waiting for Departure. La basse structure une approche rythmique furtive où les couleurs pastel de ces giclées d'accords s'étendent comme des tâches d'encre sur un papier-buvard. Ces tonalités, on dirait des riffs de guitare, s'évanouissent comme les ondes fait par un doigt plongeant dans l'eau disparaissent. Une nappe de brume orchestrale ajoute une vision poétique aux ambiances où se greffent des textures de trompettes. Le rythme devient plus accentué, il reste tout de même ambiant, avec l'ajout du séquenceur et de son mode ascension de style Berlin School. Le synthé multiplie des nappes brulantes, des orchestrations aériennes et des solos harmonieux sous forme de torsades réverbérantes. Des éléments percussifs se mettent à tinter et à sauter d'une oreille à l'autre. D'un haut-parleur à l'autre. Le rythme accentue alors sa cadence après la 6ième minute, alliant dans une parfaite symbiose cadencée le séquenceur, les percussions et la basse synthétisée. Une ombre de basse vibrionne lourdement pour initier les ambiances bourdonnantes de The Impossible Groove. Une ouverture d'ambiances chtoniennes avec des effets de décalage nous amène vers une structure de rythme branchée sur un accord du séquenceur qui sautille dans une incohésion rythmique. Des percussions déboulent aussi par frappes désynchronisées sous les irradiations de cette basse bourdonnante. Peu à peu, un rythme tangible s'installe. Le mouvement de la basse séquence s'inspire du titre précédent, mais avec juste un peu plus de vélocité dans la démarche. Les cliquetis dansent les claquettes sur ce qui devient un Groove improbable. Les solos de synthé, harmonieux, se mettent à pleuvoir en même temps que les synthé multiplient des pads et des textures harmoniques.

Rumble @ Bungalowdorf débute aussi sous le signe du mystère et des intrigues sonores. Le synthé fait crisser des lignes où l'azuré se mélange à l'écarlate dans une ambiance sibylline, qui oscille entre les ténèbres et les cieux. Le synthé injecte du miel musical avec des solos langoureux, alors que la basse établit un rythme aussi lent que la marche d'une tortue. Ce sont les éléments percussifs qui dynamisent ce rythme, notamment ces effets de claquettes en bois, où le synthé lance toujours ces harmonies mielleuses. Les percussions s'agitent et redirigent ce rythme vers un rock/techno avec ces éléments sonores atmosphériques qui dérivent tout autour. Le synthé maintient sa vision onirique avec de beaux solos. Et ce, même si le rythme s'active avec plus de nervosité avant de se laisser endormir par eux. Sparkling nous ramène au bon vieux New Berlin School à la Broekhuis, Keller & Schönwälder. Le titre démarre lentement avec des séquences harmonisées sur une texture de bois des caraïbes. Elles sautillent sous des solos de synthé qui font très Klaus Schulze et des sons projetés artistiquement afin d'injecter cette couleur pastel aux tonalités environnantes à Sparkling. Un peu comme le titre l'indique de toute façon. Le rythme accélère la cadence avec des patterns ascendants répétitifs, tandis que les percussions déboulent avec la même synergie. D'autres textures, autant de rythmes que d'harmonies des synthés, s'ajoutent donnant encore plus de profondeur à un des moments très forts de ce GATE 23. Du haut de ses 14 minutes, It all Starts with the Second Step propose une introduction d'ambiances ténébreuses. Du Dark Ambient avec une enveloppe luciférienne qui irait à merveille avec un film d'horreur satanique. Les brises creuses et les souffles chtoniens inondent un caniveau immonde où pétillent et scintillent des lueurs perdues. Le séquenceur fait résonner un pas lourd mais agile qui décrit des axes rotatoires sur un autre mouvement de rythme ascensionnel. On reste dans le domaine cinématographique sombre avec des nappes d'orchestrations brumeuses qui sillonnent les ambiances de leurs lourdes ailes conçues sur des cordes de violons. Minimaliste avec de légères modulations et l'ajout de textures supplémentaires, le rythme devient de plus en plus entrainant sous les raids d'un synthé et de ses lances harmoniques aux tonalités couinant comme des bébés brebis aux cordes vocales éraillées. C'est un autre gros morceau dans cet album qui se termine avec Cats, Sheep & Dogs, le titre le plus entrainant et fougueux de GATE 23 avec un mélange de Tangerine Dream et Jean-Michel Jarre dans un rock électronique déjanté. Ça aussi, c'est du pur bonbon pour les oreilles…

Aussi solide que Check In, GATE 23 est un très bel album où Kontroll-Raum prend le contrôle de nos émotions, avec des ambiances ténébreuses, et de nos oreilles, avec de belles palettes de couleurs harmonieuses des synthé ainsi que leurs diversités dans les effets sonores, avant d'être maitre de nos pieds, avec des rythmes de plus en plus entraînants à mesure que GATE 23 progresse sur les vagues de ses 7 titres, et de ses 73 minutes d'une musique électronique toujours à l'avant-garde du moderniste.

Sylvain Lupari (14/12/23) ****½*

Disponible au Manikin Records Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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