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Writer's pictureSylvain Lupari

LA PONTO ENSEMBLO: ISHMAEL at Quintessence (2022) (FR)

Un album aussi compliqué et surréaliste que son histoire avec de belles textures de piano

1 Malfermi 4:17

2 Drifting and Flowing 7:54

3 Fyre (in the sea) 5:19

4 Transcendental Pulpit 8:32

5 His Face 7:56

6 River, River 9:38

7 Ishmael's Lament 6:32

8 Open Water 4:56

9 The Public Burning of Wooden Pianos 3:45

10 1/4 tone Prepared Metal Piano 2:59

11 Tidal Jump 4:26

12 Ishmael's Lull 6:18

(DDL 72:36)

(Art for Ears, Experimental)

C'est avec douceur, mélodie et mélancolie que le délicat piano dans Malfermi nous introduit au second tome d'une trilogie qui sera complétée dans une semaine de La Ponto Ensemblo. Cette fois-ci, le nouvel univers de The CERN Diaries a dû revenir en arrière pour se créer un passé dans ISHMAEL at Quintessence. Cette nouvelle étape se déroule en 1855 et Ishmael Crane est devenu un observateur de choses comme les pianos en métal qui peuvent jouer directement dans l'éther et les machines volantes qui sont organiques. La table est mise pour un album aussi compliqué et surréel que son histoire avec des structures qui changent de visages afin de souffler le chaud et le froid sur les visons d'alarme qu'elles projettent. On ne cherche pas ici les usuelles structures de musique électronique (MÉ), Hans-Dieter Schmidt et E-Clark Cornell cherchent plus à exploiter des structures orchestrales qui exposent une approche dramatique quasiment angoissante. Une fusion entre Philip Glass et Max Richter! Si les approches mélodieuses sont mieux définies et plus présentes que dans The CERN Diaries, les structures musicales sont tissées de moments de quiétude ou tout simplement chamboulés par de violentes explosions orchestrales.

Intense et implacable, la structure de Drifting and Flowing reflète l'esprit de son titre avec cette sensation de couler à travers ces arrangements qui peignent une eau agitée et ses vagues qui en sont aussi ses prédateurs. Le piano est toujours aussi penseur avec ses notes qui trainent dans un décor orchestrale nourrie d'une ambiguïté qui sert très bien la vision cinématographique de l'album. Si Drifting and Flowing est intense au niveau des émotions, Fyre (in the sea) l'est encore plus avec de violents arrangements en staccato qui saccagent une ambiance survolté par l'énergie d'un feu sur l'eau. Nous sommes dans une portion difficile de l'album avec ce titre et la longue descente abyssale de Transcendental Pulpit. Les lignes de synthé sculptent une lente agonie qui est récupérée par la marche solennelle d'un piano qui n'arrive juste pas à faire contrepoids avec les ambiances du titres. Le premier jet d'ambiances angoissantes se dessine sur ce titre qui est pourchassé par un sentiment de sérénité avec des arpèges étoilés qui dansent vaporeusement entre des notes de piano électriques coincées sur un discret rythme en sourdine à saveur intimiste légèrement Jazzy sur His Face. River, River reprend un peu les ambiances de douleurs métalliques ressenties dans Fyre (in the sea). L'approche dissonante fusionne avec des moments plus musicaux où la musique irradie de ses plus belles intonations dans une structure décalée au niveau sonore qui s'explique sans doute par cet univers parallèle dans lequel Ishmael Crane cherche ses réponses.

Les trouvent-ils dans Ishmael's Lament? Ce titre propose une belle texture de piano mélancolique dans un environnement sonore marqué de bruissements chevrotants (angoisse) et par une plus belle vision harmonieuse lorsque le violon fait pleurer ses cordes dans l'ombre d'un piano dominant. Un très beau titre qui fait respirer sa mélancolie de la première à sa dernière note. Et c'est tant mieux puisque Open Water est un titre cinématographique angoissant avec son enveloppe ténébreuse et ses saccades de violons derrière un décor cauchemardesque. Les orchestrations se développent dans une vision angoissante avec une voix ululant la peur en arrière-fond. Frissons garantis! The Public Burning of Wooden Pianos est un titre insaisissable avec une étrange ambiance où accords à cordes à consonance tibétaines se mêlent à des réverbérations assourdies par une enveloppe musicale fantomatique. Nous sommes maintenant dans la 2ième portion difficile de l'album et on nage toujours dans l'incompréhension avec 1/4 tone Prepared Metal Piano qui respire par une structure aussi Drifting and Flowing. Toujours imprécis, le titre offre une seconde partie plus musicale, alors que Tidal Jump poursuit cette quête où l'abstrait flirte avec une vision mélodieuse inachevée. Ishmael's Lull met en lumière la personnalité complexe du personnage avec deux textures de piano, une mélodieuse et l'autre aléatoire de sa démarche, aiguisent leurs émotions sur une structure aussi déchirée que ce sombre héros d’une incroyable histoire et de son odyssée entre des univers parallèles. La suite et la finale prochainement…

Sylvain Lupari (25/02/22) ***½**

Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp

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