“C'est l’un des meilleurs albums pour ceux qui cherchent toujours des imitateurs très sophistiqués et créatifs de Tangerine Dream”
1 Impetus 5:58
2 Trance Journey 13:44
3 Immersion 10:30
4 Translook 11:03
5 Train of Impressions 10:28
6 Maelstrom 5:30
7 Two Worlds 5:04
8 Yonohamo 3:43
9 Return 6:32
Spheric SMCD 1003 (CD 72:32)
(New and Retro Berlin School)
1995! Cette année marque un tournant dans la carrière de Lambert Ringlage qui quitte son aventure en solo pour réaliser des œuvres en duo avec Stephen Parsick, Palantir et Wolfgang Barkowski. Cette période, pourtant festive pour les fans du style New Berlin School, allait être ponctuée de nombreuses interruptions qui aujourd'hui restent toujours sans explications. Mais avant ce changement de cap dans sa carrière, Lambert avait une autre surprise dans son coffre; DIMENSIONS OF DREAMS. Un autre album toujours fortement inspiré par Tangerine Dream, des années Virgin à Melrose, ce 8ième album solo du fondateur du label Spheric Music prenait une tangente qui allait infiltrer les ondes de TranceSession, un autre excellent album du genre Berlin School que je recommande fortement.
Impetus ramasse nos oreilles avec une splendide structure de séquences très harmonieuse où Lambert n'a plus rien à apprendre de Chris Franke. Le rythme est solide, appuyé par ce mouvement de séquences et de sobres percussions électroniques très MIDI, et supporte une mélodie d'un synthé des années 90 qui étend des ombres crépusculaires et qui font dans le très TD des années Virgin. Le jeu du séquenceur déculotte les oreilles avec des directions inattendues et le synthé sculpte des solos digne d'un rossignol électronique. Un excellent départ, qui sonne un peu rétro aujourd'hui sauf que le séquenceur et les solos de synthé restent toujours d'une incroyable efficacité. Après ce départ canon, Lambert nous offre 4 longues compositions assez créatives et qui ont superbement bien vieillies. Tout d'abord Trance Journey et son introduction qui mélange assez bien le style baroque du clavier et des effets théâtraux aussi nébuleux qu'un loup avec sa démarche sournoise. Un mouvement de séquence cristallin fait gambader ses ions qui sautillent dans un désordre raffiné tandis qu'une ligne de basse accentue la démarche à tâtons de l'introduction. Minimaliste, cette structure de rythme accueille des effets cosmiques et une autre ligne de séquences qui se fait très discrète. Ce mouvement plus ou moins ambiant atteint une étonnante phase de combat intergalactique avec un assaut de séquences qui donne un aspect jeu vidéo à une musique qui lorgne un peu le genre transe ambiant avant de reprendre une route plus Berliner. Et comme toujours, Lambert orne sa musique de très bon solos.
Immersion est plus en mode rock électronique avec une furieuse guitare d'Andreas Paeth qui déchire les ambiances avec de furieux solos. Translook est un superbe Berlin School qui a dû inspiré, ou vice-versa, les ambiances de Trancesession. Les séquences et les percussions, qui font plus réelles ici, sculptent une approche minimaliste qu'une solide ligne de basse encadre à merveille. Les ambiances virent au genre très ténébreux à la Redshift ou ['ramp] autour de la 6ième minute. Un passage aussi renversant que délicieux, les nappes de synthé étouffent avec leurs effets de vieil orgue, d'une durée de 2 minutes avant que le rythme ne redevienne un bon Berlin School aussi ondulant qu'un long serpent et ses s hypnotiques. Train of Impressions est un autre très bon titre qui fait trop TD, période Logos. Je sais qu'il y a une multitude d'émules de Tangerine Dream qui fait rage depuis la venue des équipements MIDI, mais j'ai rarement entendu une version aussi près de l'ère Logos qu'ici. Incroyable! Lorsque je lis ici et là que Lambert Ringlage est devenu aussi bon que Chris Franke dans le maniement du séquenceur, DIMENSIONS OF DREAMS, et surtout Train of Impressions, est sans doute à l'origine de cette affirmation. Par la suite, l'album prend une autre tangente avec une série de courts titres qui paraissent bien pâles après ces 45 dernières minutes exceptionnelles. Maelstrom est sans histoires alors que Two Worlds est plus expérimentale et nettement plus attrayant. Même avec des nappes bien pesantes et une structure de rythme plutôt ambivalente, Yonohamo n'a eu aucun effet sur moi, mis à part de le sauter et passer à Return. Un titre très explosif qui conclut l'album le plus élaboré et le plus musical de Lambert Ringlage. Il y a tout près de 60 minutes très costaudes dans DIMENSIONS OF DREAMS, un des meilleurs albums pour ceux qui recherchent toujours et encore des élèves et des descendants très raffinés et créatifs de Tangerine Dream.
Sylvain Lupari (22/08/2017) ****¼*
Disponible sur Spheric Music & Groove
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