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LAMBERT: Drachenreise (2015) (FR)

Updated: Nov 13, 2020

Fans des époques Schmoelling & Haslinger de Tangerine Dream, vous serez enchantés par cet opus de MÉ très musical de Lambert

1 Corona 7:35

2 Stairs 5:58

3 Estranho 4:44

4 Hill 7:34

5 Call 4:48

6 Past 4: 56

7 Motion 4:44

8 Sunrise 4:55

9 Lonely 3:04

10 Source 3:17

11 Doucement 5:05

12 Drachenreise 7:30

(CD 64:20) (New Berlin School)

Vingt ans! Près de 20 années ont passées depuis que Lambert Ringlage estampillait le genre Berlin School avec Trancesession en 1995. Sûr qu'il y a eu les superbes collaborations avec Palentir à la fin 90 et au tournant du nouveau siècle avec avec Wolfgang Barkowski (Hypnosphere). Mais en solo? Rien! Nada depuis 1995. Pour l'histoire, Lambert Ringlage a surfé sur les vagues de la MÉ de style Berlin School depuis le début des années 90 avec une signature sonique très imprégnée par le style de Tangerine Dream des années Schmoelling/Haslinger. De cette décennie naîtra de savoureuses collaborations, avec Jiannis et Ramp, où il présentait une musique plus audacieuse, plus sombre. En tout, Lambert Ringlage a produit près de 10 albums entre les années 1988 et 1998. Depuis il s'occupe de son label Spheric Music qui a mis sur le marché de beaux albums de MÉ où les genres rétro et nouveau Berlin School cohabite avec goût. De plus, il a aussi collaboré avec Wolfgang Barkowski (Alien Nature) pour deux albums d'Hypnosphere. La faible visibilité et le peu d'intérêts des médias vis-à-vis la MÉ ont motivé ces années d'absence. Son retour suscite donc énormément d'intérêt, considérant son empreinte sur les sentiers de la MÉ. Timedrift a été à la hauteur des attentes. Et je crois que ce DRACHENREISE, quoique les deux genres soient très différents, ne sera certes pas un objet de déception. Bien au contraire, il dévoile toute la profondeur de l'écriture assez harmonique du synthésiste Allemand. C'est donc à travers une douzaine de titres qui privilégient nettement plus l'approche harmonique que progressive que Lambert Ringlage explique les voyages d'un dragon.

Et ça débute avec Corona où les sombres accords qui tombent étendent une résonnance sibylline. Des lignes de synthé dessinent des pas dans ces sillages nébuleux, amenant aussi les premiers coups de percussions électroniques. Au-delà des voix qui flottent dans les sphères, la guitare de Gandalf titille nos oreilles avec de suaves solos harmoniques alors que tout doucement Corona s'envole avec un beau jeu de séquences où les ions suivent les coups de percussions et les solos de synthé suivent les esquisses harmoniques de la guitare. Une guitare qui prend le haut du pavé et lance de beaux solos dont les ombres s'évanouissent alors que le rythme de Corona se trémousse sur un lit de percussions et de séquences aux essences aborigènes percussions qui rappellent étrangement les chevrotants roulements de Poland. Les solos de Gandalf crient comme une âme perdue, j'ai l'impression d'entendre des segments de Gallery of Dreams, dans une phase ambiante. D'ambiant, le rythme s'illumine avec ces superbes séquences qui tambourinent, comme des billes sur une peau extrêmement tendue, et d'autres qui escaladent les murs des ambiances alors que la guitare de Gandalf, toujours incisive, nous rappelle combien guitare électrique et synthétiseur peuvent faire un bon ménage dans l'univers de la MÉ. Stairs nous fond dans les oreilles avec une très belle approche des années Underwater Sunlight de Tangerine Dream. D'ailleurs, DRACHENREISE est intimement lié à cette incursion du Dream dans ses territoires harmoniques empruntés à l'aube de Exit. Des courtes pièces, certaines font dans les 3 minutes, où la MÉ de Lambert Ringlage exploite plus les rectitudes des harmonies que les escapades aux formes aussi variées que ses probabilités. Pour moi Stairs est le titre canon de cet album avec ses séquences légères qui osent à peine toucher le sol. Le rythme est de soie avec de sobres percussions électroniques mais de beaux solos de synthé qui hurlent comme des larmes de guitare sur une cadence fluide mue par de délicates oscillations. J'aime cette fusion de brises éthérées et de voix soufflées de sensualité qui me rappellent Le Parc, ainsi que ces solos qui subdivisent leurs harmonies entre des illusions de guitare. Très bon! Les harmonies de Estranho s'y apparentent, alors que l'enveloppe rythmique est plus fluide, plus nerveuse. On nage en pleine période Lily on the Beach, ici comme dans Motion, avec des séquences qui alternent d'un pas vif d'une oreille à l'autre, déroulant un vif chapelet chatoyant. Sauf qu'ici, l'enveloppe des ambiances étend un voile sibyllin qui donne énormément de profondeur, ça et les multiples solos de synthé, à des compositions qui auraient sonnées plutôt blafardes sans ces éléments. J'aime bien le rythme nerveux de Hill dont le mouvement saccadé des séquences m'entraîne dans les passages les plus fumants de Flashpoint. La mélodie reste dans des tons pastels alors que les solos de synthé et leurs torsades alambiquées rappellent ce duel entre ces harmonies et ces ambiances toujours à la quête de celles d'Hypnosphere qui tenaille Lambert Ringlage. La progression du titre est magnétisante avec ces séquences qui font des rondeurs, genre rodéo, dans les ombres de percussions très lourdes. Je vous le dit; ça sonne terriblement TD. Et pas dans la pire des périodes. Call va vous séduire tout autant avec son approche tribale. L'échantillonnage de percussions manuelles crache un beau parfum d'Orient alors que les harmonies sont teintées d'un romantisme chérubin. Ici, comme dans la plupart des titres sur DRACHENREISE, l'influence des tonalités biscornues de Robert Schroeder est fort présente. Lambert exploite à merveille les effets dramatiques sur cet album et c'est encore plus criant dans Past où les ambiances, les orchestrations et les éléments harmoniques éveillent des réminiscences de TD dans Legend. Sunrise est un titre qui accroche à la première écoute avec ces séquences qui déroulent des effets de crotales sur de bonnes frappes de percussions électroniques. Si les moments d'ambiances sonnent comme des éléments d'angoisse, les mélodies qui se sauvent accrochent instinctivement un ver d'oreille à nos tympans. Lonely est une douce berceuse avec un synthé aux larmes de vieil accordéon. C'est mélancolique, ça fait très Jean-Michel Jarre, très français, alors que Source et Doucement sont de délicates berceuses qui se rapprochent du répertoire de Vangelis dans Opera Sauvage. Doucement va vous conduire aux portes des rêves, même si la minimaliste spirale accentue la cadence avec les minutes. L'intensité dans ce titre est à découper au couteau. Et les solos...Lambert Ringlage étonne carrément dans sa maîtrise des synthés et de leurs harmonies. Je dirais que c'est un des beaux albums à ce niveau. Ça et The Tape de Olivier Briand, sauf que là nous sommes dans des styles totalement différents. Étonnement, la pièce-titre termine ce dernier album de Lambert avec un rythme léger à la Jean Michel Jarre dans sa période Chronologie. Est-ce qu'un dragon peut vraiment s'envoler dans les hauteurs du cosmo? Peu importe! Car les 12 voyages de DRACHENREISE sont des petites perles de MÉ où Lambert Ringlage démontre qu'il a eu tort de s'absenter aussi longtemps.

Sylvain Lupari (21/02/15) *****

Disponible chez Spheric Music & CD Baby

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