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Writer's pictureSylvain Lupari

LAMBERT: Inside Out (1991-2009) (FR)

“Inside Out est peut-être ce qui répond le plus à ces fans qui s'ennuient du Tangerine Dream des années 70 jusqu'au milieu des années 80

1 Light Sky 5:47 2 Speed of Life 8:50 3 Nightmare 6:38 4 Atmosdepth VII 7:00 5 Mellow 4:59 6 B-10 3:39 7 Sun 10:42 8 Dolphin's Cry 9:51 9 Lost Dreams 3:13 10 Trace 6:11 Spheric Music SMCD 1001

(CD 67:20) (Solid E-Rock)

Voici l'album le plus vendu sur Spheric Music. Et après une écoute complète on en saisit toute l'explication. Réalisé initialement en 1991, Spheric Music réédite INSIDE OUT en 2009. C'est un album fait sur mesure pour ceux qui ont été attiré par le rock électronique des années MIDI. De ces années où le synthétiseur numérique supplantait les chaleurs de l'analogue avec des rythmes et harmonies facilement sculptables à l'aide de ces nouvelles technologies. C'est est une collection de 10 titres où le rock électronique est roi. Ici, pas de titres complexes mis à part quelques beaux mouvements de séquences. Juste du bon gros rock électronique que le boss de Spheric Music orne de bons effets et de belles harmonies sifflées par un synthé qui souvent s'accrochent assez aisément à nos oreilles. Et les rythmes? Sculptés sur un bon maillage de séquences qui galopent et s'entrecroisent en lignes parallèles sur les mitrailles de bonnes percussions électroniques, Lambert Ringlage y va d'un doigté qui rappellera pour plusieurs ces surprises que Chris Franke multipliait alors que Tangerine Dream délaissait sa période Pink pour celle des années Virgin. Autopsie d'un album bouillant de rythmes, de séquences nerveuses ainsi que des passages intrigants et ambiants qui constituaient l'empire musical du Dream.

Light Sky débute avec légèreté. Un bon rythme sur séquenceur en mode pulsations spasmodique et des percussions d'un genre Bongos qui supportent une approche mélodieuse fracturée par des séries de nappes orchestrales, qui font très TD, et qui tombent de façon assez abruptes. Je dirais que c'est une ouverture très accessible avec un synthé hyper mélodieux qui éparpillent ses airs agréablement dans les oreilles avec des nappes de voix éthérées. Nerveux, Speed of Life est un bon rock électronique monté sur un séquenceur agile et en mode Franke. C'est du gros rock solide qui respire par cette démarche très convulsive de Silver Scale mais avec plus de solos aigus et torsadés, les effets dramatiques des nappes/riffs de synthé y sont présents, qui roulent en boucles avec cette dextérité que Lambert Ringlage nous avait habitué avec ['ramp] et Hypnosphere. Nightmare propose une structure galopante avec un brin d'inconfort avec une couche ambiosonique qui est assez représentative de son titre. L'ouverture est dans un genre lugubre avec des arpèges qui se dandinent, telle une comptine satanique, dans un brouillard de cimetière où une fausse guitare mord nos oreilles avec des solos aiguisés. Nightmare évolue dans une ambiance funèbre avec son ombre cauchemardesque qui plane au-dessus d'un mouvement de séquenceur nerveux et convulsif, comme un troupeau d'ions affolés, avec des effets de chœur subtilement luciférien. C'est un bon titre qui tangue entre ces mouvements de Tangerine Dream dans leur musique de films et l'univers en solo de Mark Shreeve. Idem pour le colossal Atmosdepth VII qui semble sortir tout droit de Near Dark. L'introduction est dérangeante avec son ambiance glauque et ses effets qui nous plongent entre Flashpoint et Poland. Le rythme naît après les 60 secondes. Le mouvement du séquenceur est sautillant dans un corridor assez minimaliste avec une suite d'accords qui oscillent vivement, tant que l'impression de débouler est tangible entre nos oreilles, dans une mosaïque de rythme où le désordre côtoie une fascinante symétrie et où trônent aussi des effets qui rappellent indéniablement Peter Baumann dans Trans Harmonic Nights. D'ailleurs Lambert injecte ici une panoplie d'effets, comme ces riffs très harmoniques de Ricochet 1, qui font voyager l'auditeur entre la période analogue et plus numérique du Dream. C'est un très bon titre destiné à ceux qui auraient voulu que le trio Berlinois explore un peu plus ces avenues sponsorisées par les charmes de l'acide des années 70.

Mellow est une belle mélodie lente avec une guitare qui déroule de bons solos sur un lit d'arpèges fragiles avec leurs teintes de verre. Un beau slow électronique avec une belle guitare très vicieuse qui rappelle la musique de film de Tangerine Dream, aussi celle de Top Gun, mais pas autant que B-10 et son fougueux rock anthem qui s'inscrit dans la génération de Streethawk. On note la présence du guitariste Carsten Gayer ici. Sun est un titre aussi complexe que Atmosdepth VII mais avec une approche plus stylisée. Lambert nous présente une création plus personnelle qui représente un peu moins TD avec des mouvements du séquenceur qui structurent des rythmes polyphasés dans des effets de brume où rôdent de bons solos injectant des effets de violons dont les airs fusionnent avec les claviers additionnels d'Apeiron. Le jeu du séquenceur, lorsqu'il fait cavalier seul, est tout simplement délicieux. Des séquences sautillantes émergent de la vaporeuse intro de Dolphin's Cry. Le séquenceur se met en mode cours après moi que je t'attrape avec une structure vive et fluide balayant ces horizons de perdition qui berçaient une introduction bourrée de mystères. Plus audacieux que Atmosdepth VII et Sun, Dolphin's Cry évolue entre la facilité et la complexité avec des éléments qui font sursauter dans une autre de ces structures qui sont nées de Silver Scale ou de Digital Times. Deux titres qui ont embrasé la légion de fans de TD au début des années 80. Très bon! C'est sans doute le meilleur moment de INSIDE OUT. Lost Dreams est un beau slow, plus en mode blues que sur Mellow, avec une guitare qui pleure de ses harmonies et ses solos déchirants. Les effets de guitare abondent ici et ils se promènent avec nostalgie dans Trace qui termine cet album avec une structure de rythme plus ambiant. Le séquenceur semble pleurer ses ions qui sautillent comme dans une comptine diabolique qui a perdu son lustre de peur. Même les multiples et brèves effets de mitraille des percussions sont incapable de sortir ce Trace de son cocon d'hypnose morphique qui roule et roule dans un parfum d'Underwater Sunlight.

On comprend un peu mieux pourquoi INSIDE OUT est devenue l'emblème de Spheric Music. Avec sa large palette d'inspirations qui part de Ricochet et qui voyage bien après les années Blue Years, cet album de Lambert plaira assurément aux fans de Tangerine Dream. Et il ne faut pas conclure pour autant que Lambert Ringlage manque d'originalité. Bien au contraire! Il exploite à merveille le bassin de ses influences tout en structurant des carrefours rythmiques qui vont bien au-delà de ceux de Chris Franke avec une vision et une agilité qui n'ont d’égal que ce synthétiseur que Lambert travaille avec une très bonne dextérité, autant dans les harmonies que les solos. Et lorsque le séquenceur et le synthétiseur foisonnent d'idées lumineuses, nous sommes dans l'antre de la MÉ!

Sylvain Lupari (11/03/17) *****

Disponible au Spheric Music et CD Baby

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