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Writer's pictureSylvain Lupari

LAMBERT & PARSICK: TranceSession (1995/2006) (FR)

“Trancesession égale certains des classiques des années 70 et est l'un des meilleures Berlin School, sinon le meilleur, des années 90”

1 Voyage To Nowhere Part I  12:40 2 Trancemission Part I  20:20 3 Star Motion  11:53 4 Trancemission Part II  15:05 5 Voyage To Nowhere Part II  13:18 Spheric Music | SMCD 4001

(CD 73:21) (Berlin School)

Les classiques ne vieillissent pas. Étonnement, ils restent là imperturbables et toujours prêt à allumer les feux de la nostalgie. TRANCESESSION est une œuvre des plus attirantes. Du Berlin School sombre et aux ambiances dérivantes et aux rythmes progressifs qui est sorti à la mauvaise époque. Un pur chef d'œuvre qui a sans doute inspiré des groupes comme ['ramp], Redshift et Node, cet album est sorti dans l'indifférence médiatique totale. Dans les années 90, la MÉ se mourrait à petits feux devant la fuite de ses précurseurs qui cherchaient gloire, fortune et reconnaissance devant un auditoire aseptisé par la génération MTV. La presse Européenne a suivi ces vieux dinosaures, oubliant une génération de synthésistes brillants comme Lambert Ringlage et Stephen Parsick, ainsi que plusieurs autres. C'est grâce à ce bastion d'irréductibles si la MÉ, style Berlin School a su garder ses lettres de noblesses.

Le duo nous entraîne dans ces boucles, ces boules d'ondes intemporelles pour nous présenter un festin sonore qui débute et se termine par Voyage To Nowhere, une longue fresque présentée en 2 parties. La première partie débute avec des pulsations feutrées assez animées et des cliquetis de percussions métalliques dont les tsitt-tsitt sont emportés dans les voiles des vents d'un synthé et de ses parfums de vieux orgue. Le premier détail qui retient l’attention est le son. Le duo n’hésite pas à sortir les sonorités d'antan, enveloppant l'atmosphère d'une authenticité analogique avec tous les effets électroniques qui s'y rattachent. Les fans de MÉ vintage seront ravis d'entendre les parfums d'Adelbert Von Deyen trôner sur ces ambiances. Le mouvement est souple, fluide et minimaliste. Toujours appuyé sur un battement continuel et hypnotique, il modifie à peine son sentier rythmique sauf pour de fines nuances dans les tons qui échappe de faibles cahots ici et là, notamment à mesure que la finale approche. L'impression d'entendre ces fameuses rumbas cosmiques de Jean-Michel Jarre amplifie à mesure que la cadence atteint un bon rythme de croisière. C'est en haut que ça se passe. Les harmonies, les ambiances! Flottant de ses parfums hallucinogènes un brin arabiques, Voyage To Nowhere Part I offre une splendide richesse harmonique avec des ondes de synthé qui multiplient les ombres et les torsades avant d'atteindre le seuil de la créativité avec une belle mélodie jonchée sur un mouvement de séquences limpides. Les ions sauteurs forgent des cabrioles harmoniques dans un dense brouillard d'ondes de synthé aux arômes savoureusement analogues. Des ondes qui peu à peu prennent le contrôle de Voyage To Nowhere Part I qui plonge dans une violent finale qui réveillera de superbes souvenirs du temps où Picture Music de Klaus Schulze assiégeait nos oreilles. Intense! Voyage To Nowhere Part II s'accroche à la structure de sa première partie en exploitant un peu plus l'agressivité des solos.

Des vents mugissant de multiples particules soniques ouvrent Trancemission Part I qui offre une structure rythmique arquée sur des séquences dont les vives cabrioles échappent des doubles. Le mouvement rappelle les rythmes saccadés de Tangerine Dream. Une belle ligne de basse nourrie la fureur du rythme oscillatoire qui sautille dans de denses nappes aux arômes de vieil orgue. Les percussions s'arriment au rythme alors que le synthé échappe des solos aux airs sifflotées. Tout au long de ses 20 minutes, Trancemission Part I maintient sa cadence agile avec ce maillage de percussions électroniques et de séquences qui palpitent en contresens d'une ligne de basse un peu funk alors que les riffs et nappes de synthé engraissent une cadence qui sert la cause à de nombreux solos aux essences tant cosmiques qu'éthérées. C'est du gros rock électronique bourré de solos de synthé torsadés qui virevoltent dans un imposant pattern d'arrangements électroniques qui fait un peu pâlotte lorsque le débit lourd, saccadé et survolté de Trancemission Part II débarque dans nos oreilles, après une intro cosmique très Jarre. Là aussi les solos sont de la haute voltige électronique. On ne pourrait jamais imaginer être plus près du cosmos qu'avec la longue ouverture de Star Motion. Le mouvement est lent, très ambiosphérique, et flotte comme une longue ombre menaçante avec ses parfums d'orgue Méphistophélique. L'influence de Parsick ici est dominante avec ce côté ambiant noir qui dégage ses parfums métalliques. Nous sommes dans les terres d'Irrlicht. Mais pas vraiment pour longtemps! Car un fascinant mouvement de rythme naît à travers les lentes modulations des vents . Si le premier est sombre, le deuxième dévoile des séquences plus limpides qui roulent comme des boucles sans brèches dans ces lignes de synthé dont les couleurs écarlates hululent de rage. Le mouvement de séquences subdivise ses ions dansent dans une fascinante symbiose. Le rythme égale un genre d'ascension, alors que les turbulences des synthés dessinent ces vents qui minent l'escalade d'un rythme qui restera ambiant, même avec l'ajout des percussions.

Sans faire de compromis sur chacune de leurs approches artistiques; Lambert Ringlage, qui aime le rythme et la mélodie alors que Stephen Parsick pense ambiant aussi noir que ses structures de rythmes ambiants, offrent l'un des plus beaux joyaux de la MÉ contemporaine. C'est du pur Berlin School estampillé par ces visions psychotroniques dont les parfums hallucinogènes nourrissent une approche très progressive. Le jeu des séquences est superbe. Les ions sont agressifs et refusent la domination des éléments ambiosphériques, même dans Star Motion, avec des cabrioles agressives dont les approches minimalistes réfutent la soumission hypnotique. C'est une œuvre hommage aux déserteurs du genre qui ont cherché l'approche plus commerciale et qui égalent même certains classiques de l'époque. Probablement l'un des meilleurs Berlin School des années 90. Indomptable et tissé dans aucune forme de compromis, TRANCESESSION est un album de MÉ à posséder. Sylvain Lupari (15/03/07) ****½*

Disponible chez Spheric Music et CD Baby

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