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Writer's pictureSylvain Lupari

LAMP: Scales of Fortune (2014) (FR)

Un peu moins rythmé, ça reste un solide opus où la guitare est juste immersive. Et c'est toujours un bon et solide England School

1 Serendipity 15:05

2 Calamity 15:18

3 Adversity 15:28

4 Fortunity 15:10

(CD/DDL 61:11)

(Soft England School)

The Three Towers avait littéralement séduit les amateurs de MÉ au printemps 2012. La fusion entre l'approche très électronique de Michael Shipway et celle plus rêveuse, plus bohémienne de Garth Jones avait scindée deux univers dont les paradoxes se chevauchaient dans un style où les Berlin et l'England Schools arboraient une vision poétique jusqu'alors inégalée. Toujours inspiré des contes de Bernodine, SCALES OF FORTUNE nous propose par contre une MÉ un peu plus apaisante que celle du premier album du duo Anglais avec quatre chapitres soniques dont les douces et subtiles évolutions culbutent dans des finales parfois orageuses mais souvent délectablement entraînantes. Et quoique moins matraquant que The Three Towers, ce dernier opus de Lamp reste une séduisante aventure sonique, notamment à cause de la tonalité très incisive de la Burns Signature Marvin Guitars. Ses larmes sont vraiment pénétrantes, comme des coups de scalpel sur l'âme. Mais ça reste avant tout un album très électronique où la guitare et les synthés font véritablement bon ménage.

Un bourdonnement où se cachent des voix astrales et des poussières d'étoiles ouvrent Serendipity. L'amorce est très relaxante et tapissée d'une nébulosité astrale avec des brumes qui murmurent autant que les chœurs. Leurs cosmiques harmonies coulent sur les douces caresses d'une guitare dont les cordes pincent et font chanter des airs tristes et solitaires tantôt sobres et parfois aiguës, comme dans un lent blues morphique qui refuse de se cimenter, qui, des fois, font lever le poils des bras. Nous flottons dans une douce romance éthérée lorsqu'une ligne de séquences déroulent ses ions qui sautillent vivement dans les ombres d'une lourde et brève ligne de basse. Le rythme qui se dessine reste aussi ambiant que le décor lunaire. Il déboule avec de faibles cliquetis et s'accroche aux impulsions de cette ligne de basse qui respire comme une menace mais aussi comme une future implosion alors que le synthé libère des boucles cycliques qui roucoulent comme des courts solos harmoniques. Dès lors, la six-cordes de Garth Jones et le synthé de Michael Shipway s'échangent solos et harmonies, ornant la musique de beaux duels poétiques qui seront aussi attrayants que les plus beaux mots sur du papier. Tout est en mode évolution dans les univers de Lamp. Les séquences tracent une forme de rythme qui circule comme une spirale ascensionnelle qui est soutenue par de bonnes et sobres percussions électroniques. La route de ce rock électronique tempéré est enveloppée d'un dense nuage de brouillard, rappelant les charmes de The Three Towers, et de tonalités électroniques très apaisantes qui bruitent avec les brèves lamentations et ainsi que les courts solos de Garth Jones qui flottent dans des beaux effets de Mellotron. Le rythme s'emballe dans les derniers instants avec un bon rock électronique très anglais alors que les harmonies sont divisées entre la guitare très rêveuse de Garth Jones et de beaux solos de synthé aux parfums des belles années du rock progressif anglais. Construit en trois étapes, Calamity traverse un long passage embrumé de mystères et de nébulosités. Une longue intro patibulaire où rôdent des stries électriques et des cerceaux qui se détachent dès que les extrémités se touchent. De la brume et des sons, comme un champs de ruines nourri à la radioactivité. Un délicat mouvement de séquences s'élève un peu après les 4 minutes, traçant un rythme paisible qui miroite sous de superbes solos de synthé et des harmonies, contrastantes dans les tons, de la six-cordes. Ce duel électronique et électrique devient les bases d'une ode lyrique où la musique remplace les mots dans un envoûtant espace de brume où sifflent des flûtes aux harmonies enchanteresses. C'est doux et très près des hymnes électroniques des Jive de Tangerine Dream. Ces harmonies se figent un peu après la barre des 9 minutes. Les séquences hoquètent avec plus d'insistance, plongeant Calamity dans une bonne chevauchée rythmique qui égale les rythmes lourds du premier album.

Adversity ne perd pas de temps! Les séquences estampillent un rythme électronique qui se dandine avec une bonne vélocité sous des morsures de guitare dont la tonalité est un élixir de charmes. Les effets électroniques et les arrangements trament une approche dramatique alors que la guitare de Garth Jones continue de tirer le poils de nos bras. Pas de farces, il est aussi incisif et précis que le plus célèbre chirurgien plasticien. L'esthétique est superbe. Les solos pleurent sur ce mouvement de séquences qui sautillent comme des gobelins en train de se faire brûler la plante des pieds. Les séquences sont toujours présentes et nourrissent ce mouvement électronique minimaliste, même avec ce subtil mais présent crescendo qui opère son charme. Et la guitare nous parle à travers un dense nuage de brume. C'est magique, doux et franchement séduisant. Le rythme croisse avec lenteur avant d'exploser vers la 11 minutes, basculant Adversity dans un bon rock électronique nappé d'un bon Mellotron et, surtout, orné de bons solos d'un Michael Shipway qui n'a absolument rien à envier à son comparse. C'est selon moi le plus beau titre de SCALES OF FORTUNE. Fortunity s'abreuve un peu des origines de Serendipity, mais avec un décor sonique bipolaire où les éléments tergiversent entre un état bucolique ou cosmique. La guitare est omniprésente et lance des harmonies, ou des solos harmoniques, qui errent avec la même ambiguïté que le décor. Une ligne pulsatrice basse ondule sournoisement, forgeant un rythme gravitationnel qui roule en boucles sur de bons solos de synthé. Ça ma fait penser à un western, pour le rythme de nomade solitaire, assez électronique. La structure de rythme change de peau sans rien bousculer au passage. Un peu comme un bon country électronique bien pimenté par une guitare qui donne toujours cette teinte de bleus à l'âme. Shipway et Jones s'échangent des solos aux formes et aux couleurs qui se moulent à nos émotions sur une structure, après un bref passage ambiostatique, qui devient aussi lourde qu'entraînante. Comme un bon vieux rock électronique. Comme du bon England School dont les armoiries portent le sceau de Lamp, de Volt et The Tylas Cyndrome. Des univers qu'il faut découvrir....

Sylvain Lupari (01/06/15) *****

Disponible chez Groove NL

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