“C'est du grand Berlin School dans sa forme la plus pure!”
1 Clotho 6:03
2 Lachesis 16:34
3 Atropos 19:16
(DDL 42:53)
(Berlin School)
AUREA STAMINA (Sic volvere Parcas) a demandé près d'un an de travail à Andrea Lensflare Debbi. S'inspirant d'un principe universel d'ordre naturel et d'équilibre défini par le rôle des Parcas, ce nouvel opus de Lensflare suit les traces de Berlin Nights avec du solide Berlin School rétro bien engraisser par un splendide mellotron dont les riches airs fantomatiques ne sont pas sans rappeler les vieux parfums de Tangerine Dream et ceux plus récent de Brendan Pollard et Free System Projekt. On comprend que le mellotron est omniprésent! Et les rythmes le sont tout autant avec de belles structures évoluant subtilement pour dévisser des rythmes stationnaires parfois déchainés. Bref, un bon 42 minutes de musique électronique (MÉ) vintage qui, comme Berlin Nights, possède tout ce qu'il faut pour plaire aux fans purs et durs de Berlin School.
Des vents mugissants se fondent dans une onde bourdonnante en ouverture de Clotho. Tôt, les chaudes caresses tonales du mellotron font irradier un chant flûté qui dissémine l'approche sibylline de cette ouverture. Ce chant électronique augmente son degré d'émotivité en devenant plus aigu, et son combat avec les ombres sombres de son introduction nous amène dans les territoires Méphistophéliques de TD des années Phaedra. Ce mellotron et les drones gorgés de réverbérations longent insidieusement nos oreilles pour se disputer aussi l'ouverture atmosphérique de Lachesis. L'approche est à la fois dramatique et ésotérique avec de sourds élans pleins de retenue d'une nappe de basse d'où finissent par surgir des accords qui tombent avec lourdeur. Des cercles sonores irradient le panorama ambiant qui s'enrichit d'une nappe de voix chtoniennes. Le séquenceur active une phase de rythme quelques 30 secondes après la 3ième minute avec deux ions sauteurs qui se dandinent, créant un rythme stationnaire quelque peu étouffé par les solos de synthé planant sur cette structure qui rappelle les premiers mouvements de rythme électronique des albums Ricochet et Rubycon. Le rythme reste partagé entre une phase sobre et une autre qui, sous son effet élastique, fait dribbler les séquences dans une vision délicatement spasmodique. Plus lent que très animé, il court et dérape même dans une confusion atypique dans un panorama musical où le synthé et le mellotron unissent leurs charmes pour plonger l'auditeur dans un univers à la croisée des routes du Dream et de ce qui est devenu le répertoire de Brendan Pollard. La brume du mellotron rappelle aussi la musique de FSP.
Plus intense, tant au niveau des ambiances que du rythme, Atropos est construit sur le même principe Berlin School avec une structure de séquences qui modifient significativement son axe rythmique. Son ouverture est nappée de tonalités électroniques provenant du Cosmos qui gisent sur une bonne nappe de basse bourdonnante. Ça me fait beaucoup penser aux ouvertures psychotroniques de Neuronium. Une lourde nappe de brume chantante recouvre cette ouverture à l'orée de ses 2 minutes. La basse espace ses expirations sur ce mouvement ondoyant qui reste dans la température d'un Berlin School chtonien du début des années 70. Les ambiances restent très musicales avec des oraisons flûtées, des orchestrations et des voix murmurant un air aussi sibyllin qu'absent. C'est sous des airs de trompettes apocalyptiques que le séquenceur active sa première séquence de rythme. Linéaire et pulsatoire, il sautille vivement en empruntant un léger axe de dérivation semblable à un planeur pris dans des vents sud-ouest. La structure devient pilonnée avec plus de vigueur et évolue sous ces trompettes et puis sous de puissants airs de flûtes, qui sonnent comme des solos de synthé, où elle délie une phase plus spasmodique qui va rouler en s'évaporant dans des nuages de bourdonnements une 20taine de secondes après la 12ième minute. Le rythme change alors de peau, pour un court laps de temps, afin de gambader dans un panorama sonore étouffé par une lourde masse de bourdonnements. Il revient dans sa phase d'origine qui est délicieusement déchainée afin de boucler la boucle d'un titre qui se termine avec sa vision psychotronique de son ouverture.
Il n'y a pas de faiblesses dans AUREA STAMINA (Sic volvere Parcas)! Ses phases atmosphériques ne sont pas trop longues tout en étant musicales. Le séquenceur est lourd et vif, structurant des rythmes minimalistes qui modifient subtilement des parcours enjolivés par une forte présence du mellotron. Comme à la belle époque! Un très bel opus de Lensflare.
Sylvain Lupari (03/07/22) *****
Disponible au Lensflare Bandcamp
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