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Writer's pictureSylvain Lupari

LENSFLARE: Dystopic Landscapes (2020) (FR)

Il y a de grands moments dans cet album où la musique et ses histoires sont en étroite corrélation avec son titre

1 Obediences Electronique 8:00

2 Caustic Climate 5:44

3 Toxic Flora 6:04

4 Oxidised Atmospheres 5:10

5 Fallout of the Vapors 4:40

6 From Dusk till Doom 6:51

7 Life on the Barrier Reef 6:24

(DDL 42:54)

(Experimental Berlin School)

La culture Italienne a toujours privilégiée une approche progressive, peu importe les styles. Et c'est ce qui rend la musique de Lensflare si agréable à découvrir. Il faut certes quelques écoutes pour s'ajuster à son style de Berlin School qui flirte avec le dynamisme du cinéma pour chaque cinéaste en nous, mais une fois fait on ne recule devant aucun autre de ses albums…ou presque! La musique, et surtout les panoramas qu'il nous présente dans DYSTOPIC LANDSCAPES sortent de l'imaginaire. Regardez la liste des titres et dites-vous qu'ils collent à la réalité musicale de ce dernier album du sympathique musicien Italien. Tout d'abord, l'enveloppe! Dans un intense bouillon statique, le firmament de l'album est soudé dans d'invraisemblables aurores boréales teintées de vert-de-gris et de différentes couleur d'émeraude. C'est comme si le ciel était devenu un immense marécage avec des quenouilles, chargées d'électricité, et des fluides vaseux qui s'alimentent des matières organiques et ectoplasmiques des sols de DYSTOPIC LANDSCAPES. Entre les deux, il y a différentes apparences rythmiques et nos oreilles…

Un gros effet de tire-bouchon ouvre les caprices de Obediences Electronique. La masse électrifiée laisse passer ces étranges torsades qui paradent avec un sinistre chant traînassant ses airs de spectres affamé dans les gros sillons de ses réverbérations. Un mouvement galopant du séquenceur libère une ligne de rythme nouée de ses ruades qui sautillent dans ces lents effets réverbérant du synthé. Le mouvement continue de ruer comme un troupeau de chevaux sauvages qui zigzague sous de multiples couches de synthés et des intenses brumes du Mellotron. Le ciel s'est retracté. Troquant sa violence pour une apparence toujours menaçante, il embaume le rythme statique de Obediences Electronique dans les vapeurs stagnantes et silencieuses des brume ocrées. Caustic Climate débute avec ce doigt invisible qui active les synthés et claviers, proposant une ouverture glauque à cette marche militaire venue d'ailleurs. Une marche en accélérée qui doit combattre les quenouilles enflammées d'un feu sonique dont les flammèches nourrissent constamment les vices de notre étang suspendue, les herbes flottants de ses berges. Des éclipses de bruits-blancs et un chant de gnome nasillard sont aussi des alliés des synthés qui lancent encore leurs bancs de brumes sibyllines avec une tonalité rongée par le vert-de-gris. Le rythme est l'équivalence d'un Boléro cosmique gorgée de sons parasitaires, de bruits blancs qui menacent cette liberté d’expression de trompettes anémiques qui chantent en arrière-champs. Nous atteignons un nouveau palier avec Toxic Flora. Après une introduction flirtant avec les effets sonores d'une jungle, on y entend le ruminement d'une étrange créature, le séquenceur libère une ligne de rythme qui se met à sautiller entre deux phases et deux lignes alternant pour chaque oreille. Tout est relativement calme, jusqu'à la porte des 4 minutes. À ce point, le séquenceur modifie un peu sa vision en arrondissant ses claquettes et vivifiant sa marche errante alors que les ambiances injectent un effet vocal à sa brume qui n'a cessé de nourrir ses ruminements depuis son ouverture.

Sous un ciel garni d'ondes ondoyantes, comme les mirages d'une aurore boréale, Oxidised Atmospheres propose un rythme léger qui harmonise sa cadence avec celle des arpèges et de leur différence tonale au niveau des tintements. Le ton et la forme me rappellent les beaux jours de PTO dans l'album Body Love de Klaus Schulze, dans une ambiance de velours plus contemporaine. Les tintements, plus ou moins radioactifs, restent en étroit contact avec les effets sonores qui émergent entre les zone vides des aurores boréales. Nous sommes dans la section des rythmes ambiants de DYSTOPIC LANDSCAPES. Il n'y a pas une demi seconde d'écoulé que les arpèges vibrionnant de Fallout of the Vapors sautent sur ces ambiances. C'est un titre ambiant dont la vie rythmique se résume à différents impulsions de lignes de synthé et à des ions perdus qui émergent d'entre ces lignes sans vraiment de cohésion rythmique mais avec un dialogue chorégraphié sur le langage des machines. From Dusk till Doom est littéralement collé sur Fallout of the Vapors. Son intro est composée de bruits et d'effets intergalactiques, alors que le rythme surgit avec l'aide de jets de gaz radioactif. C'est une forme de comptine circulaire avec des séquences qui paradent et montent gracieusement un escalier Berlin School, sauf que la réalité des ambiances rattrape le rythme avec une autre masse de whoo-whoo et de wooshh. La séquence devient une mélodie rythmique animée par une apparence de guitare qui fonce notes basses contre les vents et leurs forces réductrices. La mélodie revient et ainsi de suite…Un beau titre avec un bon potentiel. Et nous avons droit à une autre introduction noyée sous des effets sonores galactiques qui troquent leurs parures électroniques pour les effets organiques qui traînent sur le sol de Life on the Barrier Reef. Une belle structure de rythme émerge de ces ambiances autour des 2 minutes 30. Sa vision Électronica organique est bien réussie et constitue un des points forts de l'album. Et comme le titre précédent, cette courte vision EDM fond dans ce lourd contexte ambiant atmosphérique de DYSTOPIC LANDSCAPES pour revenir et entrainer les derniers instants de cet album dans une splendide Électronica toujours affamée pour une faune organique.

Nettement plus difficile à apprivoiser, ce dernier album de Lensflare possède néanmoins d'intéressantes avenues qui pourraient servir de tremplin pour l'artiste Italien. En attendant, DYSTOPIC LANDSCAPES reste un album fort. Il y a de grands moments là-dedans où la musique et ses histoires sont en étroite corrélation avec son titre.

Sylvain Lupari (05/10/20) ***¾**

Disponible au Lensflare Bandcamp

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