“Voici une digression Psybient sur le chemin d'une école de Berlin assez bien disséquée mais toujours dirigée par des synthés et des séquences”
1 Mycena Chlorophos 5:50
2 Psylocibe Azurescens 6:17
3 Digitalis Purpurea 5:27
4 Stropharia Aeruginosa 5:54
5 Phillomedusa 5:20
6 Ipomoea Arborescens 5:43
7 Chlorociboria Aeruginascens 5:46
8 Teonanacatl 5:50
9 Lysergamide 5:01
10 Lophophora Williamsii 7:28
(DDL 58:39)
(Psybient + Berlin School)
Lensflare décide de bifurquer un peu de son genre pour embrasser du psybient. Mais comme il spécifie; il s'agit d'une digression du genre dans une vision toujours collée au Berlin School. Et c'est important de le savoir, sinon on se questionne sur l'évolution des 10 titres, ça aussi c'est nouveau, qui composent MYSTICUM ENTHEOGENA et on se demande; mais où va notre nouvelle coqueluche italienne de MÉ style Berlin School.
Cette nouvelle aventure débute avec Mycena Chlorophos. Ici, les séquences gazouillent avec un beau ballant ondulant dans une masse de ouate sonore remplie de cette brume berlinoise. Les pépiements penchent pour une teinte organique, alors que des pulsations laconiques et des percussions électroniques cimentent un rythme dont les paradoxes dans les battements convergent en un mouvement statique. Si les séquences continuent leurs chants organiques, le rythme s'estompe légèrement pour amener Mycena Chlorophos dans sa phase ambiante. Le titre renaît peu après avec une approche rythmique plus cohérente. Après une ouverture remplie de souvenirs tonals difficile à identifier, Psylocibe Azurescens déploie une bonne ligne de séquences qui ondulent et papillonnent dans cette marre de souvenirs toujours difficile à reconnaitre. Un bon titre très Sci-fi avec des parfums de Jean-Michel Jarre, sinon Alluste. Plus on avance dans MYSTICUM ENTHEOGENA et plus on remarque que la musique possède la même ADN, notamment au niveau des séquences et des structures de rythmes ambiants. Comme dans Digitalis Purpurea et son mouvement qui se balance dans un néant rempli de fissures sonores d'où émergent de curieuses bibittes à tons. Le séquenceur creuse une ligne de rythme opalescente qui flottille et ondule avec la même vision harmonique des deux premiers titres de cette digression de Lensflare. Stropharia Aeruginosa se démarque avec une vision rythmique plus convaincante qui sautille avec des ruades dans ces voiles de brume et de voix chthoniennes habilement camouflées dans cet album. Phillomedusa est un très beau titre ici. Dans une vision dramatique très cinématographique, le synthé lances de pads qui vont et viennent comme l'œil d'un laser épiant tout geste, si minime soit-il.
Cette approche à la Blade Runner, qui sillonnera plus ouvertement la seconde moitié de cet album, donne une profondeur apocalyptique souhaitable pour un album de cette trempe. Le séquenceur s'occupe du reste en tissant une mélodie rythmique qui dérive et ondule en tissant une bon ver-d'oreille. Un très bon titre dans cet album qu'il faut prendre bien soin d’apprivoiser avant de porter un jugement. Autre délicieux titre, Ipomoea Arborescens fait rouler ses multiples lignes de rythme dans un pattern oscillatoire qui se balance dans un décor de psybient agrémenté par de beaux effets percussifs. Statique, le rythme est noué autour de ces cognements et de sourdes percussions qui s'arriment bien aux ondulations des lignes du séquenceur. Et le synthé, toujours un peu angoissant, injecte de plus en plus une mixture sonore qui ressemble aux ambiances du film Blade Runner, musique inclue. Chlorociboria Aeruginascens débute avec une approche de sérénade lunaire avant d'emprunter un voyage dans le temps avec le rythme et les ambiances des Chants Magnétiques de Jean-Michel Jarre. Teonanacatl gravite avec son rythme en suspension et ses séquences papillonnantes qui vibrionnent sur place dans une ambiance qui se colle à celles d'Ipomoea Arborescens. Lysergamide débute avec un langage larmoyant des synthés dont les airs possèdent cette teinte de spectres s'égosillant par un soir de pleine lune près d'un couvent de jeunes vierges. Les séquences prennent une teinte organique alors que toujours rôdent ces oblongs phares sonores de synthé dont les chants circulaires et ondulants rappellent toujours cet univers de perdition électronique de Vangelis. Un rythme se forge, mais reste toujours dans le domaine ambiant. Lophophora Williamsii termine ce premier voyage d'Andrea Lensflare Debbi dans les territoires psybient avec une splendide mélodie lunaire. Les arpèges coulent avec une belle fluidité harmonique sur un lit d'ambiances patibulaires où se met à pulser des battements faibles et lunatiques. Ça coupe sec, sans fade-out et ça surprend. Sans doute le but recherché de Lensflare. J'aime moins, mais l'effet est là. Peu importe, Lophophora Williamsii est une belle berceuse morphique terminant un album qui en étonnera plusieurs. Une belle découvert qui unie assez bien une parcelle des ambiances psybient au toujours mélodieux rythmes de la New Berlin School.
Sylvain Lupari (11/11/19) ***½**
Disponible au Lensflare Bandcamp
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