“Si vous aimez les sons du mellotron et du style Berlin School des années 70, celui-ci est pour vous”
1 Tropicus Cancri 32:37
2 Tropicus Capricorni 11:35
3 Circulis Aequinoctialis 6:56
(DDL 51:09)
(Berlin School)
Dans une vision plus atmosphérique, ORBIS TERRARUM DESCRIPTIO suit les parfums de Aurea Stamina (Sic volvere Parcas) par sa belle dominance du mellotron dans des structures de musique électronique (MÉ) hautement inspirées par le style rétro de Tangerine Dream et celui plus actuel de Free System Projekt. Andrea Lensflare Debbi ne s'en cache pas, son nouvel album-téléchargement est un genre d'hommage aux premiers albums du Dream de son époque Virgin.
Un vent bourdonnant, rempli de voix absentes, initie le long mouvement de Tropicus Cancri. Des accords bien gras font entendre leurs résonnances, insufflant un vent de drame à ce très long titre qui est quasiment basé sur l'improvisation et qui est scindé en 3 parties évolutives, respectant ainsi les prémisses de la Berlin School des années 70. Diverses tonalités expérimentales, comme des chants et/ou des fredonnements de baleineaux intersidéraux ou encore des airs de flûte à coulisse, maquillent un panorama gorgé de ces ondes de réverbérations qui gémissent comme un troupeau de lignes torsadées. De sombres boucles oscillatrices émergent de cette subtile fusion entre voix chtoniennes et lents drones ouateux, créant une illusion de rythme atmosphérique ascendant avec des oscillations dont les résonnances linéaires diffusent un aura organique. Ces cercles enserrés vivent de leurs échos sur les rayonnements de pads de synthé à la texture acrylique et des faibles rayons de leurs mélodies évasives. Ces ondes oscillatrices s'éteignent quelques 5 minutes plus loin, ramenant Tropicus Cancri dans sa vision MÉ ambiante et ténébreuse (le Dark Ambient) où les tortueuses lamentations creusent des sillons de drones qui caresseront des accords de clavier, oubliés sur la banquise des désespoirs, avec des tonalités des années 70 qui rappellent vaguement celle de Pink Floyd. Une lointaine structure de rythme répond à ces ambiances quelques secondes après la 17ième minute. Elle finit par galoper faiblement sous ces nappes de brume industrielles et de très beaux chants d'un mellotron parfumé de cette flûte enchanteresse des univers du Dream et/ou de FSP. Ce rythme reste un appât pour les neurones plutôt que les jambes, même nos doigts n'y trouvent aucun élan pour tapoter le bras de notre fauteuil, avant d'offrir une consistance plus vive et plus soutenue juste avant que ce très long titre ténébreux plonge dans une finale lourde et bruyante de sa texture d'ambiances psychédéliques avant sa 28ième minute.
Ainsi se déroule Tropicus Cancri, ainsi se déroulera la texture très ténébreuse de Tropicus Capricorni! Son rythme, toujours pas fait pour danser, éclot un peu avant la 3ième minute. Le séquenceur s'extirpe de ce mélange de chants en spirographe du synthé et de ses ambiances ténébreuses pour sautiller sur place, activant la barrière de notre intérêt. Une modulation dans le schéma du séquenceur ajoute un peu plus de vélocité. Si les ambiances ont toujours de cette texture fantomatique, le rythme se développe de plus en plus pour atteindre une bonne vitesse dans une structure ascendante qui rappelle les rythmes électroniques du Dream dans les années Rubycon et Phaedra. La brume industrielle est toujours dense avec des poussées qui sont digne d'une vision cauchemardesque alors que le synthé explore un peu plus ces harmonies évasives qui roulaient en boucles dans l'univers de Tropicus Cancri. Et même si la seconde partie de Tropicus Capricorni flirte un peu plus avec l'univers du Psybient ténébreux, sa musique et son rythme reste toujours accrochés au style Berlin School vintage propre à l'univers de Baumann, Franke et Froese. Un très bon titre! Circulis Aequinoctialis termine ce dernier album de Lensflare dans une vision d'atmosphère toujours aussi lourde et ténébreuse qui caractérise ses premières 44 minutes. Le mellotron lance des odes flûtées sur un lit d'ondes et de lignes réverbérantes qui vont et viennent comme de longs fouets dont les contours sont maculés d'épines résonnantes.
ORBIS TERRARUM DESCRIPTIO ne réinvente pas le genre! C'est un bel album qui s'adresse particulièrement à ceux qui aiment réentendre du vieux Tangerine Dream, ainsi que la musique de FSP et de Brendan Pollard, 2 artistes majeurs qui s'inspirent ouvertement de la période mellotron de Edgar Froese et de ses 2 acolytes des années Phaedra à Encore.
Sylvain Lupari (13/04/23) ***¾**
Disponible au Lensflare Bandcamp
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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