“Ultraviolet est une interprétation libre de Rubycon de Tangerine Dream qui devrait plaire à ceux qui ont raté ces années”
1 Ultraviolet Part 1: Spectrum 19:23 2 Ultraviolet Part 2: Exposure 15:52 Lensflare Music
(DDL 35:15) (Berlin School)
C'est comme une floraison tonale qui se développe sous les yeux de Silvain, apprenti flûtiste et Dieu des champs. Des sons poussent dans ce champ de musique et entrent dans nos oreilles avec un peu d'écho et de discorde. Une flûte élève une aura plus harmonique avec un air qui chevrote sous la piqure de brises froides et les délicats coups des gongs. D'autres bruits, plus étranges, fleurissent entre les interstices de synthétiseurs qui rajoutent des nappes de voix chthoniennes. Cette éclosion tonale gagne en intensité bruiteuse où des chutes de vents et des bourdonnements horizontaux ajoutent plus d'effets psychédéliques à cette longue introduction de Ultraviolet Part 1: Spectrum. Et si vos oreilles croient avoir décelé le jardin des influences de ces ambiances, c'est que vous connaissez par cœur les éléments ambiosphériques qui nourrissaient les introductions des premiers albums de Tangerine Dream sur Virgin. Et c'est après les 8:30 minutes que le tout s'explique. Avec un mouvement du séquenceur volé aux souvenirs de Rubycon, Lensflare sculpte ce mouvement fluide et flottant du séquenceur dont les lourdes oscillations ici servent de lit pour une approche mélodieuse du synthé. Les chants de flûte sont plus aiguisés, moins rêveurs aussi, et épousent cette mélodie fantomatique qui nous a irrémédiablement séduite au tournant des années 70. Superbe et prévisible, cette version librement inspirée de ce premier album culte de Tangerine Dream atteint son but avec l'addition de percussions et cette finale caricaturale qui ici ressemble drôlement aux ambiances d'un titre de Black Sabbath dans Mob Rules, E5150.
En avons-nous assez de ces sempiternelles mouvements de MÉ qui sont librement inspirés de la vieille Berlin School et de ses artisans? Avec tout ce que j'entends depuis les dernières années il faudrait croire que non, puisqu'il y a gros mouvement de revival dans les airs. Les jeunes artistes recherchent cette sonorité analogue, certains sont à la recherche des possibles sentiers ignorés de cette époque, même que certains en trouvent, alors que d'autres artistes s'inspirent librement d'un album en particulier qui est lié à cette période. C'est le cas ici avec ULTRAVIOLET du musicien Italien Lensflare. Ce dernier ne fait aucune cachette et plonge littéralement dans les deux côtés de l'univers Rubycon. Et moi j'embarque et j'aime bien cela. Ça me donne une occasion de me reconnecter avec le passé. Mais ça ne dépasse pas l’original, même si des fois on a la vague impression d'être enfoncé dans un sillon que nos sens n'avaient pas encore perçu à cette époque, et même des années plus loin. C'est le cas avec Ultraviolet Part 2: Exposure où la faune sonore est plus dense et surtout plus créative en inondant même une structure de rythme plus longue et qui imite l'original dans son architecture tout en apportant plus de contraste abrupte dans ses oscillations et plus de fluidité dans son mouvement. Ça ressemble bien plus à un genre de remix qu'à une interprétation libre. Mais dans tous les cas, ça s'écoute très bien même si ça ne dépasse pas, et je ne crois pas que c'est le but visé de Lensflare, l'original. Une belle interprétation libre et une très belle richesse et recherche dans la couleur des tons. Si vous aimez la période Rubycon et Phaedra de Tangerine Dream, je crois qu'au final vous serez bien comblé par ce ULTRAVIOLET. Disponible uniquement en format téléchargeable sur le site Bandcamp de Lensflare. Sylvain Lupari (17/05/18) ***½**
Disponible au Lensflare Bandcamp
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