“Un excellent album sans défauts ni temps morts où les sensations fortes qui nourrissent cet amour de la musique sont dans chaque titre”
1 Nachtfahrt 5:39
2 Die lange Reise 14:05
3 Intermezzo 2:20
4 Elektronische Philosophie 6:48
5 Don Quijotes Gehirn 8:19
6 Zu Hause 9:51
7 Durch die Jahrzehnte 9:41
(CD/DDL 65:41)
(E-Rock, EM, Neo-Kraut)
Le nom de Level Pi ne vous dit rien? Eh bien c'est le projet en solo du musicien Allemand Uwe Cremer que nous avons découvert en duo avec Andreas Baaden, le temps des albums Home et Aufbruch. Son projet revient à la surface avec plus de 8 ans d'absence. Et ELEKTRONISCHE PHILOSOPHIE est ce genre d'album que personne ne voyait venir. Un peu comme Science Fiction; A Compendium of Space Soundtrax de Sun Dial, ce dernier album de Level Pi est un énorme bouquet d'air frais dans mes oreilles embrumées de MÉ contemporaine. ELEKTRONISCHE PHILOSOPHIE est un album basé sur les guitares, une excellente basse, un orgue et des percussions électroniques dans un album structuré autour des synthés et de leur magie. C'est un album incroyable où nous avons cette délicieuse impression d'être enfermé dans un bar post apocalyptique!
Lourd et lent comme je les aime, Nachtfahrt sort de son brouillard sonore pour s'attacher aux percussions fortes et lentes et à cette sublime ligne de basse du synthé. Les nappes sont tourbillonnantes et dosées avec ces effets sonores qui étiolent leur appartenance vintage pour rejoindre ce psybient futuriste d'un groupe de garage. Elles ont aussi cette sourde influence du vieux Tangerine Dream et de Rick Wright, ainsi que ce voile orchestral qui sauve toujours la mise dans un univers sonore exploiter à son maximum. Son flirtage avec cette monstrueuse ligne de basse est au cœur de cette audacieuse lourdeur où les accords du clavier réussissent à implanter une mélodie alcoolique dans nos veines, alors que tout le temps Nachtfahrt tourne et tourne à nos enivrer les sens. Cette superbe introduction à ELEKTRONISCHE PHILOSOPHIE n'est pas un feu de paille dans cet album sans failles. Die lange Reise nous interpelle avec cette voix sinistre qui nous rappelle que Death in Vegas a déjà été un groupe super intéressant. Au lieu d'une spirale rythmique atomique, Level Pi choisi une approche circulaire construite sur un rythme hypnotique divinement encadré par des percussions robotiques. L'utilisation de l'orgue donne une teinte vintage des années où les membres de Iron Butterfly croulaient sous la drogue. Il y a aussi ces phases de percussions manuelles, genre Bongo créole, qui nous ramène à ces années Patchoulis. Ce mélange rétro joué dans une vision futuriste est un véritable coup de cœur. Même si particulièrement nombreux, les échantillonnages de dialogue, provenant des films Horror Express et Last Man on Earth, sont bien insérés dans cette texture psychédélique. La mélodie synthétisée se siffle agréablement dans cette musique dominée par l'orgue. Le synthé attaque la musique avec des pads qui vibrionnent comme des soucoupes volantes dans les vieux films de science-fiction, comme Mars Attacks!, alors que des collages de guitare forme des éléments stroboscopiques qui complètent à merveille les effets du synthé. Plus que très bon, il faut absolument se rendre à sa finale qui est un délice si on aime les percussions! Intermezzo propose un bon blues inattendu avec une touche psychédélique des années futuristes. C'est plus un bel intermède qui nous attache à la pièce-titre et à son ouverture très science-fiction crée par un synthé dont la mémoire est remplie de vieux documentaires et films de sci-fi. Initialement, le rythme est lent et cernée de lignes stroboscopiques et d'effets de fuzz wah wah recyclés en fuzzwah. Les percussions ajoutent une touche de rock cosmique à cette structure alambiquée où chaque nouvel élément contribue à des revirements saccadés comme à des phases plus en mode ballade avec toujours ces arpèges fluides faisant compétition aux lignes de strobes. Un titre complet qui demande quelques écoutes, parce qu'il y a toujours un élément à découvrir…
Inspiré du film The Man Who Killed Don Quixote, Don Quijotes Gehirn propose une autre structure en mouvement. Dominé par la guitare et ces différentes phases allant du psychédélique à du hard-rock et du art rock, Don Quijotes Gehirn visite autant d'époques et de visages que le chevalier dans ce film de Terry Gilliam. Il y a un très beau solo de guitare aux parfums latinos dans ce titre qui, comme Don Quichotte, n'a aucune attache mais est plein d'imagination et de rebondissements. Zu Hause est un très beau blues cosmique avec une guitare mélancolique qui fait passer sa douceur, comme un skieur dans ses slaloms, au travers les fuzz wah-wah. Bien installé sur le tapis des sons vintages, attribuables à l'orgue, la musique offre ce rythme lent qui est divinement matraqué par des percussions tantôt lourdes, comme sobres à d'autres instants. Les notes du clavier éveillent la mollesse créative de Ray Manzarek dans ce beau blues plus complet que Intermezzo. Durch die Jahrzehnte termine ce petit joyau de Level Pi avec une lente structure sphéroïdale hypnotique. Uwe Cremer tente d'imposer une figure électronique plus contemporaine avec un mouvement circulaire du séquenceur et un métronome qui épuise sa cadence dans son approche transversale. Nous sommes très près d'un blues avec cette guitare criante qui hurle dans des solos typiquement David Gilmour et dont l'union avec l'orgue ramène plutôt Durch die Jahrzehnte dans un rock progressif du genre vieux Pink Floyd, à cause de la guitare et de l'orgue. Des hurlements proviennent des effets sonores qui tentent d'injecter une dose de psybient à la musique, mais la guitare reste l'instrument de prédilection afin de dominer ce dernier segment de ELEKTRONISCHE PHILOSOPHIE. Chanceux que nous sommes, puisque l'album vient avec un titre en prime, Intermezzo-Elektronische Philosophie Crossfade-Version. Si nous avions deviné que les deux pistes étaient liées, nous en avons maintenant la preuve.
Du post-punk à du blues de taverne en passant par du rock progressif habité par des nappes de synthé très TD et des parfums d'orgue des années Patchoulis, ELEKTRONISCHE PHILOSOPHIE est un petit chef-d'œuvre de rock cosmique électronique avec une petit penchant pour le krautrock. C'est un excellent album sans failles ni temps morts où les frissons qui nourrissent cet amour de la musique est dans chaque titre. Brillant album Uwe!
Sylvain Lupari (08/02/21) ****½*
Disponible au Level Pi Bandcamp
コメント