“Un très bon album confirmant les influences du Dream dans sa démarche artistique sans compromettre la valeur des compositions”
1 Sensemillia 6:21
2 Lowtide 6:18
3 Octangles 5:40
4 Eastern Corona 5:50
5 Monoglider 7:50
6 Dawngazing 6:37
7 Sanguinelle 6:09
8 Sun Spirit 5:40
9 Meridian Mellows 5:09
10 Patchoulicious 6:19
(CD-r/DDL 61:56)
(E-Rock, New Berlin School)
Lightform fait partie des découvertes intéressantes que j'ai pris plaisir à suivre ces dernières années. Le projet de Tim Darbyshire est très intéressant pour les amateurs de Tangerine Dream qui en ont jamais assez d'entendre la période Johannes Schmoelling, plus particulièrement l'album Logos. Ce qu'il y a de particulier dans l'art de s'inspirer d'un univers, puisque Logos est un univers en soit, est que le musicien-synthésiste canadien intègre des petits bouts dans ses compositions qui s'en trouvent rehaussées. À ce niveau, les arrangements et la façon de retravailler ces petits bijoux de rythmes et/ou d'harmonies nous amène toujours à nous questionner sur leurs origines. Donc, nous sommes très loin du principe copier-coller ici. Offert gratuitement sur sa page Bandcamp en 24Bits, RETREATER 2015-2020 est un album-compilation de plus de 60 minutes qui regroupe les albums Realise There Is Nothing To Realise jusqu'au dernier album de 2020, Flora Luna. Étonnement, il n'y a aucune trace de l'album Superluminal qui m'avait mis sur la piste de Lightform en 2018. Vous ne connaissez pas Lightform? Vous en avez entendu parler mais vous n'étiez par charmé à l'idée de dépenser vos deniers? La barrière de toutes raisons possibles tombe et vous avez juste à cliquer sur ce lien RETREATER 2015-2020 et l'album est à vous!
Si vous avez lu ma chronique sur l'album Flora Luna, cet album-rétrospectif de Lightform contient 3 titres de cet album, dont le très bon Lowtide alors que Sensemillia et Sun Spirit sont sélectionné avec justesse, étant les titres les plus accessibles de cet album réalisé en 2020. Je n'ai pas encore entendu l'album The Only Place For Us, ni les autres en passant. L'album est très bien réalisé ici avec 4 titres; Octangles, Eastern Corona, Dawngazing et Meridian Mellows. Octangles est un bon titre de MÉ pure. Un genre de ballade sise sur le mouvement circulaire et spasmodique du séquenceur que des percussions (boom-boom) tentent d'attirer dans un rock moelleux. Les harmonies flottantes du synthé ont ce parfum de TD sans pour autant définir clairement la période, idem pour le beau mellotron. Un beau titre qui sonne comme du TD et qui en est pas! Eastern Corona est plus animé avec un beau jeu du séquenceur qui est aussi savoureux que dans Ova-Coda de l'album Circadian Rhythms. Après une introduction nébuleuse, Dawngazing émiette beaucoup plus les influences du Dream, notamment au niveau des bandes sonores, avec un bon maillage percussions et séquenceur aussi créatif et précis dans son débit croissant que la magie de Chris Franke, période Logos à Poland. Meridian Mellows me fait finalement regretter de ne pas avoir découvert cet album plus tôt. Le titre pousse avec une vision zigzagante et spasmodique du séquenceur, créant une illusion d'un moonwalk qui se laisse attirer dans un bon rock électronique très entraînant pour les neurones. Et cette une partie rythmique se dégage plutôt bien pour migrer en harmonie qu'une nappe de voix caresse d'un suave fredonnement. On se déplace à l'album Embryonica avec deux titres, Monoglider et Sanguinelle. Si ce dernier est une bonne ballade guidée par des percussions aux bâtons nerveux dansant la claquette sur une planche de bois, Monoglider est un bon rock électronique avec de très bonnes idées au niveau des séquences percussives. Un bon rock créatif avec ce petit truc harmonieux qui nous gratte l'oreille pour une couple de jours et des salves de synthé aux trompettes alarmistes. On ne peut pas être contre ça! Patchoulicious nous provient d'un album intitulé Realise There Is Nothing To Realise, paru en 2017. Comme pour Embryonica, je ne l'ai jamais entendu. Le titre sélectionné me fait penser à du Faber, période pré Dark Sun, avec une approche de rock moelleux visant une approche plus chill. Les solos de synthé, ils sont plutôt rares dans l'univers de Lightform, pleuvent et sont très beaux ici. Harmonieux et créatifs au niveau des acrobaties musicales, ils démontrent que Tim Darbyshire est un musicien complet dont les influences ne l'empêchent pas de composer une musique bien à lui.
Pour le prix demandé, RETREATER 2015-2020 est un excellent investissement! Lightform fait la démonstration de son potentiel en proposant une dizaine de titres qui confirme les influences de Tangerine Dream dans sa démarche artistique sans compromettre la valeur de ses compositions. Et c'en est ainsi pour chacun de ses albums où un bout de séquenceur, un souffle de synthé ou une harmonie morcelée sont appliqués pour besoin décoratif mais pas pour vendre son identité. Une belle compilation si on aime le rock électronique. Mais à ce prix-là on peut tomber en amour sans les risques…
Sylvain Lupari (17/03/21) ****½*
Disponible au Lightform Bandcamp
Kommentare