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Writer's pictureSylvain Lupari

LUCAS TRIPALDI: Antes de la lluvia (2019) (FR)

C'est un beau petit bijou mélangeant Krautrock et MÉ que vous devez découvrir

1 Hanan Pacha 8:12

2 Kay Pacha 8:04

3 Uku Pacha 14:56

4 Tamya 9:06

(DDL 40:18)

(EM Krautrock, Latin School)

Après ma découverte de ¿Dónde habitan los recuerdos?, je me devais d'en savoir un peu plus sur Lucas Tripaldi. J'avais déjà entendu Aldea Olvidada sur la compilation Dreams #1 en plus d'avoir vu le musicien en action sur FaceBook. De plus, il m'avait fait parvenir ce premier album au printemps dernier. Les astres étaient alignés, comme on dit, pour faire une chronique. Dès le départ, je me dois d'admettre que ANTES DE LA LLUVIA est très différent de l'album fait avec son ami Tony Jimenez. Il est plus facile d'approche avec de bons rythmes et de très beaux solos de synthé qui nous ramène plus à l'univers du Berlin School des années 70. J'ai trouvé d'ailleurs qu'il y a une nette influence de Edgar Froese sur la musique de cet album.

Mais c'est plutôt l'essence de Johannes Schmoelling qui se cache derrière la ligne de séquences titubante qui ouvre Hanan Pacha. Une basseappuie ses accords aux séquences, fusionnant en un rythme aborigène sensuel qui épaissit se membrane avec avec des riffs de clavier. Les solos de synthé abreuvent les espaces ouverts de ce rythme tribal qui survit encore mieux avec une délicieuse ligne de basse aux accords élastiques. Ce faisant, le rythme est lent et entraînant avec ce mouvement de cha-cha-cha légèrement imparfait qui est nourrit par une texture de séquences dribblées de façon compacte pour que la structure soit courte de ses sauts et rapide de son entrain. Les solos de synthé, nous ayant abandonné afin que nous admirions un peu plus la texture de rythme, reviennent avec une différente tonalité en seconde partie de Hanan Pacha. Ils ont dès lors ce léger parfum de mon cher ami disparu Edgar… Ils épousent aussi à merveille cette délicieuse démarche électronique reliée avec une ficelle stroboscopique, permettant cet air clopin-clopant d'un rythme imaginé dans les Antilles. Kay Pacha propose une autre structure de rythme Krautrock élastifiée dans une jungle dont les couleurs écarlates des couchers de soleil établissent ces contacts avec les étoiles. Plus entraînant, ce rythme est alimenté par de sobres percussions et des séquences percussives qui tintent sur une suite de bouteilles éparpillée en zigzag. Pabellón Sintético prête ses visions sur les modulations et les effets de synthé sur ce titre qui libère une flûte tribale pour danser avec ce rythme aux apparences robotiques. Ses harmonies sont justes et hautes avec une vision festive qui prend tout son sens lorsque Kay Pacha prend une tangente technoïde vers la finale. Uku Pacha est un excellent titre qui est un peu dans la même veine festive et rythmique que Hanan Pacha et Kay Pacha. On y retrouve ce même synthé harmonieux et maître de ses solos ayant cette teinte latinos et des harmonies du genre Senor Ananas. Le rythme est nourri d'échantillonnages de percussions tribales et de crécelles coulant comme une rivière agitée. Le style fait très Ashra qui qui fusionne la EDM latinos dans un style très danse. Un très bon titre qui fait bouger les jambes, peu importe où nous sommes. C'est sous un feu crépitant que les fantômes de Tamya évacuent les ambiances avec des bourdonnements chantant avec cette ligne ondulante. Une séquence s'agrippe à cette oscillation, libérant des ions sautant tout aussi timidement que ces crépitements qu'on entend presque plus. Tranquillement, des lignes plus translucides se mettent à rayonner. Éveillant ainsi ce rythme ambulant, embobiné dans son ombre où jaillit ces séquences percussives si uniques à l'univers de Lucas Tripaldi, pour les avoir entendus dans ¿Dónde habitan los recuerdos?

Je n'ai pas regretté un seul instant partir à la découverte de ce brillant album d'un artiste qui sait fabriquer les bases de rythmes alambiqués. ANTES DE LA LLUVIA propose un gros 40 minutes d'une MÉ structurée sur des rythmes festifs et tribaux avec une bonne dose de créativité dans la façon d’amener cette vision organique crépitant autour des rythmes. Ceci fait, Lucas Tripaldi sait aussi jouer du synthétiseur qu'il utilise tant pour les harmonies, les effets et les solos dans un beau petit bijou de MÉ qu'il faut découvrir.

Sylvain Lupari (30/06/21) ****¼*

Disponible au Lucas Tripaldi Bandcamp

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