“Vous aimez les œuvres, les histoires musicales poétiques? En voici une à votre mesure!”
1 Oceanides Ouvertüre 7:01
2 Undine 4:32
3 Mystische Melodie 6:09
4 Nocturne 7:42
5 Regen (feat) 9:01
6 Ruhe/Weinend 6:21
7 Träumerei 3:29
8 Reflex (Bonus Track) 2:32
(DDL 46:49)
(Soundscapes, OST, Ambient Orchestral)
Vous aimez les œuvres, les histoires musicales poétiques? En voici une à votre mesure! Selon la légende, Loreley serait une belle jeune fille vierge qui est assise sur le rocher du même nom au-dessus du Rhin. Elle chante divinement et sa voix hypnotique envoûte tous les marins passant à cette hauteur du Rhin. Envoûtés, ces derniers ne sachant pas la malédiction se perdent et font naufrage. On en a retrouvé aucun. Magnifique, Loreley est cependant vouée à une vie de solitude totale, car cette malédiction l'accompagne toujours. C'est autour de cette légende que Esteban Menash, un des co-fondateurs de Cyclical Dreams et membre de Cartas de Japón, a choisi de nous présenter son premier album-téléchargement. Malgré son immense portée lyrique, DIE LORELEY reste un album difficile à apprivoiser. Dans une texture inspirée des œuvres cinématographiques de Vangelis, M3NASH insère des éléments orchestraux dramatiques qui feront sursauter l'auditeur ou le déstabiliseront avec une direction musicale très collée au réalisme de cette légende.
C'est donc avec le bruit des vagues mangeant de plus en plus les berges que Oceanides Ouvertüre monopolise nos oreilles. Les premières secondes sont mirifiques avec un piano aussi délicat que les fredonnements de cette sorte de sirène. Et puis bang! L'ouverture prend une énorme tangente théâtrale avec ce piano qui pilonne la cadence dans un dense voile d'orchestrations dramatiques. Cette explosion orchestrale se calme après la 3ième minute pour laisser entendre les lents frottements sur les cordes d'un violoncelle, préservant cette ambiance de mystère tout en créant un fascinant ballant que l'on peut comparer à ces anciens galions qui se laissaient transporter par les vents et les vagues. Une ligne d'arpèges roulant à contrecourant apparaît une 20taine de secondes après la 5ième minute, déroulant un mouvement circulaire spasmodique. Undine suit avec un délicat ruisselet d'arpèges séquencés formant une texture rythmique ambiante qui fait beaucoup penser à du Vangelis. Des notes de piano et de tendres orchestrations en lento complètent ce tableau où la romance et l'intrigue vont de pair. Mystische Melodie est le premier contact que nous avons avec la sirènes du Rhin. C'est un titre ambiant qui se termine dans une violence tonale et qui débute avec des effets sonores provenant de la cale d'un navire à voile. Une oblongue et dense brise électronique finie par les placer plus loin dans l'arrière-champs auditif sans toutefois les occire. Ces brises deviennent des drones mobiles qui se tordent sous les frénétiques bruits de fond de cale du navire et se transforment en orchestrations sibyllines où on peut entendre ces fredonnements aussi mystérieux que machiavéliques. Et puis vient cette onde discordante du synthé qui s'amplifie sans vraiment trouver sa justification autre que la folie qui c'est déjà emparé des quelques marins survivants.
Entre tourmente et trahison, Nocturne est un très belle ballade au piano avec des intonations qui flirtent entre la violence et la romance, nous invitant dans des ambiances où la ligne entre le bien et le mal n'a jamais été aussi floue. Artiste invité à créer son unique texture de séquences, Michael Brückner donne une première, et seule à vrai dire, élan rythmique à cette œuvre poétique de M3NASH. Débutant avec des orchestrations stigmatisées dans des vents électroniques sur une distance de plus de 3 minutes, Regen donne une nouvelle dimension à DIE LORELEY avec un mouvement Berlin School unique au synthésiste Allemand. Des effets de synthé, genre mélodies évasives, suivent le rythme entraînant avec des boucles circulaires et des soupirs tendrement rendus. Une très bonne apparition de MB sur ce titre qui épuise ses 2 dernières minutes dans une ambiance sibylline. Tintements et orchestrations ailées nous introduisent à Ruhe/Weinend. Cette ouverture inspirée de la French School des années 80-84 de Thierry Fervant est déchirée entre son attrait dramatique et poétique. C'est un gong, quelques 2 minutes plus tard, qui nous propulse à l'intérieur d'un immense balancier d'horloge où le temps se dérègle pour nous laisser entendre cette douce harmonie provenant d'une voix séraphique. Träumerei est une sombre ballade, qui n'en est pas une, avec de fragiles accords en suspension dont les rayons résonnants deviennent le lit de la somptueuse voix de Kristin Dietel. On peut entendre l'album au complet sur YouTube et c'est dans cette optique qu'Esteban Menash propose en bonus le titre Reflex. Un court titre d'ambiances sibyllines qui se glisse très bien à la finale d'un album difficile à apprivoiser et dont les écoutes subséquentes donnent raison à notre patience.
Sylvain Lupari (08/01/22) ***½**
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
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