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Writer's pictureSylvain Lupari

MAGNETRON: Hypnosis (2017) (FR)

“Même si on sait à quoi s'attendre, Magnetron sait comment développer des schémas de MÉ minimaliste sans tomber dans la facilité”

1 Long Distance 26:32 2 Hypnosis 24:20 3 Cyro Sleep 8:18 4 Silent Running 20:03

(DDL 79:13)

(England & Berlin Schools)

La recette de Magnetron est dans la plus pure tradition de la England School, comme RMI ou encore Airsculpture. De lentes introductions bourrées de fumigène jaunâtre comme bleutée où les sons électroniques affichent leurs plus belles parures, allant même explorer des frontières tonales d'une 5ième dimension. Par la suite, les structures de rythmes! Majoritairement ambiantes, elles offrent aussi des phases où nos doigts tapotent, le pied gigote ou notre cou roule. Des phases évolutives avec une vision polyrythmique où les transmutations sont aussi subtiles qu'un brin de cheveux se détachant de sa racine. C'est de ces éléments que HYPNOSIS infiltre insidieusement ce désir de savourer un autre album de MÉ…même si on connait la chanson!

Brises aux textures iodées, poussières tonales, effets de distorsions réverbérantes et effets sonores spatiaux, Long Distance étire une introduction d'ambiances cosmiques avec ses nappes de violons dérivants. Une ligne spasmodique indique que le séquenceur est en mode rythme saccadé, hachuré vivement comme un squelette sur un break-dancing. Cette ossature minimaliste accueille d'autres éléments de pulsations séquencées et une ligne de séquences qui délie un langage rythmique un brin harmonique. La structure est bien en place afin d'accueillir les multiples effets des synthés, dont des lignes d'harmonies évasives. Il y a multiplication des nappes et l'ajout de nouveaux effets électroniques qui annoncent une subtile bifurcation du rythme dont l'entrain convulsif dévie subtilement vers une approche à la Poland de Tangerine Dream. Le duo Anglais doit faire preuve d'ingéniosité afin d'éviter un probable effet de répétitions agaçants sur cette longue structure qui évolue tout de même avec de nouveaux éléments, tant percussifs que d'ambiances. C'est ainsi que les solos uniques à la signature de Steve Humphries percent la muraille de Long Distance qui se pare constamment des nouveaux éclats rythmiques de Xan Alexander. Naissant des 4 minutes d'ambiances de son introduction, Long Distance s'essouffle tranquillement dans les 3 minutes de sa finale d'ambiances qui sont par contre plus intenses, plus enveloppantes sinon pénétrantes. Nous avons ici le topo du dernier opus du duo Steve Humphries et Xan Alexander qui est apparu sur le site Bandcamp de Magnetron à la fin 2017; de longues plages minimalistes évoluant constamment dans un nouvel environnement rythmique ou ambiant.

La pièce-titre offre une ouverture plus musicale avec un synthé qui étend de bons chants solitaires sur une textures d'ambiances réverbérantes. Pulsatoire, la structure de rythme infiltre insidieusement ces ambiances d'éther à l'orée des 4 minutes. Cette ligne devient l'arsenal cadencée de Hypnosis. Une autre ligne, plus boitillante, gambade innocemment sous un ciel d'ambiances qui devient de plus en plus strié par de multiples lignes à la dérive et d'effets sonores qui zigzaguent comme un pétale soufflé par un vent tiède. Des riffs figés dans les réminiscences des années Hyperborea explosent ici et là dans une texture rythmique dont la toile de fond me faut penser à Magnetic Fields III de Jean-Michel Jarre. Le séquenceur délivre des petits joyaux avec des séquences additionnelles qui s'entassent et sautillent avec cohésion, un peu comme dans l'ouverture de Poland, enjolivant un canevas rythmique fait sur mesure pour amateurs de rythmes électroniques magnétisants. Les nappes de voix et les solos, moins acides que dans Long Distance, augmentent l'approche plus chaleureuse de Hypnosis qui n'a pas fini de surprendre et de charmer avec l'arrivée de bons éléments percussifs dans son dernier quart. Après ces 2 solides titres, Cyro Sleep nous amène dans un territoire aride et desséché de rythmes. Des effets transpirent une fascinante odeur d'étrangeté tonale avec un mélange de sonorités organiques et des effets de crotales qui enveloppent une mélodie éparpillant ses notes de piano dans une texture qui n'avait portant pas besoin de sa chorale chthonienne afin d'insuffler une ambiance de terreur nocturne, même si des nappes de velours bourrées d'éther caressent les possibles montées d'inquiétude. Silent Running termine HYPNOSIS avec une texture rythmique en apparence ambiante mais contrôlée de la même façon que Long Distance et Hypnosis. Le jeu du séquenceur est tout autant savoureux avec une structure qui semble courir parmi cette panoplie de rythmes séquencés de l'album que l'on retrouve en condensé ici. Des effets et des solos de synthés très actifs au niveau des riffs et des nappes démontrent cette influence très Tangerine Dream, ère Schmoelling, sur la musique de Magnetron qui présente un album sans surprises. Si ce n'est que malgré ses longues structures musicales, la musique du duo Anglais trouve toujours le moyen de nous clouer les oreilles à nos écouteurs.

Sylvain Lupari (21/09/18) *****

Disponible au Magnetron Bandcamp

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