“Non, la musique de Magnetron n'est pas pour tous, mais elle a de tout pour tout de même séduire ”
1 Tachyon 22:40 2 Spherium 22:20 3 Illumination 6:20 4 Refraction 19:30 Magnetron Music
(DDL 71:11) (Berlin School, England School)
De violentes pulsations de bruits blancs attaquent nos oreilles dès l'ouverture de Tachyon. Les coups sont distancés et émiettent des poussières de sons qui sont enveloppées par de lentes vagues de synthés dont les caresses autant morphiques que cosmiques flottent comme les songes sous les brumes d'un orchestre à cordes. Si les coups persistent dans le temps, leurs résonances se couvrent de feutre et leurs écarts ne parviennent pas à tisser une structure de rythme en continu. Et si les bruits deviennent un étrange langage intergalactique, les ondes de synthé deviennent eux de suaves lignes flûtées. Le choses évoluent par contre assez vite à l'intérieur de Tachyon. Une pulsation basse sautille en solitaire un peu avant la barre des 6 minutes. Fouettée par de soudaines explosions, elle trace un mouvement de rythme minimaliste tressé dans un solitaire mouvement oscillatoire où les fines nuances ondulent et trébuchent dans des brumes morphiques. Ces brumes et les chants flûtés unissent leurs charmes éthérés, alors que la courbe du rythme papillonné de Tachyon évolue avec une subtile fluidité sinon une certaine vélocité avec l'arrivée des percussions. Le rythme est devenu plus soutenu, et même assez entraînant. Il galope maintenant dans de beaux effets de synthé où un dialecte électronique assez rauque râle occasionnellement parmi ces douces lignes de flûte et ces amas de brouillard d'éther qui sont maintenant les dignes empereurs morphiques de fins solos de synthé qui sont un peu trop en retrait.
Il faut vraiment se mettre dans l'esprit pour écouter du Magnetron. L'univers de Steve Humphries et Xan Alexander tourne constamment autour des mêmes orbites. Autour de rythmes fractionnés qui se régénèrent en forme de boucles minimalistes et autour d'ambiances psychotroniques où les parfums de Tangerine Dream cherchent à s'extirper des fragrances de Klaus Schulze. En bref! C'est un rendez-vous avec le temps. Ce temps où la MÉ cherchait autant à séduire qu'à fasciner et où la gradation dans les longs actes de musique était sculptée dans cet art de vouloir redéfinir les standards mais dans une enveloppe et avec une approche nettement plus contemporaine. Ça s'entend dans le son. PHOTONIC WAVES est un 5ième album. Un album que je qualifierais de plus direct que Spherics mais qui demande tout de même à être autant apprivoisé car l'univers de Magnetron, même dans son cocon plus numérique, est aussi atypique que ces vieilles intrigues soniques des années vintages. Spherium suit avec des battements vifs qui tambourinent dans une dense enveloppe ambiosonique nourrie de longilignes et lentes torsades dont les crissements dessinent des graffitis acérés sur une muraille de soie noire. Le rythme évolue lentement en amassant les fruits métalliques des cymbales alors que les ambiances, un brin psychotroniques, se nourrissent de voix errantes. Des percussions et des séquences chevrotantes se greffent aux tambourinements alors que la phase de rythme de Spherium s'achemine vers une structure plus nerveuse où la maillage des séquences et des percussions dresse une structure qui devient un genre de mélange entre un funk cosmique et un break-ambient-dance. Une structure spasmodique qui libère ses secousses hybrides minimalistes avec une subtile vélocité dans le mouvement sous un dense manteau psychotronique où des séquences organiques, des graffitis d'un synthé nasillard, des lignes flûtées, des larmes de violon et des solos ornent un firmament qui n'a rien à envier à ces structures quelque peu complexes et un peu psychédéliques des années vintages. Après 3 écoutes, on devient définitivement accro. Les impulsions éparses d'une profonde ligne de basse qui ajoutent aussi une profondeur intense à Spherium sont au cœur de la structure très ambiante de Illumination qui se gave aussi d'orchestration cosmique à faire rougir Software. C'est un titre ambiant lourd qui trouve ses charmes dans son intensité. Ici aussi les longilignes larmes de synthé torsadées sont à faire décaper les oreilles. Les ambiances cosmiques affluent tout au long de PHOTONIC WAVES mais n'ont jamais été aussi dominantes que sur Refraction. Ici les orchestrations valsent lentement sur une structure de rythme nerveuse qui déroule ses ruades sous les caresses des violons intergalactiques. La structure principale reste minimaliste alors qu'une foule d'éléments (pulsations, percussions et séquences) s'y greffent afin d'enrichir son noyau, qui reste tout de même assez statique, l'amenant graduellement vers un suave crescendo, autant dans la puissance du rythme statique que des ambiances qui n'ont jamais été aussi riches qu'ici.
Oui, il faut vraiment se mettre dans l'esprit pour écouter du Magnetron! Et une fois que c'est fait, on découvre un album intense où Steve Humphries et Xan Alexander garnissent les ambiances d'une telle richesse sonique que nos oreilles ont besoin plus d'une écoute afin d'assimiler ces tempêtes de sons à des rythmes que l'on redécouvre sous une autre facette à chaque nouvelle écoute. C'est la marque d'un album construit sur la créativité, sur l'art de vouloir redéfinir ses propres standards. J'ai bien aimé et mes murs en sont encore bien décorés!
Sylvain Lupari (20/07/15) *****
Disponible au Magnetron Bandcamp
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