“Il y a un point dans l'horizon où la musique peut être aussi froide que la glace, c'est là que se trouve The Empire of Silence”
1 Penstla 4:12
2 Tlaslo 5:31
3 Kayi 5:04
4 Skriniya 6:00
5 Katiyana 9:04
6 Naklin 6:01
7 Chahatlin 12:42
8 Ylaipi 6:17
9 Astrila (Bonus Track) 38:40
(CD/DDL 73:33) (V.F.)
(Dark ambient cosmic EM)
Considéré par ses pairs comme le maître des figures ambiosphériques abstraites, Marsen Jules est un musicien/synthésiste allemand très actif qui compte une dizaine de réalisations dans son portfolio. Sorti sur l'étiquette de musique expérimentale Oktaf, THE EMPIRE OF SILENCE propose une musique lourde et très enveloppante où le synthésiste Allemand nous entraîne dans des paysages aussi intenses que ce froid qui crisse et qui mord nos oreilles tout au long de ces brises acides qu'il extirpe de ses synthés. Paysages de l'Antartique ou de Mars? La question se pose, car même si la pochette semble sans équivoque. Le bleu sibérien qui l'entoure tourne au noir cosmique au milieu de ces immenses nuées de brises qui peuvent autant provenir du vide des espaces terrestres de glace, que celles d'un cosmos aux territoires aussi vastes que noirs.
Et ça débute avec une explosion d'ondes synthétisées aux teintes autant sibyllines que métalliques qui accostent une ouïe encore surprise par la soudaine irruption de Penstla. Même dénué de rythme ou de battements, le mouvement est vif, expéditif et est implacablement hostile avec une nuée de lignes de synthé très agressive qui arrive et part en coup de vent. Plus ambiant, Tlaslo déroule un mouvement lent et très méditatif. C'est comme une valse astrale, ici comme dans Kayi, où les lignes de synthé flottent et s'entrecroisent, affichant leurs contrastes tant dans les teintes que les formes où la sérénité côtoie un genre d'anxiété. Et c'est le combat de cet album. Qu'elle soit sombre ou imprégnée de sérénité, la musique côtoie les deux pôles avec des mouvements lents bousculés par des brusques éruptions de bourrasques tranchantes qui délimitent les territoires ambiants. Ici, tout est enrobé de froideur. La froideur des paysages soniques se reflètent dans les arches des lignes de synthé qui crissent comme des brises glaciales. Et ce même lorsqu'elles flottent comme dans Kayi. Skriniya est plus serein et méditatif. Il nous convie à la meilleure phase de THE EMPIRE OF SILENCE avec un mouvement plus linéaire où les lentes ondes flottent comme des bancs de brume dans le cosmos. Les orchestrations sont lentes et enveloppantes. J'ai même eu des flash de Tomita dans Kosmos. Et plus on avance et plus on dompte THE EMPIRE OF SILENCE. Katiyana est un titre très cosmique qui est très émouvant. J'entends du Michael Stearns, par moments un M'Ocean très philarmonique, rôder tout autour de cette structure. Naklin est plus dérangeant avec une approche qui commande plus l'attention que la méditation tant c'est dense, voire angoissant. Chahatlin replace les ambiances en mode méditation et sérénité, tout comme Ylaipi qui plaide pour une approche plus éthérée alors que le long titre en bonus, Astrila, est une longue ode ambiante qui n'a rien à envier aux monuments de silence qu'est la série Immersion de Steve Roach. Pour amateurs de musique ambiante sombre, lourde et envahissante.
Sylvain Lupari (12/04/15) ***½**
Disponible au Marsen Jules Bandcamp
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