“Si vous aimez la MÉ minimaliste, c'est le genre d'album qui va séduire bien avant d'endormir”

1 Gone 20:16
2 Particles 13:25
3 The Wasp 13:32
4 Platis 21:52
(CD/DDL 69:05)
(Minimalist Berlin School)
La première séquence organise des ions sautillant dans une brume synthétisée. Le cycle est quasi parfait avec 3 accords plus graves et une autre série d'arpèges plus musicaux qui effectue des cercles en arrière-fond. On a l'impression que cette boucle circulaire prend soit un peu plus de vitesse ou devient plus lourde alors que la brume s'intensifie dans l’arrière-décor. Des ions s'ajoutent dans la subtilité croissante de Gone que de faibles explosions irradient d'une masse sonore plus grondante! Plus rapide ou plus garnie, cette structure répétitive devient la boule d'un rythme stationnaire qui s'inspire du mouvement mécanique et répétitif d'un escalator. Et pourtant, l'ossature de Gone évolue. Soit par l'ajout d'autres ions sauteurs, soit par l'ajout d'une autre ligne qui sautille en canon par rapport à la précédente. Il y a aussi ces effets de synthé qui ajoutent une slab de poésie paranoïaque, légitime rappel des ambiances de Klaus Schulze dans Dreams. Ces éléments mis ensemble ajoutent une couche d'intensité qui semble n'avoir aucune limite dans la progression de la musique. Et c'est avec étonnement qu'on constate que nous sommes déjà à la 14ième minute. Gone se dégonfle plus vite que sa progression, atteignant une lenteur dormant au pays de l'Éther maintenue par ce brouillard plus intense qui a soigneusement enveloppé sa dernière séquence, à moins que ça soit son fantôme, 90 secondes avant son dernier souffle orchestral. La musique minimaliste! Vous aimez? C'est le doux rendez-vous auquel vous convie Martin Peters. Ron Boots décrit ce musicien originaire des Pays-Bas comme étant un excellent sculpteur de séquences. Il œuvre dans les sphères de la MÉ depuis le début des années 2000 avec un premier album intitulé Attorks paru en 2002. DEEPER UNDERSTANDING est son 3ième album solo, l'autre étant Angels of Nowhere en 2016. Parallèlement, il œuvre avec Rene de Bakker pour le projet Beyond Berlin qui a réalisé 5 albums depuis Music For Cosmic Nights 2013 en 2013.
Conforme avec l'idée de ce qu'on peut avoir de particules lumineuses dansant avec leurs ombres tonales, Particles s'articule autour d'un mouvement de carillon reproduit au quintuple. Les Particles dansent vivement, faisant miroiter leurs reflets qui amplifient la masse dansante comme un bassin frétillant de ces poissons qu'on nourrit à la main par un midi ensoleillé. Une basse-pulsation taille une structure de rythme sournoise qui avance et recule sur ce carrousel qui n'a aucun contrôle sur ses arpèges. La fusion des deux éléments jette de l'ombre sur les cabrioles arythmique des billes sautillantes, créant un court pont dans un dernier tiers où la vitalité des ions resplendit à nouveau avec d'autres tintements de nouvelles clochettes qui sont plus clairs et des solos de synthé discrets et beaux sur une structure de rythme redevenue sournoise. The Wasp se nourrit légèrement de Particles, et surtout son dernier tiers. Titre plus musicale avec le séquenceur, le synthé, la basse du synthé et des carillons unissant leurs disparates dans un cercle parfait de l'extérieur et un peu moins de l'intérieur, j'ai plus l'impression d'entendre un remix de Tubular Bells, joué en rapide, ici que dans Particles. Platis propose une rimette jouée sur un piano et un clavier. Le segment principal est séquencé et s'ajoute à cette longue structure minimaliste remplie de nuances à chaque fois, ou presque, que Platis monte, débarque et revient à sa case départ. Comme un plus long escalator! Exploitant sa structure à l'image de Gone, le titre emmagasine différents accords de claviers, certains plus vifs et d'autres orchestraux, dans une fluidité et une complicité entre l'harmonie et la structure de rythme ascendante. Un mélange unique de Klaus Schulze et Mike Oldfield pour du pur bonheur pour les oreilles.
Si vous aimez la musique minimaliste, DEEPER UNDERSTANDING est ce genre d'album qui va séduire bien avant d'endormir. Martin Peters a du flair et sait jusqu'où il peut étirer ses séquences répétitives et quand les revêtir d'une autre couche avant la minute limite. Un bel album où tout se ressemble mais rien n'est vraiment pareil.
Sylvain Lupari (12/10/21) ****¼*
Disponible chez Groove nl
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