“Un parfait équilibre entre les zones atmosphériques et du bon Berlin School propulsé par séquenceurs”
1 Galaxy Merger 60:58
2 Celestial Hues 16:45
3 Stellar Remnants 18:00
4 Lunar Reverie 43:14
(DDL 138:59)
(Dark ambient Berlin School)
Depuis que Farcaster a atterri dans les sphères de la musique électronique (MÉ) en avril 2020, la carrière de Martin Stürtzer connait un essor qui ne cesse d'accroitre sa légion de fans. Et c'est tout à fait justifié! Voguant entre le style Dark Psybient et le Berlin School, le musicien-synthésiste de Wuppertal, Allemagne, est aussi prolifique que son désir de créativité lui permet. AMBIENT NIGHTS Vol.1 est une collection de 4 longs titres évolutifs qu’'il a composé sur le mode improvisation lors de ses sessions Ambient Night qu'il partage avec son auditoire sur sa chaine YouTube. Cet album-téléchargement flirte avec les 140 minutes et propose 2 longs titres atmosphériques qui se développent sur des structures de rythme ambiant, pour Galaxy Merger, ou carrément entraînante, Lunar Rêverie. On y trouve aussi 2 titres où les rythmes dominent plus que la portion séraphique atmosphérique. Bref, c'est un solide album, offert à un prix très raisonnable, qui ralliera les fans de Klaus Schulze et Steve Roach, de même que ceux qui affectionnent le style Berlin School s'extirpant des cendres du style de musique atmosphérique ténébreuse (Dark Ambient).
Un très beau souffle azuré initie le long fleuve tranquille que sont les 32 premières minutes de Galaxy Merger. Une ombre bourdonnante ronfle paisiblement tandis que ce souffle devient une oblongue nappe de synthé qui se multiplie, créant un lent ballet lyrique où elles s'empilent, s'entrecroisent et dérivent dans un long vol pour la sérénité. Tel un architecte des tonalités, Martin Stürtzer module l'élan, joue un peu sur l'acuité musicale, sur les ondulations et couche un léger effet vibratoire afin de créer un attrait addictif chez l'auditeur. Si vous aimez le tranquille univers de Steve Roach, l'approche plutôt minimaliste et linéaire de la première partie de Galaxy Merger, même avec une délicate teinte obscure, devrait vous plaire. Surtout que le mouvement amplifie sa prise émotive à mesure qu'il converge vers ses premiers accords rythmiques qui apparaissent quelques 20 secondes après la 32ième minute. Les pas du séquenceur tissent un rythme ambiant ascendant, un peu à la Klaus Schulze, sur une distance qui est à peu près équivalente à sa phase atmosphérique et se fraye un chemin à travers cette pléthore de nappes gorgées maintenant de voix absentes, d'ondes argentées et de brume anesthésiante. Un long titre qui s'écoute très bien et où on a pas cette impression qu'il est trop long!
Celestial Hues propose une belle ouverture assez lyrique avec des ondes de synthé dont les couleurs chatoyantes donnent l'illusion de chanter sur une oblongue nappe de brume et de son effet opiacé. Le rythme éclot quelques secondes après la 3ième minute. Il est d'abord désordonné, courant en tous sens avec des modulations qui lui donne une illusion de trébucher. Les séquences sauteuses finissent par coordonner un rythme plus fluide et plus musical avec cet essaim de petits pas qui courent toujours en sautillant. Des accords percussifs s'insèrent ici et là, ajoutant une profondeur et surtout une richesse à un rythme électronique qui se développe en une course contre la montre. Stellar Remnants est aussi un titre tout en rythme. Le séquenceur dénoue une ligne de rythme qui défile en sautillant sèchement et zigzagant avec un léger effet d'ivresse cosmique. Ça donne une structure finement stroboscopique dont la forme ondulatoire serpente différentes tonalités cristallines qui sautillent dans l'effet d'écho élastique de ce rythme tout simplement magnétisant. Belle et efficace, la ligne de basse ajoute une dimension plus chaleureuse à l'univers de rythme ambiant qui gouverne les 18 minutes de Stellar Remnants.
Lunar Rêverie termine cet imposant album-téléchargement de Martin Stürtzer avec un rythme assez entrainant, on peut rouler du cou, qui se débarrasse de son emprise de musique atmosphérique ténébreuse (Dark Ambient) un peu avant sa 14ième minute. Le mouvement du séquenceur fait sautiller des arpèges lourds et résonnants sur un linceul d'ondes réverbérantes et troubles qui s'étirent en meuglements sourds et en ondes torsadées remplies de particules de cristal. Ce rythme, à mi-chemin entre ambiant et dansant pour zombies marinés dans l'opium, sautille avec un effet de soubresaut où s'ajoute un effet d'écho et d'élasticité. Des séquences percussives y claquent, ajoutant une tonalité plus scintillante, quasiment organique, et une dimension plus contemporaine à ce rythme très Berlin School qui étire ses charmes jusqu'à sa finale, ou un peu juste avant.
Du haut de ses presque 2:30hres, AMBIENT NIGHTS Vol.1 étale l'aspect minimaliste de la MÉ avec les nuances et les modulations nécessaires afin d'éviter le piège de la redondance qui risque d'ennuyer l'auditeur. Fort de ces capacités à construire des œuvre-fleuve aux dimensions évolutives, Martin Stürtzer propose ici un parfait équilibre entre les zones d'atmosphères à la fois ténébreuses, célestes et méditatives, les rythmes ambiants et d'autres plus animés qui dépeignent le merveilleux univers de la Berlin School mue par séquenceurs. Pour le prix, nos oreilles en ont pour leur argent!
Sylvain Lupari (16/04/23) *****
Disponible au Martin Stürtzer Bandcamp
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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