“Un album conçu pour les amoureux des rythmes ambiants et séduisants de la Berlin School”
1 Warps 8:33
2 Sleeping TG77 6:49
3 Temporal Paradox 13:42
4 Eta Carinae 7:59
5 Stable Wormhole 8:27
6 Dimensional Drift 5:41
7 Echo Mapping 7:51
8 Tachyon 10:17
(CD/DDL 50:06)
(Ambient Beats, Berlin School)
Martin Stürtzer est un autre artiste qui a connu une année pandémique très créative avec pas moins de 7 albums et quelques concerts performés dans son studio puis retransmis en direct sur diverses plateformes numériques. Intitulées Stay at Home, ces performances étaient majoritairement des sessions d'improvisations. Selon les compilations retransmises sur son site Bandcamp, plus de 100,000 téléspectateurs ont regardé le musicien Allemand improvisé ses styles privilégiés; l'ambiant, le Berlin School et le Dub Electronica. Je vous ai parlé de ce style dans la chronique sur le mini album P-Brane. TEMPORAL PARADOXE se tiraille entre les rythmes ambiants et la Berlin School. Deux styles qui n'ont aucune difficulté à se rejoindre et qui nous donne un beau 60 minutes de MÉ magnétisante. L'album en format téléchargeable comprend sept compositions, alors que la version CD contient un titre bonus qui figure sur l'album The Omarion Nebula
Warps s'élève avec une fascinante nappe chloroformique qui s'arrime à un rythme ambiant, flottant avec les pétillements de minuscules élytres métalliques. Son décor est assez intéressant avec ces nappes qui ont cette teinte sibylline et se transforment en un sordide gémissement de bêtes surnaturelles. Des bruits de ballasts se dégage aussi de ce décor de même que des filaments qui ont un aspect plus métallique. Des arpèges se greffent à ce rythme, ajoutant une délicate portion harmonique qui se balance confortablement dans ce décor méphistophélique. Le mouvement des basses séquences injectent un dynamisme organique à Warps qui semble confortable dans sa notion de rythme flottant. Ainsi est Warps! Ainsi seront les 6 autres compositions de TEMPORAL PARADOXE. Tout se passe au niveau du séquenceur et des lignes de rythme qu'il tisse. Minimaliste et hypnotique avec sa série de 3 ions sautant dans une vision ascendante, Sleeping TG77 sort des haut-parleurs avec une attitude plus vive. Le mouvement ascensionnel du séquenceur est en mode Berlin School alors que la masse sonore qui l'enveloppe et se développe plus lentement que le rythme lorgne pour une vision de Dark Ambient. Mis à part cette opacité croissante, le rythme maintien sa présence en injectant plus de résonnances dans les séquences en parallèles qui se sont détachées du mouvement principal. On reste dans le domaine du rythme ambiant jusqu'à ce que la longue pièce-titre déploie un arsenal rythmique du séquenceur. On oublie le décor, qui est à peu près similaire aux deux premiers titres, pour vivre aux rythmes du séquenceur qui développe une masse d'ions sauteurs, d'ions dribblés et d'ions harmoniques dans un carrefour rythmique qui rencontre nos attentes Berliner Lover. Vitesse et intensité logent à la même adresse jusqu'à la 7ième minute qui impose un pont de transition construit autour de valses morphiques des nappes de synthé aux lamentations lumineuses. Le séquenceur actionne à nouveau sa ligne de rythme, qui est plus hésitante au début, 90 secondes plus loin. Peu à peu, Temporal Paradox reprend ses droits de rythme. Une rythme stationnaire cette fois-ci, mais où se greffe une intensité renouvelée par un amas encore plus compacte au niveau du dribblage des ions. Un changement dans un mouvement qui bouffe carrément notre obsession. Ici, comme dans l'hypnotique Eta Carinae qui nous entraine dans un sublime canon rythmique. Un canon du séquenceur qui fait bondir ses ions dans de longs zigzags magnétisant. Un très belle ligne de basses impulsions y entre et fractionne le mouvement en faisant détacher les ombres de certains ions qui vont tournoyer dans le même sens que ce slalom séquencé magnétisant. Un incontournable dans cet album qui initie possiblement la structure de Stable Wormhole, un autre titre ambiant hypnotique dont l'enveloppe subjugue un peu plus ici qu'ailleurs dans l'album en étant délicieusement portée par un mouvement spiralé du séquenceur. Dimensional Drift est un beau titre ambiant qui me fait irrémédiablement penser à du très bon Steve Roach dans une ambiance plus cosmique. Ça nous amène à Echo Mapping qui exploite une autre figure de rythme ambiant en s'inspirant de Eta Carinae et Stable Wormhole. La version CD vient avec un titre en prime, Tachyon qui appartient à l'album The Omarion Nebula. Une très belle invitation à découvrir cet album avec un mouvement aussi séduisant et animé que la pièce-titre de TEMPORAL PARADOXE. Un album conçu pour les amateurs des rythmes ambiants et séduisants de la Berlin School.
Sylvain Lupari (11/02/21) ***¾**
Disponible au Martin Stürtzer Bandcamp
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