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Writer's pictureSylvain Lupari

MATZUMI: In Mutatio Tempora (2011) (FR)

Un très bon album rafraîchissant qui a été classé deuxième meilleur en 2011 et ce n'était pas pour rien!

1 A long journey-Intro 6:02

2 Step by Step 5:16

3 Heights and Depths 7:28

4 Die Kinder der Erde 5:03

5 Who we Are 6:04

6 Chapters of Life 6:54

7 In Mutatio Tempora 4:59

8 Consolation and Oblivion 8:14

9 Never Alone 8:27

10 The Migration–Outro 5:14

(CD/DDL 63:38)

(EDM, E-Rock, Cinematic)

Un grognement de gong ouvre A long journey- Intro qui glisse immédiatement dans des vapeurs claniques des mille et une nuits avec des ailes de Mellotron qui en enrobent une intro immensément cinématographique. Deuxième coup de gong; et des roulements de tambour battent une mesure d'esclaves égyptiens sous des enveloppes violonées encore plus denses alors que les premiers balbutiements des séquences claquent sous un canevas de chœurs gras qui chantonnent sur une approche emblématique d'un hymne Perse. Après le 3ième coup des gongs, le rythme de A long journey- Intro hoquète d'une phase spasmodique plus électronique et la guitare incisive de F.D. Project étale ses solos grinçants et torsadés sur une structure érodée par des séquences et percussions qui palpitent et trépignent sur un titre plus rock symphonique qu'électronique mais aussi intense que théâtral. Bienvenu dans le voyage astral de Matzumi. Là où les voies lactées croisent les terres imprégnées des poésies des peuples des sables et où la vie s'arrête et reprends ses droits dans les brises astrales des dieux Babyloniens. IN MUTATIO TEMPORA, pour la course du temps, est une œuvre impressionnante qui sort de nulle part. C'est un très bel album où la douce poésie de Kathrin Manz chevauche de belles phases séquencées, des ambiances cosmiques et cinématographiques sur des grosses structures de rock progressif symphoniques. C'est une grosse heure de plaisir qui étonne à chaque fois que l'on insère ce petit disque plat dans notre lecteur!

D'intenses voiles violonés ceinturent l'intro de Step by Step dont les gongs et les brumes éthérées épousent un peu le modèle cinématographique de la pièce d'ouverture. Les gazouillis du synthé, qui se collent aux séquences crépitantes et saccadées, dessinent une structure tourbillonnante qui s'apparente à celle de I Robot d'Alan Parsons. Une structure qui oscille sèchement sur les ailes volantes des violons qui perdent de l’altitude dans des vocalises oniriques, engendrant une fascinante dualité entre ce rythme concassé et les harmonies poétiques qui s'échangent une structure où le rock progressif et symphonique côtoie sans peine une MÉ lourdement séquencée. De délicats arpèges miroitent et psalmodient avec des belles voix d'Éden en ouverture de Heights and Depths. Les couches de synthé oniriques, qui ornent cette introduction éthérée, permutent finement sous les cliquetis des cymbales en ondes réverbérantes alors que d'autres couches de synthé alourdissent l'ambiance qui subit les pulsations d'un bass-drum. Et tranquillement Heights and Depths décolle vers un rythme plus assourdissant où les percussions résonnent et pulsent autour d’une ligne légèrement stroboscopique qui serpente un lit de couches de synthé aux arômes Babyloniennes. Les séquences fusent de toutes parts. Oscillantes et sautillantes d’une approche désordonnée elles moulent un rythme lourd et résonnant qui tempère ses ardeurs sous les suaves vocalises de Matzumi, entraînant la dernière phase de Heights and Depths dans les douceurs oniriques d'un monde pharaonique. Le principe de la force du nombre s'applique aux séquences houleuses qui palpitent d'un rythme lourd et infernal sur Die Kinder der Erde. C'est une très bonne reprise d'un titre que l'on retrouve sur l'album Dying Sun/Scarlet Moon de Nattefrost. Matzumi a participé à cet album et elle reprend ce titre avec une lourdeur infernale que l'on ne se lasse d'entendre et qui démontre que la MÉ peut être carrément endiablé. Who we Are est un titre très émouvant qui débute avec des violons dont les cordes dessinent des larmes qui se perdent dans des brumes violonées. Des notes de piano et des souffles de cors arrachent des soupirs aux âmes blottis dans l'abandon alors que d'autres cordes de violons festoient dans une allégresse contradictoire. C'est un titre très intense doté d'un lourd cachet dramatique qui embrasse une portion plus angélique avec un délicat piano qui fait danser ses notes rêveuses sur une structure vacillant aux portes de la résiliation.

Chapters of Life est un très bon titre dont le rythme lourd et pulsatoire s'excite sur une structure évolutive. Soyeuse, l'intro regorge de brises irisés et d'arpèges chanteurs qui sortent des entrailles d'une bête indomptable. De belles ondes sphériques s'élèvent pour onduler sur une ligne finement saccadée alors que des pulsations martèlent un rythme lourd. Un rythme où le pilonnage tempétueux progresse avec une fine accélération dans son débit alors que les synthés divisent les harmonies avec des lignes gondolantes et d'autres aux effluves toujours imprégnés des vieux contes arabes. Cette influence des danses et rythmes arabiques est au cœur des harmonies de IN MUTATIO TEMPORA. Ainsi, et après une intro éthérée nappée d'ailes de synthé enveloppantes, la pièce-titre offre une structure lourde où le rythme galope sur un bon amalgame de séquences, percussions et de notes de basse pulsatoires. Le rythme vrombit sur les plaines des déserts Perses, cerné par un synthé qui troque ses sonorités cosmiques pour des cordes de violon qui voilent avec la voix de Matzumi. Des violons aux strates à la fois saccadées et mélodieuses caressent la courbe d’un rythme croissant qui est nourri de riffs qui glissent sous les coups d'archets de plus en plus répétés qui structurent une envoûtante approche symphonique. L'union électronique et symphonique qui trempe dans des arômes des peuples des sables se poursuit avec Consolation and Oblivion, un long titre où les lamentations de Kathrin Manz se moulent aux couches morphiques des synthés. Retardataire, le tempo s'émoustille un peu après la 3ième minute avec un mélange de percussions et séquences qui palpitent sous les coups d'archets saccadés. Le canevas rythmique est latent et bref, servant de prétexte pour diviser les ambiances astrales arabiques qui trônent au-dessus de ce titre aux essences de prêtresse poétique issue des vocalises de Matzumi et de ses synthés aux tonalités persiennes. Never Alone embrasse une longue intro angélique où les souffles d'Orion caressent des poussières d'étoiles miroitantes avant que le rythme sec et saccadé s'éveille d'entre les lourdes réverbérations. Comme un galop sur des plaines astrales le rythme tergiverse quant à sa cadence avant d'exploser sous les frappes des percussions qui encadrent des harmonies synthétisées et les vocalises psalmodiées de Matzumi. The Migration -Outro boucle la boucle de ce fascinant voyage musical au cœur des anciennes terres arabiques avec un titre aussi cinématographique et emblématique que son titre introductif, approche crescendo en moins. Un peu comme un long voyage d'une vie qui arrive à son point ultime, concluant un très bel album qui s'est classé deuxième meilleur album de 2011, au niveau national, au dernier Schallwelle Awards.

Sylvain Lupari (27/03/12) ****½*

Disponible chez Matzumi Music

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