“L'art de nuancer les couleurs pour insérer des mouvements lyriques sans strophes”
1 Atmospheric Twilight 45:09
2 Stillness Glow 12:43
3 Dusk Awakes 15:51
(CD/DDL 73:45)
(Deep atmospheric cosmic music)
ATMOSPHERIC TWILIGHT est le 6ième album de l'univers toujours ambiant cosmique et ténébreux de Max Corbacho que je chronique. Et j'en ai aussi écouté plusieurs sans les chroniquer. La question se posait donc à savoir si je devais chroniquer un autre de ses albums qui sont conçus dans cette même zone de confort où le musicien-synthésiste Espagnol se complait depuis des lunes. Depuis que j'ai entendu, par curiosité, Nocturnal Emanations au début des années 2000 en fait. À cette époque je n'étais pas vraiment friand du genre de musique atmosphérique sans vie rythmique. J'ai changé. Mes goûts pour le genre ont évolué au fil des ans, contrairement à la vision de Max Corbacho qui, pour une raison que j'ignore encore, réussit toujours à m'enjôler, à caresser mon âme avec des élans fantômes qui s'ajustent à ce besoin de me retrouver seul avec mes écouteurs à dériver dans un Cosmos remplit de strophes sans mots.
La longue pièce-titre poursuit sur la lancée de Equinox avec des ondes de synthé qui se propulsent sur l'impact de la précédente. La musique dérive ainsi entre le Cosmos et nos oreilles avec cette teinte opaque où le noir laisse filtrer des nuances de mauve et d'orange, donnant ainsi un impressionnant spectacle en sons où les abysses murmurent continuellement leurs charmes chtoniens. Ce spectacle sonore est à la grandeur des 74 minutes de ce ATMOSPHERIC TWILIGHT en passant. Le lent et long mouvement se compare à une masse de vents qui mugissent comme des laves coulant d'un volcan avec leurs couleurs écarlates. Ces vents en suspension échappent de fines lamentations qui gémissent comme des spectres perdus dans l'immensité cosmique, créant cette parfaite balance entre l'atonie du mouvement et ses charmes latents de ces chant qui se lèvent entre les cendres lavées. Un peu plus et nous serions dans les sphères abyssales de la série Immersion de Steve Roach, couleurs et vie tonales en plus. Avec un peu d'imagination, on peut définir aussi ce mouvement comme une méga navette spatiale et son bourdonnement linéaire qui s'échappe de ses sillons enflammés. Mais peu importe où nous situons le décor de Atmospheric Twilight, Max Corbacho fait dériver nos émotions à travers les méandres de notre passé tout au long des 45 minutes du morceau. Le sculpteur de musique méditative américain est le point de comparaison le plus réaliste pour comparer et situer les œuvres ambiantes, et parfois abstraites, du synthésiste de Barcelone. Et un titre comme Stillness Glow cimente à merveille cette comparaison. La différence est le côté cosmique que le musicien-synthésiste apporte aux profondeurs de ses textures atmosphériques, donnant ainsi un relief plus étendu à sa musique. J'aime ce sentiment d'urgence qui se dégage de Stillness Glow avec ces ondes qui se détachent comme des ombres afin d'y ajouter un léger soupçon dramatique. Un très beau titre! Mais j'aime encore mieux le lent mouvement, tout de même assez similaire de Dusk Awakes. Les ambiances, sur un fond de couleur crépusculaire, ont une profondeur encore plus accentuée dans ce titre où des filaments translucides s'échappent et dessinent des arabesques difformes. Et les bourdonnements ont une texture plus musicale ici qu'ailleurs à cause de cette pellicule de grésillements que les entoure.
C'est le charme de la musique cosmique méditative de Max Corbacho! Cet art de nuancer ses couleurs afin d'y insérer des mouvements lyriques sans strophes rayonne de partout dans ATMOSPHERIC TWILIGHT. À bien y penser, tant et aussi longtemps que c'est beau, bien fait et que ça s'apprivoise sans effort, le synthésiste barcelonais fait peut-être bien de rester si ancré que ça dans sa zone de confort…qui devient par ricochet la nôtre!
Sylvain Lupari (26/01/23) *****
Disponible au Max Corbacho Bandcamp
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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