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Writer's pictureSylvain Lupari

METCALF & THOMAS: Medicine Work (2013) (FR)

Si déranger l'esprit captive son intérêt, Medicine Work fait le travail avec l'inexplicable sur des structures de transes ethniques et spirituelles

1 This Way 13:53  

2 A Deeper Descent 15:20  

3 Medicine Work 16:50  

4 Gates of Initiation 8:00  

5 Servants of the Mystery 17:31

(CD/DDL 71:33)

(Ethnic ambient Music)

La musique médicinale! Vous y croyez? Hum…Je ne suis pas certain. Je crois à l'envoûtement par la musique par contre. Si ce n'est pas le cas pour vous, essayez MEDECINE WORK. Mais je dois admettre que la tâche d'apprivoiser ces structures libre de rythmes soutenus est assez ardue. En fait, c'est à travers la lecture que je me suis pris de fascination pour ce dernier opus de Byron Metcalf. Les tam-tams, surtout leurs hymnes de guerre frénétique sur la pièce-titre, m'ont souvent fait sourciller de l'oreille et quitter ma lecture afin de m'y laisser immerger. Et j'ai fini par découvrir un bel album qui à défaut d'être de la graine des Berlin School usuels possède un charme indéniable. Mais bien que ce chic sonique, ça reste difficile de décrire la musique du percussionniste chamanique car malgré les percussions qui tonnent et qui résonnent, les rythmes sont comme invisibles. On sent bel et bien un pattern rythmique incolore qui trépigne et sursaute, sauf que ces rythmes plus tribaux qu'incantatoires, si dessinent une frénésie transique, sont sous le joug de puissants souffles et râles rauques des Didgeridoos de Rob Thomas. Autopsie d'un album aussi déroutant qu'enchanteur.

C'est dans une douceur morphique tiraillée par des ondes sombres, âpres et réverbérantes que s'ouvre This Way. C'est une tempête de souffles rauques, dont les sinuosités patibulaires soulèvent les grelots des percussions du genre rattles et shakers, qui prend possession de notre ouïe alors que de sobres tam-tams érigent un rythme lent. D'autres percussions, des buffalo drum, inondent la passivité d'une structure ambiante qui tranquillement s'agite d'un rythme saccadé, guidé par les souffles hoquetés de Rob Thomas. Loin d'être banale, la musique du duo Metcalf et Thomas respire l'étrangeté des transes claniques et shamaniques. Comme tout œuvre minimaliste, les longues structures servent d'ossature à une panoplie d'instruments qui forgent, sinon agrémentent, les approches autant rythmiques que mélodieuses. Ici, les instruments ne sont que des percussions aborigènes, des didgeridoos et des voix chamaniques qui moulent des rythmes abstraits et des harmonies mystiques, comme le font les synthés. A Deeper Descent prolonge la finale de This Way en plongeant dans une phase ambiante avec des souffles feules et des chants rauques d'un Didgeridoo aux étranges harmonies imprégnées de mystère qui planent comme des vols d'oiseaux dans un désert torride. L'ambiance est lourde et ornée de tonalités organiques que des percussions et des chants chamaniques sculptent avec une étonnante fascination pour les oreilles des profanes. Le rythme soulève l'enveloppe chloroformique vers la 6ième minute avec des lignes de chants saccadés et des tam-tams qui remodèlent les rythmes lents et insoumis de MEDECINE WORK. Les percussions tressent un fin crescendo qui maintiendra une cadence linéaire, tonnant sous une nuée de souffles et de râles chamaniques qui inspirent une intrigante incantation plus près de la sorcellerie aborigeno-médiévale qu'une quête intérieure. On a beau tenter de comprendre la morphologie des titres, de suivre leur définition que l'on s'y perd car notre perception peine à rejoindre celles des auteurs. Mais la musique elle, nous parle. Ainsi la pièce-titre éclate d'une superbe fureur où les tam-tams endiablés bousculent la supposé sérénité du Didgeridoo. On dirait un hymne à la guerre. Une guerre de la médecine contre la maladie? Les paris sont ouverts. Toujours est-il que c'est un titre lourd, explosif, même si le rythme reste toujours statique, où Byron Metcalf étourdit nos sens avec ses tam-tams aussi endiablés que ses rattles et shakers hypnotiques. Puissant et dérangeant. C'est un 17 minutes assez intense. Le rythme lent de Gates of Initiation nous amène dans les lentes incantations tribales et atmosphériques de Steve Roach. Même si les structures s'apparentent, il y a toujours des éléments nouveaux. Ici ce sont les souffles de voix qui attirent l'ouïe et creusent un intérêt auditif. Je disais en ouverture que la pièce-titre m'avait soutirée de ma lecture subjuguante, Servants of the Mystery n'est pas en reste. Le titre déploie ses 17 minutes en suivant un crescendo, tant dans la passion, la fougue du rythme incantatoire que la force des ambiances spirituelles avec un jeu de percussions aussi efficace que dans Medicine Work tandis que Rob Thomas râle des feules qui n'ont rien à envier à des couches de synthé aux arômes Méphistophélique.

Si déranger l'esprit est de captiver son intérêt, MEDECINE WORK fait le travail. Honnêtement, lorsque j'ai demandé pour une promo à Byron Metcalf je n'avais pas beaucoup d'attente. J'avais bien aimé sa collaboration avec Steve Roach dans le très beau Tales from the Ultra Tribe et je voulais faire plus ample connaissance avec son univers des percussions spirituelles. Et je dois admettre que j'ai bien aimé. Plus que je l'aurais imaginé. J'en conviens, ce n'est pas un genre musical qui se dompte aisément. Sauf qu'il y a une fascinante beauté qui se cache derrière les inconfortables souffles des Didge. Que ce soit clanique, spirituelle ou totalement abstraite, la musique médicinale de Byron Metcalf ne laisse pas indifférent. Il s'y cache quelque chose d'inextricable, d’inexplicable derrière ses ardentes percussions acoustiques. Un univers noir qui n'est pas exclusif qu'aux initiés. Déroutant et invitant!

Sylvain Lupari (22/08/13) ***½**

Disponible au Byron Metcalf Bandcamp

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