“100 Million Miles Under the Stars est un gros album de MÉ comme ceux réalisés dans l'oubli des années 70 que je recommande vivement”
1 Memo for Nemo Part I 7:25
2 Memo for Nemo Part II 6:21
3 Cycle of Fire 12:29
4 Paradox Planet 11:30
5 Monokosmos 11:27
6 Waves are Chasing the Wind 13:13
7 100 Million Miles under the Stars 15:32
(CD-R/DDL 77:59)
(Ambient, Berlin School)
Hum…Quelle agréable découverte! C'est à travers un décor sonore et musical magnifiquement enchanteur qu'une première œuvre de Michael Brückner arrive à nos oreilles par le biais d'un important label de MÉ. Michael Brückner est un vétéran de la scène de MÉ d'ambiance plus ou moins sombre. Actif depuis 1992, il a composé et réalisé 99 albums qui sont disponible sur différentes plateformes de téléchargement. Pour son 100ième album, le label SynGate a endossé le pari de faire connaître ce talent caché dans les toiles de l'Internet. 100 MILLION MILES UNDER THE STARS est un superbe album qui révèle toute les splendeurs d'une MÉ qui renoue avec son rôle premier; tisser des rythmes et harmonies cosmiques dans un univers galactique électronique. C'est une très belle collection de 7 titres où les introductions planantes et atmosphériques servent de prétexte à des rythmes ondulatoires moulés dans les néants harmoniques des synthés analogues. Des rythmes qui émergent des abysses cosmiques créés dans des enveloppes de tonalités stellaires à faire rêver la plus aride des imaginations. C'est un coup de cœur. Mon coup de cœur pour 2012 que je m'empresse de partager avec vous.
Des pulsations forgées dans du bois creux lèvent des cerceaux aux contours érodés, comme des pas perdus lèveraient des perdrix égarées, et magnifiquement la faune musicale de cet album s'impose dans nos oreilles avec un voile de brume irisée qui flotte dans les échos des pulsations creuses. Un étrange parfum d'un monde industriel flotte avec des tonalités biscornues qui flânent autour des brumes tissées dans les complaintes de violons chimériques, alors Memo for Nemo Part I égrène ses premières minutes dans un intense bouillon atmosphérique. Un rythme incertain s'installe un peu après la 4ième minute. Nourri de pulsations plus accentuées, dont chaque pouls meurtri le mouvement qui échappe de stridentes lamentations lunaires, et d'un amalgame de percussions-séquences et cymbales papillonnant de nervosité, ce rythme met à jour une violente ligne aux pulsations frénétiques qui fait le pont entre les deux parties. Ce superbe rodéo spasmodique percute un récif atmosphérique et ses éclats tombent dans Memo for Nemo Part II qui s'échappe avec un savoureux mouvement stroboscopique dont les lentes ondulations structurent un down-tempo cosmique où le rythme, toujours incertain, bascule entre une ivresse et une vélocité intermittente, constamment orné d'une séduisante faune sonore électronique-cosmique. Cycle of Fire est une lente procession tribale cosmique. Si l'intro offre des tintements de clochettes sidérales qui sonnent parmi de sinueux et longs souffles se changeant en solos d'un synthé un peu nasillard, le rythme s'agite avec l'arrivée de percussions tribales dont les tams-tams frénétiques sculptent une envoûtante danse onirique. L'irrégularité des rythmes est au cœur des charmes de 100 MILLION MILES UNDER THE STARS, créant un happening musical qui tergiverse dans un cosmos étoilé de sonorités s'apparentant aux poésies galactiques de Tomita et de Vangelis. Et le rythme tribal de Cycle of Fire est tout autant morcelé entre ses tams-tams frénétiques et ses douces ambiances cosmiques qu'un synthé enveloppe d'une douce couche astrale, prenant bien soin des notes de piano éparses qui flottent dans une voie lactée aux mille tonalités stellaires.
Comme d'oblongues pulsations perdues dans un rythme cardiaque ascendant, le rythme de Paradox Planet émerge entre des vents creux pour osciller d'une vélocité hypnotique sur les vallons giratoires d'un mouvement minimaliste qui se fond en une spirale linéaire avant de s'éteindre dans les brises néantisées d'une sombre finale cosmique. Ces rythmes animés par des ondes de synthé qui roulent en boucles sont une des merveilles de cet album. L'autre étant ces profondes ambiances atmosphériques qui bouillonnent et façonnent ces rythmes abstraits dessinés sur des boucles intemporelles. Monokosmos emprunte les mêmes phases que Paradox Planet sauf que les boucles rythmiques sont plus sèches et coulent avec un débit plus accentué. Les flûtes irisées de Waves are Chasing the Wind chantent de leurs souffles acuités sur un rythme plus tribal. L'approche qui s'apparente à une audacieuse danse des vents désertiques, avec des percussions/pulsations chaotiques, embrasse un fougueux rythme dont les colimaçons verticaux forment une cadence un brin désarticulée qui va à l'opposé des envoûtants chants des flûtes éoliennes. La façon dont la pièce-titre se déroule reflète toute la richesse de 100 MILLION MILES UNDER THE STARS avec des ambiances cosmiques riches de tonalités qui scintillent et chantent aux quatre coins de l’univers. Merveilleusement planante et musicalement rêveuse, l'intro flotte dans un bouillon cosmique qui plane tout autour des 7 titres de ce 100ième opus de Michael Brückner. Les vents sidéraux sont riches et chauds. Ils gémissent dans un essaim d'étoiles musicales qui brillent avec toute la richesse des profondeurs inimaginables d'un cosmos à la portée de toute imagination, alors que le rythme s'éveille avec les cliquetis argentés des cerceaux qui se fondent dans leurs anneaux cadencés. Le rythme est tissé dans un fort courant ondulatoire, palpitant de puissance sous les charmes d'une flûte qui n'a plus de secrets pour nos oreilles et d'un synthé qui disperse ses harmonies cosmiques sur un rodéo galactique aux milles ruades spasmodiques, concluant le merveilleux paradoxe d'une poésie cosmique sur sa réalité conceptuelle.
Oui 100 MILLION MILES UNDER THE STARS est une grande œuvre de MÉ, comme il s'en faisait dans l'oubli des années 70 par des artistes tels que Synergy, Jean-Michel Jarre ou Vangelis. Un album que je recommande fortement. Chapeau Michael Brückner!
Sylvain Lupari (25/09/12) *****
Disponible au SynGate Bandcamp
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