“On ne peut pas trouver un meilleur hommage musical à Klaus Schulze que cet album si bien fait que même moi je pensais écouter KS”
CD1 (76:14)
1 Klaustrophilia Part 1(11:08)
2 Klaustrophilia Part 2 (19:01)
3 Klaustrophilia Part 3 (14:05)
4 Klaustrophilia Part 4 (15:08)
5 Klaustrophilia Part 5 (8:54)
6 Klaustrophilia Part 6 (7:57)
CD2 (77:00)
7 Klaustrophilia Part 7 (10:59)
8 Klaustrophilia Part 8 (25:40)
9 Klaustrophilia Part 9 (13:19)
10 Klaustrophilia Part 10 (18:24)
11 Klaustrophilia Part 11 (8:35)
(CD-r/DDL 153:14)
(Berlin School, Prog ambient music)
Composé une musique pour accompagner la sortie d'un livre sur Klaus Schulze! Humm…À qui je demanderais? Michael Brückner? Sans l'ombre d'un doute. Pensez-y bien! Disons que depuis une dizaine d'années…Quel artiste s'est le plus démarqué dans le champs de la MÉ de style Berlin School? Un artiste qui année après année offre un ou des albums où les longs mouvements improvisés, comme à la Belle Époque, sont inondés de solos de synthé. Un artiste qui semble être de tous les projets tout en prêtant sa musique aux habiles mains de Tommy Betzler. Un artiste qui, comme Klaus Schulze, se fendrait en quatre pour satisfaire son public. Le très créatif Michael Brückner répond, et bien au-delà, à ces critères. Et ce méga-album respirant la créativité et le génie audacieux de Klaus Schulze a été conçue dans une de ses tourmentes créatives que le musicien de Mainz connait régulièrement. Imaginé et livré en 2020, dans le courant de 5 gros albums, KLAUSTROPHILIA a d'abord été conçu pour accompagner le livre de Olaf Lux, Violins Don't Grow on Trees - The Life and Work of Klaus Schulze. Le premier jet, comprenant un CD est sorti en novembre 2020. J'ai eu la chance d'avoir une copie, mais je ne savais pas dans quel contexte chroniquer l'album puisqu'il était disponible seulement pour accompagner les ventes du livre. J'en ai fais part à Michael et j'ai cru comprendre qu'il y aurait des nouveaux développements en début 2021. Et voilà que cette édition 2CD-R HQ sort en début février 21. Deux CD pour plus de 2:30 hres de musique sur le même sujet, est-ce trop? J'invite vos yeux à lire ce que mes oreilles ont entendues.
Après une ouverture typique aux longs mouvements de la Berlin School rétro, c'est par des longs mugissements venant du vide que la musicalité de Klaustrophilia Part 1 prend forme. Des nappes gorgées de réverbérations étendent cette ambiance prismatique propre à l'étiquette du genre dont l'essorage laisse passer des filaments grossissant dans les fredonnements de douces voix chtoniennes. Et plus de 110 secondes plus loin, une ligne du séquenceur sculpte une amorce rythmique zigzagant dans des parfums de Tangerine Dream (oui-oui). Minimaliste, ce rythme chancelant arpente des couloirs où les essences de Schulze envahissent peu à peu les ambiances, surtout lorsque les percussions, qui tombent autour de la 5ième minute, refaçonnent Klaustrophilia Part 1 dans un bon rock électronique des années Dreams de KS. Il ne manquent que les souffles de mellotron flûtés, et l'illusion serait parfaite. Klaustrophilia Part 2 fait partie des titres atmosphériques qui peu à peu se dressent en quelque-chose d'agréable à découvrir. Des battements et leurs écho, flânant dans une introduction cousue dans le fil des rêves, croisent des tintements éparpillés. C'est assez pour créer une membrane assez solide pour y installer des solos de synthé qui vont et viennent dans une vision de discrétion entre les mugissements sourds des ondes réverbérantes du synthétiseur. Solos et ondes sordides sont au chœur d'une chorégraphie ambiante avec des formes acrobatiques qui développent une propension aux sortilèges envoûtants avec des tonalités acuités et bourdonnantes. Le rythme ambiant évolue dans une phase de tourmentes sonores lorsque les solos reviennent effectuer des boucles acrobatiques et des sparages pour un autre excellent 4 minutes. Reculé au fond de ses 14 minutes, le rythme de Klaustrophilia Part 2 entreprend une phase lyrique déstabilisante. Je ne perds pas beaucoup de temps à savoir si j'ai bien aimé ou juste aimé ça que Klaustrophilia Part 3 m'amène à un autre niveau avec un rock électronique comme on entend rarement. Un genre tribal chthonien! Excellent titre tout en séquences et en percussions, on dirait que c'est du vrai KS. Il ne manque que la chorale grégorienne! Souvent, un titre de cet ampleur arrive avec son anti-climax. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça! Klaustrophilia Part 4 est cette douche froide. C'est un titre de musique d'ambiances progressive qui s'apprécie en le découpant en segments. On y trouve de bons solos, cette ligne d’oscillations statiques des années 70 et de bonnes percussions qui n'arriveront pas à créer une homogénéité, exception faite de ses 5 dernières minutes où une essence tribale arrive à cimenter le tout en un rock progressif à la mélodie du synthé audacieuse. Ses bruits organiques-électroniques traversent la frontière de Klaustrophilia Part 5 dont l'ouverture quasiment cinématographique à la Vangelis nous plonge dans une longue structure ambiante bien animée par des phases plus intenses, voire dramatiques. Klaustrophilia Part 6 secoue ces ambiances avec un mouvement circulaire du séquenceur qui amène les ambiances à essorer les derniers vestiges de Part 5. Cet appel au rythme persiste et passe entre des bancs de bruine vaporeuse où il reste bien gigotant dans son état statique.
Sur l'édition accompagnant le livre, Klaustrophilia Part 7 était le dernier titre. C'est un titre dont la légère structure hésitante s'extirpe d'une ouverture aux nébuleuses ambiances prismatiques. Il y a de grosses gorges ici qui sont prêtes à avaler ce rythme scintillant comme ce point rouge dans le même schéma rotatoire. Il survit en ajoutant comme en ôtant ces scintillements superflus alors que les ambiances derrières changent de décor, toujours méphistophélique, qui est son sordide compagnon tout au long de ses 11 minutes. Conçu dans le moule de Klaustrophilia Part 2 mais en plus animé, Klaustrophilia Part 8 est sculpté dans un modèle qui agrémente ses changements de peaux. Plus ambiant mais tout aussi vivant, le rythme secoue son ossature spasmodique qui sied bien aux ambiances en place. Le cœur de ce titre est absolument magnifique avec sa structure spasmodique qui se donne un élan pour traverser les 10 prochaines minutes de Klaustrophilia Part 8 dans un solide rock électronique symphonique unique à la signature de KS…oh pardon, de Michael Brückner. Peu importe, c'est un des bons moments de KLAUSTROPHILIA qui est suivi par la chevauchée électronique de Klaustrophilia Part 9. Les percussions font contrepoids à cette structure vivante en la ralentissant de façon à y arrimer un autre mouvement de séquences percussives. Elles dansent et gigotent comme des castagnettes galopantes alors que le synthé domine les espaces avec de bons arrangements tout en injectant de belles boucles harmonieuses qui tournent et tournent dans un décor rythmique aussi vivant que son rythme. Nous arrivons à Klaustrophilia Part 10 et à son rythme bondissant qui devient le lit de ces expériences musicales électroniques que KS aimaient bien introduire et défendre avec la dextérité qu'on lui connait. Ici, c'est MB qui le défend. Il le fait avec moins d'orchestrations et sans couches d'opéras pour prioriser des solos et quelque fois des dialogues électroniques tout autant décapant. De la cacophonie inexplicable et qui devient inexplicablement séduisante au fur et à mesure que l'on découvre ses dimensions sous les jupons de son lit. Klaustrophilia Part 11 se pousse de ces ambiances pour épouser un furieux rock électronique courant à vive allure pour ses 6 premières minutes avec une suite d'oscillations statiques des percussions et du séquenceur. Un clavecin suit cette impulsion rythmique qui monte et descend dans le tumulte de son écho où une douce brise s'y attache pour étendre ses poussières morphiques dans une finale qui est vraiment à l'antipode de cette explosion rythmique que l'on attendait plus…
On ne peut trouver un meilleur hommage musicale à Klaus Schulze qu'avec KLAUSTROPHILIA qui est toute une œuvre que Michael Brückner a composé en hommage au musicien allemand qui l'a fortement influencé concernant son choix de carrière. Et comme toujours il en fait plus que le client en demande avec 153 minutes qui nous transportent dans les meilleurs moments des années 80 ainsi que des petits parfums de Mirage bien insérés à travers les 11 mouvements de cet album où je me suis surpris à penser que j'écoutais Klaus Schulze ici et là.
Sylvain Lupari (19/03/21) *****
Disponible au Michael Brückner Bandcamp
Listen?!?